La danse est en effet un art difficile, et qui ne peut pas être apprécié par tout le monde ; car nous voyons très souvent de mauvais sauteurs « plaire à un public aveuglé par des tours de force, par des gambades et par de ridicules pirouettes » ; tandis qu’un véritable danseur, qui danse en suivant toutes les règles, qui se dessine avec sentiment, avec intelligence, avec grâce, et qui donne de l’âme, de l’expression à ses mouvements, à ses pas, de la souplesse et une délicate légèreté à sa danse en général, ne produit de vives sensations que sur les gens de goût, les seuls (en trop petit nombre malheureusement) qui puissent bien sentir tout ce qu’il vaut. Au théâtre, ainsi qu’ailleurs, le vulgaire ignorant se méprend bien souvent lorsqu’il juge les artistes d’un talent réel ; cependant « Ingiusta lode non è stabil mai, * « E basta un solo per chiarirne cento [traduction] 5. » [6] « L’approbation et les suffrages des hommes qui se distinguent dans les arts, les seuls juges à considérer, doivent servir à perfectionner l’homme à talent, qui ne doit avoir que du mépris pour les louanges que les sots prodiguent au charlatanisme. » Le bandeau de l’ignorance tombe enfin, et le vrai mérite, qui a eu le courage de lutter longtemps contre elle, et de mépriser ses arrêts, finit par être reconnu.