Je trouvai dans l’immense bibliolhèque de Garrick tous les ouvrages anciens qui traitent de cet art ; j’appris à la danse muette ; à articuler ; à exprimer les passions et les affections de l’âme ; mes soins et mes succès la placèrent au rang des arts imitateurs ; mais après cinquante années d’études, de recherches, et de travaux ; je me suis apperçu que je n’avois fait que quelques pas dans la carrière, et que je m’étois arrêté là, où les obstacles me parurent insurmontables. […] En admirant l’immensité des chefs-d’oeuvre, que la poésie, la peinture, la sculpture et la musique ont enfantés, je dois regarder le ballet comme le frère cadet de cette illustre et antique famille qui doit son origine à l’imagination et au génie ; elle seule peut prodiguer à ce frère nouveau-né toutes ses richesses ; il y trouvera l’intelligence, le goût, et les graces ; la régularité des belles proportions, le charme et la puissance de l’éxpréssion ; il y trouvera encore, l’art de placer, de distribuer, de groupper les personnages, celui enfin de régler leurs gestes, et leurs attitudes à la mesure plus ou moins grande des sensations qu’ils éprouvent, et des passions qui les agitent.