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107. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la poétique du ballet et de l’opéra »

Aussi la bonne coupe théâtrale d’un poème de cette espèce suppose seule dans son auteur plusieurs talents, et un nombre infini de connaissances acquises, une étude profonde du goût du public, une adresse extrême à placer les contrastes, l’art moins commun encore d’amener les divertissements, de les varier, de les mettre en action ; de la justesse dans le dessein, une grande fécondité d’idées, des notions sur la peinture, sur la mécanique, la danse, et la perspective, et surtout un pressentiment très rare des divers effets, talent qu’on ne trouve jamais que dans les hommes d’une imagination vive et d’un sentiment exquis ; toutes ces choses sont nécessaires pour bien couper un opéra ; peut-être un jour s’en apercevra-t-on, et que cette découverte détruira enfin un préjugé injuste, qui a nui plus qu’on ne pense au progrès de l’art. […] Rebel et Francœur qui en ont fait la musique, ont répandu dans le chant une expression aimable, et dans la plupart des symphonies un ton d’enchantement qui fait illusion : c’est presque partout une musique qui peint, et il n’y a que celle-là qui prouve le talent, et qui mérite des éloges.

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