Chapitre VII. De la Danse sacrée des Juifs
Après le passage de la Mer Rouge, Moïse et sa Sœur rassemblèrent deux grands Chœurs de Musique, l’un composé d’hommes, et l’autre de femmes. Moïse se mit à la tête du premier ; Marie précédait le second. Ils avaient tous à la main des tambours, et ils chantèrent en dansant, avec les plus vifs transports de reconnaissance, ce beau Cantique que nous lisons dans l’Exode13.
Ces instruments, ces chœurs de Musique rassemblés et arrangés avec tant de promptitude, supposent une habitude du Chant et de la Danse, fort antérieure au moment de l’exécution.
Les Juifs instituèrent dans les suites, plusieurs Fêtes solennelles : la Danse en fit toujours une partie principale. Les Filles de Silo dansaient dans les champs, suivant l’ancien usage, lorsque les jeunes Garçons de la tribu de Benjamin, à qui on les avait refusées, les enlevèrent de force, sur l’avis des Vieillards d’Israël14.
Lorsque la Nation sainte célébrait quelque événement heureux où le bras de Dieu s’était manifesté d’une manière éclatante, les Lévites exécutaient des Danses solennelles, qui étaient toujours composées par le Sacerdoce. C’est dans une de ces circonstances que le Roi David se joignit aux Ministres des autels, et qu’il dansa en présence du peuple Juif, devant l’Arche, depuis la maison d’Obededon [Obed-Édom] jusqu’à la ville de Bethléem.
Cette marche se fit avec sept chœurs de Danseurs, au son des Harpes et de tous les autres Instruments de Musique, en usage chez les Juifs15.
Dans presque tous les Psaumes, on trouve des traces de cette ancienne institution16, et les Interprètes de l’Écriture sont sur ce point d’un sentiment unanime. Je pense, dit un des plus célèbres, qu’on doit entendre dans tous les Psaumes, par les chœurs, dont ils font mention, une troupe d’hommes dansants au son de divers instruments de Musique. Car, je ne crois pas qu’on puisse douter de la multitude des Danses et des Chants en usage chez le peuple Juif 17.
On voit d’ailleurs, dans les Descriptions qui nous restent des Temples de Jérusalem, de Garizim, et d’Alexandrie, qu’une partie de ces Edifices était formée en espèce de théâtre auquel les Juifs avaient donné le nom de Chœur. Cette partie était toujours occupée par le Chant et la Danse, qu’on y exécutait avec la plus grande pompe dans toutes les solennités.
Les Égyptiens étaient le Peuple le plus à portée de saisir tout l’extérieur d’un culte dont l’esprit leur était échappé. C’est en passant par ce premier canal, qu’il s’altéra, et qu’il se répandit bientôt, en achevant de se corrompre, chez tous les autres Peuples de la terre.