C’est ce qui m’a fait penser qu’il pourroit être utile, avant que d’entrer en matière, de commencer par montrer la vérité, qui, considérée en elle-même, est l’idée que Dieu a de toutes choses ; et le jugement qu’il en porte, doit être la règle souveraine de toutes nos actions et de toute notre conduite ; et non pas les préjugés des hommes, la multitude des mauvais exemples et les coutumes du monde, dont l’esprit est si opposé à celui de J. […] Le poids de la cupidité empêchant l’ame de s’élever jusqu’aux vérités qui déplaisent, pour s’y attacher et en faire sa règle, on s’efforce de les abaisser en quelque sorte jusqu’à soi, et de les faire, pour ainsi dire, tomber dans ses inclinations particulières, toutes déréglées qu’elles sont, et si on manque entièrement de raisons qu’on puisse leur opposer, on a recours aux coutumes du monde et aux exemples de la multitude : comme si l’erreur, pour être devenue commune, changeoit de nature, et comme si la vérité dépendoit du caprice des hommes pour être vérité. […] Toutes ces autorités prises des Ecritures de l’ancien et du nouveau Testament et si multipliées, ne sont-elles pas plus que suffisantes pour nous convaincre qu’on ne peut bien vivre qu’en suivant fidèlement la vérité ; et qu’ainsi c’est elle qui doit être la règle inviolable de toute notre conduite, et non pas les préjugés des hommes, les coutumes du monde, et les mauvais exemples qu’on y voit, quand ils seroient en aussi grand nombre que les grains de sable de la mer ? […] Quiconque n’auroit point d’yeux ni d’oreilles, quiconque pourroit assister à des danses sans y entendre rien, et sans y rien voir des sottises qui s’y passent, et qui au contraire auroit assez de force d’esprit pour n’y être occupé que de Dieu, pourroit innocemment se trouver à la danse, qui est une pierre de scandale à toutes les autres personnes ; encore faudroit-il que cela se pût faire sans désobéir à ses pasteurs légitimes, et sans donner mauvais exemple à son prochain ; mais puisque les paysans n’ont pas cette vertu, puisqu’ils sont pleins de passions, et que les danses servent à animer ces passions et à les rendre plus violentes, puisque ces assemblées ne se terminent jamais sans crime, puisqu’un seul débauché peut inspirer ses mauvais désirs à ceux qui le regardent, et qu’en effet il s’y dit des choses qu’on ne doit pas entendre, et qu’il s’y fait des choses qu’on ne doit pas voir, il est de la prudence des pasteurs de s’opposer à des danses, qui, dans la pratique, sont toujours dangereuses et corrompues, quelles qu’elles soient dans des précisions métaphysiques et dans la spéculation.