Le docteur anglais arriva juste au moment où des docteurs français (le médecin qui soignait ma mère avait appelé trois de ses collègues en consultation) venaient de décider de lui donner un soporifique, car elle se mourait d’une pneumonie et rien, disaient-ils, ne pouvait plus la sauver. […] Après dix minutes qui me semblèrent un siècle, tant j’étais désireuse de savoir, il rouvrit les yeux et me dit en allemand : — Non, non, votre mère ne mourra pas : Je sentis ce qu’il disait et compris les mots « mère » et « non ». […] Je perçus que sa parole n’était pas vaine, qu’il disait la vérité et que ma mère n’allait pas mourir. […] Je voyais ma mère étendue morte. […] Elle devait, sans s’être jamais remise, mourir à Paris, en février 1908.