III
La danse est la promesse d’un art, et n’est pas de l’art véritable. La danse formelle doit disparaître. La danse pour la danse n’a pas de sens. Le destin de la danse est d’être enfin la servante de la musique. En musique, comme en tout, c’est le poème qui compte le plus.
Tout tourne en film et en ballet. Film et ballet sont les deux conquêtes de l’art par la plèbe. Le ciné tend à remplacer le drame et la comédie. Le ballet se substitue à la tragédie en vers et au drame lyrique. Il n’y a pas de plus cruel abaissement. Les gestes sont le signe du sauvage. Partout où l’image tient lieu de la parole, la matière évince l’esprit.
Les pauvres multitudes sont ravies de ne point penser, et de n’avoir même pas à faire le moindre effort d’imagination. On leur sert Bérénice sans vers et sans nuances : l’anecdote est tout ce qu’il leur faut. Les foules de l’élite sont à peine moins grossières : des Mille et Une Nuits, on leur fera une galerie de peintures persanes ; et demain, on leur offrira, en guise d’Hamlet, un carton d’estampes anglaises ou chinoises. Le ballet n’est rien de plus que le cinéma des riches.