Des habitués tels que : Morny, Paul Daru, Aguado, la Valette, Walewski, Montguyon, Halévy, Denormandie, Rossini, Meyerbeer, Scribe, Auber, etc… établissent une sorte de communication continuelle entre le public et les artistes : beaucoup de ces derniers, à leur tour, font le pont avec les gens du monde, mettent en lumière la pénétration réciproque du corps diplomatico-politique, du corps chantant et cabriolant. […] Nestor Roqueplan affirme qu’il n’y eut jamais de loge infernale à l’Opéra : sauf la loge de l’Empereur et la loge voisine, réservée pour la Maison de celui-ci, sauf les deux loges en face et les deux avant-scènes du rez-de-chaussée, toutes les loges d’avant-scène, prétend-il, étaient occupées par des hommes, et organisées en omnibus, c’est-à-dire partagées entre plusieurs souscripteurs, dont un seul était titulaire : « On n’y a jamais tenu de conciliabules infernaux… J’ai compté, il est vrai, parmi les abonnés d’une de ces loges ; on y put remarquer souvent, au nombre des plus assidus et des plus voyants, Balzac, naïvement heureux de montrer au public la pomme de sa fameuse canne. […] Mais l’infernalité n’était propre ni à notre loge ni à d’autres ; le public n’était pas plus patient que nous. »Roqueplan brouille ici les dates et les époques : il a raison pour le second Empire, son amour du paradoxe l’égare pour l’époque antérieure. […] Voyez, ô public, que de peines on se donne pour vous plaire ! […] Taglioni sait parfumer de grâce, de modestie apparente ses caprices, elle est fantasque entre toutes : si bien que public, adorateurs, ne lui tiennent point rigueur ; en lui fait de telles ovations à l’Opéra, que la reine Marie-Amélie ne peut s’empêcher de remarquer : « Vous voyez que la reine de l’Opéra est mieux accueillie que la reine des Français elle-même. » Que de souvenirs amusants on égrènerait en esquissant Carlotta Grisi, si applaudie dans le ballet de Giselle, inspiré de la légende des Willis ; partisan du cumul, voulant séduire par ses roulades et ses pirouettes, elle récolta ce compliment fourré d’ironie de Th.