Il est si naturel, son expression a tant de vérité, ses gestes, sa physionomie & ses regards sont si éloquents & si persuasifs, qu’ils mettent au fait de la Scene ceux mêmes qui n’entendent point l’Anglois ; on le suit sans peine ; il touche dans le Pathétique ; il fait éprouver dans le Tragique les mouvements successifs des passions les plus violentes, & si j’ose m’exprimer ainsi, il arrache les entrailles du Spectateur, il déchire son cœur, il perce son ame, & lui fait répandre des larmes de sang. […] Les difficultés ne sont en droit de plaire que lorsqu’elles se présentent avec les traits du goût & des graces, & qu’elles empruntent enfin cet air noble & aisé, qui dérobant la peine ne laisse voir que la légéreté. […] D’où vient enfin ont-elles l’Art de dérober la peine, de cacher le travail du corps & les impressions désagréables, en substituant à la grimace convulsive qui naît des efforts la finesse de l’expression la plus délicate & la plus rendre ? […] C’est avec peine qu’ils se dessinent agréablement : plus les parties ont d’étendue, plus il est difficile de les arrondir & de les développer avec grace. […] En fait d’Art agréable, on fuit la peine, on craint l’examen, on veut être séduit, n’importe à quel prix.