Après un tel exemple, est-il permis de se rassurer sur la multitude des confesseurs qui trompent les ames, ou par ignorance ; ou par une lâche complaisance ; pendant qu’un très-petit nombre plus occupés du soin de plaire à Dieu et de sauver ceux dont ils sont chargés, que de plaire aux hommes, enseignent , à l’exemple de leur divin Maître, la voie de Dieu dans la vérité, sans avoir égard à la condition des personnes ? […] Dieu a permis par un très-juste jugement qu’Achab fût trompé par quatre cents faux prophètes, parce qu’il désiroit de l’être. […] N’étoit-ce pas faire entendre clairement qu’il ne consultoit pas dans une intention sincère de connoître la volonté de Dieu et de la suivre, mais avec un secret désir qu’on lui dît ce qui lui plaisoit et ce qu’il vouloit ? C’est pour le punir de cette mauvaise disposition que Dieu permit au démon d’être un esprit menteur dans la bouche de ces quatre cents prophètes, pour qu’ils le trompassent en lui cachant la vérité qu’il craignoit de voir. […] Ces gens, disent-ils, sont trop sévères ; ils mettent le ciel à trop haut prix : ils sont plus capables de rebuter que d’attirer à Dieu.