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26. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Paralele. DE. LA PEINTURE. ET DE. LA POESIE. » pp. 213-269

On sçait encore que ce Peintre ayant un jour laissé tomber un pinceau en faisant le portrait de Charles-Quint, cet Empereur le ramassa ; & que sur le remerciment & l’excuse que Titien lui en faisoit, il dit ces paroles : Titien mérite d’être servi par César. […] On pourroit y ajouter la déclamation, à cause qu’elle est le nerf de la parole, & que sans elle on ne sçauroit bien représenter les mœurs & les actions des hommes, ce qui est cependant la fin de la Poésie ; l’exécution de la Peinture consiste dans le dessein, le coloris, & l’imagination. […] Mais, me dira-t-on, quelque esprit que l’on puisse donner à la Peinture, elle n’exprimera jamais aussi nettement ni aussi fortement que la parole. […] L’on a vu plusieurs Peintres qui ne pouvant donner par le moyen de la parole l’idée de certaines choses qu’il importoit de connoître, se sont servis de simples traits pour les dessiner, sans qu’on pût s’y méprendre. […] Enfin il est de l’essence de la Peinture de parler par les choses, comme il est de l’essence de la Poésie de peindre par les paroles.

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