Si l’on ajoute à ces tableaux effrayans, les entraves perpétuelles, qui ressérrent le génie, qui captivent l’imagination, qui circonscrivent les idées, qui enchaînent la volonté, et qui forcent le peintre, le maître des ballets, le musicien, et souvent le poète, à sacrifier au rétréci du local, les grands effets de leur art ; on sentira qu’une salle construite et placée comme est celle de l’opéra, ne peut qu’exciter des craintes sans cesse renouvellées. […] Je dis donc, que le théâtre actuel est trop petit pour les grandes choses qu’on y donne, et qu’il seroit encore plus petit, pour les plus grandes choses que l’on pourroit y donner ; il faut un cadre plus vaste et propre à recevoir sans gêne, les tableaux de l’imagination et du génie : on me dira peut-être qu’on y représente facilement Psiché, Paris et la Caravane ; que les raisonneurs consultent le maître des ballets, le machiniste et le peintre, ils seront étonnés des difficultés qu’ils ont eu à vaincre, des obstacles qu’ils ont eu à surmonter et des entraves qui s’opposent non seulement à leur goût, mais les forcent souvent à renoncer aux vastes projets qu’ils avoient conçus : ce n’est point une halle que je demande, quatre pieds d’ouverture de plus à l’avant-scène, et dix-huit pieds ajoutés à la profondeur du théâtre, produiroient une étendue suffisante à toutes les grandes compositions ; je vais offrir un seul exemple. […] Dèslors le peintre décorateur, et le maître des ballets peuvent étendre leurs idées et déployer sans obstacles les richesses de leur imagination. […] Je ne dois point oublier de dire qu’il seroit d’une nécessité absolue de pratiquer un foyer beaucoup plus large que celui qui existe aujourd’hui ; la longueur seroit égale à la façade du bâtiment ; on pourroit alors y donner et des concerts et des fêtes, lorsqu’il seroit question d’un nouvel ouvrage, on y répéteroit les opéras et les ballets ; un orchestre et un amphithéâtre élevés à l’autre extrémité de cette salle seroient susceptibles d’un beau décore.