En supposant, comme vous l’avancez, que les ouvrages Italiens se succèdent et s’effacent tour à tour, c’est rendre hommage à la fertilité des compositeurs de cette nation, à la fécondité de leur imagination et à la richesse inépuisable de leurs compositions. […] Ne faut-il pas aussi avouer de bonne foi que les compositeurs Italiens, font plus d’opéras en une année que nous n’en faisons en dix ; ils ont vingt théâtres, et nous n’en n’avons qu’un. Les Italiens aiment donc passionnément la musique, puisqu’ils ont une pépinière inépuisable de compositeurs et que cet art étale ses chefs-d’œuvre par toute l’Italie. […] On écoute avec attention les airs de Bravoure, les Duo, les Cantabiles, les Cavatines et les Récitatifs à grand orchestre ; tous ces morceaux ressuscitent l’attention, réveillent l’oreille et l’œil assoupis ; ils sont applaudis avec enthousiasme ; les sonnets imprimés sur du satin, pleuvent de toutes les parties de la salle ; ce sont des brevets d’honneur que l’amour de la musique distribue tantôt aux compositeurs, tantôt aux acteurs, et aux maîtres des ballets. […] Au commencement du règne de Louis XIV. nous étions dans l’enfance de cet art, et sans le goût et le génie de Mazarin, nous n’aurions peut-être ni opéra, ni musiciens, ni compositeurs célèbres.