LA quantité de salles de spectacles détruites depuis 20 années par les incendies ; le nombre effrayant de victimes livrées à la fureur des flammes, et mille autres accidens aussi funestes, engagent tous les gouvernemens, à ne jamais permettre qu’un édifice (qui, dans une grande ville est le rendez vous des citoyens pour y jouir du spectacle des arts, et se délasser de leurs travaux) fut construit dans un espace resserré et entouré de maisons ou de palais qui finissent toujours par être incendiés. […] Le théâtre de Louvois construit légèrement à quatre ou cinq toises de l’opéra, tenant à une quantité de maisons mal baties, augmente encore le danger, la rue neuve le Pelletier, déjà fort étroite l’est devenue davantage, depuis qu’on y a élevé une foule de petites maisons construites en bois, et occupées par un grand nombre de locataires ; comment est il possible que des bâtimens aussi inflammables ayent été tolérés sous les yeux d’un gouvernement sage. […] Un théâtre isolé fournit à l’architecte les facilités de multiplier les dégagemens et les sorties ; n’étant point gêné par un espace donné, il peut pratiquer de beaux corridors, de magnifiques escaliers, des galleries extérieures et ne rien négliger enfin de ce qui contribue à la commodité et à la sûreté du public ; distribution, qu’il lui est impossible d’exécuter dans une petite cage resserrée de tous cotés par des maisons. […] Ces maisons appartiennent presqu’en totalité à la nation ; ce sacrifice ne lui coûteroit rien.