Il paroît que le mot musique avoit chez les anciens une accéption très étendue et quelle offroit peut-être une idée aussi générale que notre mot harmonie. Nous disons harmonie d’un discours, harmonie sociale, harmonie des cieux, harmonie des couleurs, harmonie d’un morceau d’architecture, etc. […] Je conclus donc que le mot musique chez les anciens, étoit employé métaphoriquement comme notre mot harmonie. […] Le récitatif de l’opéra Italien a sans doute quelque analogie avec la déclamation des anciens ; comme elle, il est sans harmonie ; il n’est ni musique, ni chant, ni langage et provoque le public à l’ennui, et au sommeil. Le récitatif des premiers opéra Français mis en musique par Cambert et par Lully étoit egalement dénué d’harmonie ; il étoit langoureux, sans expression, et en voulant l’orner par de longues cadences, on ajoutoit à son ridicule ; la basse continue en fermoit l’unique accompagnement, et par cette monotonie, on peut aussi comparer ce récitatif à la déclamation des anciens accompagnée d’une seule flûte.