Si dans la Sylphide de la Taglioni l’imagination émigrée se perd dans les brumes d’Ossian, dans les légendes celtes de Walter Scott, ce sont les Contes d’Espagne et d’Italie qui semblent servir d’itinéraire à Fanny dansant Le diable boiteux. […] Le ballet romantique lui apparut sous ses deux espèces, personnifiées par la Taglioni et Fanny jusqu’au jour où Carlotta Grisi vint réaliser l’équilibre, la synthèse suprême. […] » Une fois Fanny partie pour l’Amérique « son critique », comme elle qualifie Gautier dans ses lettres, ne laisse échapper aucune occasion de rappeler la danseuse à la mémoire des Parisiens. […] Quelle est ici la part à faire aux sentiments intimes de l’homme, je l’ignore ; mais en combattant pour Fanny c’est son propre idéal artistique qu’affirme le chef de l’« école plastique », — quitte à restaurer quelques années plus tard dans sa Giselle le type du « ballet blanc » en faveur d’une troisième ballerine. […] Bien différemment, son appréciation de Fanny, qui fut le « double », l’incarnation prodigieuse de la muse de Gautier, sensuelle et plastique, — ne fait que s’approfondir, que s’orner de nouvelles métaphores éblouissantes.