(1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — XI » p. 141
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(1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — XI » p. 141

XI

J’admire en riant comme ma solution est de nature à satisfaire tous les amours propres. Les gens de bon sens diront qu’il est bien digne de la métaphysique et de la religion qu’elles se résolvent en art, en musique et en poème : toutes ces fumées sont bien faites pour répondre les unes des autres. Je le crois aussi. La raison géométrique n’a plus rien à faire ici. Où la logique prend fin, que le rêve de la poésie commence. Faut-il l’avouer ? L’amour, tel que l’homme l’a conçu, le cœur, la charité, la musique, l’art enfin ne sont point de la raison ni du bon sens. La musique est métaphysique en son fond. Elle est du temps qui se fait oublier. Grâce à la musique, le temps est l’espace du cœur, ou de l’esprit rendu sensible au cœur par l’émotion. La musique est désormais la véritable expression de la religion et de la philosophie première. En vers ou en prose, le grand poème ne l’est sans doute pas moins ; mais il ne s’adresse qu’au solitaire. La musique seule fait l’assemblée.

Infini ou absolu, Amour enfin, Dieu sensible au cœur, voilà ce que l’art des sons propose à l’homme. Ces divins propos ou ces fantômes n’ont plus de réalité que dans le poème symphonique de la danse. Et grâce à la Muse, nous en aurons fini, une fois pour toutes, avec la querelle rationnelle. Ainsi le ballet est la forme suprême de la métaphysique.