Mais sans entrer dans la discution de ces sentimens, je me contenterai de dire que si on s’en rapporte à l’Ecriture-Sainte, on y trouvera quantité d’éxemples qui peuvent persuader que les Anges sont les Ambassadeurs de Dieu, desquels il se sert quelquefois pour nous annoncer ses volontez sur la terre, par l’usage de la voix ordinaire, ou mélodieuse, comme celle que l’on entendit dans les airs, lors de la naissance de Jésus-Christ, & tant d’autres éxemples dont l’Ecriture est remplie. […] Quoique ces preuves soient fort obscures vû leur antiquité, je vais néanmoins en rapporter quelques-unes qui pourront fortifier cette opinion, sans m’arrêter à celle des anciens Payens, qui attribuent l’origine de la Musique aux faussez Divinitez ou à leurs Législateurs. […] C’est ce que les Anciens ont voulu nous faire entendre, par ce qu’ils ont rapporté des Orphée, Amphion, Marsyas, & de tant d’autres fameux Musiciens dans la premiere antiquité, qui émouvoient des corps insensibles par la douceur de l’harmonie des instrumens. […] Morin, & une chez Madame Gatelier, qui confirment ce que j’en rapporte. […] Mais comme tous les faits que je rapporte de cette présupposée Musique céleste, ou naturelle, ou élémentaire, paroissent les uns miraculeux, & les autres naturels ; je n’entreprendrai pas d’en rien dire de décisif : cette sublime matiere est au-dessus de ma connoissance ; il faut s’en rapporter aux Physiciens & aux sentimens de ceux qui cultivent ces hautes sciences, pour sçavoir ce qu’on en doit croire.