Chapitre XIV.
De la maniere de faire les bras avec les pas de Sissonne.
Vous ayant donné l’explication la plus facile pour bien faire ce pas, il vous reste celle de sçavoir y mouvoir les bras avec cette douceur qui doit accompagner les pas ; d’autant que ce pas succede à un autre, & que chaque pas a son opposition.
Supposé que vous ayez le pied gauche devant, par consequent le droit se trouve opposé : alors en prenant votre premier mouvement, votre bras droit fait aussi du même tems son mouvement en le prenant de haut en bas, & le gauche dans le moment se tourne en dessous, & se plie en faisant l’opposition au pied droit qui se croise devant le gauche, & sur lequel vous faites un second saut, sans que le bras gauche change son opposition, puisque ce second saut se releve dessus ce pied droit qui est devant ; ce qui fait le contraste du pied au bras.
J’ai dit qu’il se fait d’une autre façon en place, & voici comment ; c’est au premier saut de tomber sur les deux pieds ; au second, vous relever sur le pied de derriere, ce qui ne change point pour cela cette maniere de bras, en ce que le pied droit se trouve devant : ainsi l’opposition y est conforme.
Pour ceux qui se font en tournant, se doit être le bras opposé qui vous fasse tourner, dont vous en trouvez plusieurs dans les danses de Ville : par exemple, dans la Mariée à la fin du premier couplet où il se trouve deux contre-tems, de côté sur le pied droit, le bras gauche opposé qui en s’étendant vous fait faire par son mouvement le demi tour à gauche ; mais comme le pied droit se croise derriere, c’est le bras droit aussi qui se plie, en ce qu’il se trouve opposé au pied gauche qui est devant.
Une regle generale est que pour les pas en tournant, il faut que ce soit le bras du côté que vous voulez tourner qui vous en donne la facilité, parce que par son mouvement il oblige le corps de ce tourner du côté qu’il s’étend.
A l’égard de ceux qui se font en arriere, c’est la même regle que des autres pas qui s’y font ainsi, sçavoir, le même bras, & le même pied.
Je conseillerois volontiers à ceux qui sont curieux de faire les bras avec liberté, lorsqu’ils commencent à les faire, d’exercer aussi plusieurs de ces pas avec les bras, parce qu’outre que ces pas donnent de la legereté au corps, ils donnent aussi aux bras cette liberté.