L’Opéra, cette scène vaste que l’on pouvait animer de mouvemens si remplis d’émotions entraînantes, devait surtout fixer l’attention publique. […] La Cour, avec ses habitudes exclusives et ses allures exceptionnelles, n’existait plus ; l’embarrassant patronage de la chambre du roi était tombé ; il fallait lancer, en quelque sorte, l’Opéra dans le domaine de tous ; il fallait y amener la foule ; non pas, comme au temps de la première révolution par des éclats politiques qui effraient le plaisir, mais en continuant le progrès musical commencé, en suivant les traditions de mise en scène et de décors que la Muette de Portici avait léguées, en encourageant le perfectionnement que Taglioni et Perrot avaient tout-à-coup révélé dans la danse, en jetant à pleines mains et partout le luxe et la vérité, en intéressant au succès de l’Opéra tout ce qui concourt au mouvement intellectuel de la société, en bannissant de la salle tout ce qui avait pu effaroucher les susceptibilités bourgeoises et industrielles, en appelant incessamment l’attention du public sur l’Opéra, en choisissant pour l’initier à cette splendeur, à cette pompe et à cette harmonie de tous les arts, les jours qui lui permettaient d’y accourir, en stimulant l’émulation des artistes ; en un mot, en faisant de l’Opéra, théâtre, salle et foyer, le centre de toutes les lumières. […] Le foyer offre surtout un coup d’œil digne d’appeler toute l’attention de l’observateur.