Je dirai donc que les Danseurs de corde sont devenus depuis un tems si agréables au Public, par l’embellissement de leurs Jeux & par la propreté de leurs Théâtres, que je suis persuadé qu’on sera bien-aise de sçavoir l’origine de leur établissement : on peut même le regarder comme le premier spectacle public qui ait paru chez les Grecs, puisqu’il étoit en usage bien auparavant les Jeux Olimpiques. […] Pausanias rapporte aussi que les Grecs refuserent d’admettre les Danseurs de corde, aux représentations des Jeux Olimpiques, parce qu’ils n’avoient point d’actions ni de préceptes dans leurs Jeux, qui tendissent à la perfection des mœurs, ni à aucune vertu morale ni physique : leurs Jeux ne consistoient qu’en des exercices violens, & souvent en danger de perdre la vie. […] Il faut que leurs Jeux ayent bien dégénéré depuis ces tems-là, ayant toujours été regardez en France comme un spectacle puérile & convenable à la populace, si ce n’est depuis huit ou dix ans. […] Ceux qui ont lû les Relations des Voyages de la Chine, sçavent que cette nation disloque les membres de leurs enfans, pour leur rendre le corps aussi souple & aussi dispos que celui d’un singe, surtout ceux qui font profession de gagner leur vie aux représentations des Jeux publics. […] Mais il ne daigna pas faire mention des Danseurs de corde, dont les jeux furent regardez depuis comme un spectacle convenable à la populace ; ce qui a duré jusqu’à la fin du siécle précédent, où ils ont rétabli leur réputation à Paris, comme je l’ai rapporté ci-devant.