Lors que sa discretion luy fera iuger le temps de saluer la compagnie qu’elle reçoit ou qu’elle aborde, il faut qu’elle escarte tant soit peu l’vn des pieds à costé, & d’vn mesme temps glisser doucement l’autre quasi tout ioignant, les pointes ouuertes, lors sans s’arrester que bien peu, ayant les bras negligement estendus sur les costez, elle doit auec le plus de douceur qu’il sera possible plier esgalement les deux genoüils, non en auant comme font plusieurs, qui pour tenir les pointes des pieds closes s’en aquittent assez mal, mais chacun de son costé, & si elle la desire descendre tres-basse & y tenir quand & quand le corps droit & ferme, qu’elle leue doucement les talons en se soutenant sur la pointe des pieds à mesure qu’elle pliera les genoüils, & lors qu’elle l’aura tiree au point qu’elle la voudra faire, faut tout aussi tost luy faire remonter de mesme air qu’elle aura descendu. Mais il faut luy aprendre que selon les occasions elle les doit faire plus ou moins humbles, y obseruant toutes fois vne mediocrité, à fin qu’on ne la puisse blasmer d’affecterie, au reste il est necessaire en la commençant de regarder en face la compagnie, mais pour ne s’esloigner de la modestie, en pliant les genoüils faut faire descendre la veuë auec le corps qu’on releuera en finissant, sans l’arrester à regarder personne fixement en face, pource que cela tient de l’effronterie. […] Premierement apres qu’on aura fait vne reuerence de pied ferme auant qu’aborder vne compagnie, comme il a esté dict cy dessus, il faut selon que les personnes seront placees porter (chemin faisant) vn pas de costé en se tournant vis à vis de ceux qu’on saluë, que si la compagnie est à main droicte, que ce soit du pied gauche, & si à gauche, du droict, & en mesme temps glisser tout à loisir l’autre deuant, & sans s’arrester sur ceste action, apres auoir doucement & bien peu plié les deux genoüils, il faut faire releuer de mesme qu’on aura descendu, en glissant comme insensiblement le pied qui se trouuera derriere, duquel on fera le premier pas pour continuer son chemin ; On doit au surplus faire exercer souuent ceste mesme reuerence sur l’vn & sur l’autre pied, & faire cognoistre qu’il est tres à propos de la faire de ceste sorte en presence de ceux auec lesquels on s’entretient, à fin qu’aux occasions on ne soit pas surpris, & qu’auec vne grace asseuree on puisse s’en acquitter dignement.