De la Danse sacrée des Chrétiens L’Église, en réunissant les fidèles, en leur inspirant un dégoût légitime des vains plaisirs du monde, en les attachant à l’amour seul des biens éternels, cherchait à les remplir, en même temps d’une joie pure dans la célébration des Fêtes qu’elle avait établies, pour leur rappeler les bienfaits d’un Dieu sauveur. […] Les Chrétiens d’ailleurs les plus zélés s’assemblaient la nuit devant la porte des Églises, la veille des grands Jours ; et là, pleins d’une sainte joie, ils formaient des Danses, en chantant des Cantiques, qui rappelaient le Mystère qu’on devait solenniser le lendemain. […] Comme la dissolution et la débauche se glissèrent dans cette Fête établie, pour réunir par des liens de paix et les Païens et les Juifs qui avaient embrassé le Christianisme ; la dissipation et la licence corrompirent de même les Danses des Chrétiens, qui n’avaient été instituées que pour les maintenir dans un esprit de recueillement, de joie pure, et de piété. […] À la fin de chaque Psaume, ils substituaient au Gloria Patri ce verset qu’ils chantaient avec les plus vifs transports de zèle et de joie : San Marceau pregas per nous, et nous espingaren per bous. […] Cette joie simple et naïve, supposait des mœurs douces et sans fard, que nous avons troquées contre un peu d’esprit, et beaucoup de corruption.