(1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre I. Discours sur les Bras & sur l’utilité de les sçavoir conduire avec grace. » pp. 195-196
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(1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre I. Discours sur les Bras & sur l’utilité de les sçavoir conduire avec grace. » pp. 195-196

Chapitre I.
Discours sur les Bras & sur l’utilité de les sçavoir conduire avec grace.

Rien n’est plus avantageux à ceux qui ont de l’inclination pour la danse, & de la disposition pour l’executer, que de s’attacher à bien conduire leurs bras : c’est pourquoi ils doivent lire avec beaucoup d’attention les regles que je vais leur prescrire, d’autant qu’ils comprendront plus facilement les leçons de leurs Maîtres & avanceront davantage.

Il est vrai, que le bon Maître sçait les placer à propos selon la construction de l’Ecolier, comme de les faire porter plus haut, si le sujet a la taille courte, & s’il a la taille longue ils doivent estre à la hauteur des hanches ; mais s’il est proportionné, il les tiendra à la hauteur du creux de l’estomac ; Remarque que j’ai sçû d’un des plus habiles de nos jours.

Et de plus chacun sçait que Monsieur de Beauchamp a été un des premiers qui les a mis au jour ; & qu’il en donnoit les regles, & c’est-là ce qui a fait naître le desir à tant de personnes de l’un & de l’autre sexe de s’y exercer, pour y augmenter tous les agrémens qu’ils ont aujourd’hui, & qu’ils n’auroient pas si tous ces excellens sujets n’y eussent donné leurs soins & leurs attentions.

Pour moi, je dirai seulement que je regarde les bras qui accompagnent bien le corps en dansant comme la bordure fait à un Tableau : car si elle n’est faite de façon qu’elle puisse convenir au Tableau, quelque beau qu’il soit, il n’est pas si parent : ainsi quelque bien qu’un Danseur fasse les pas, s’il n’a point les bras doux & gracieux, sa danse ne paroîtra pas animée, & par consequent fera le même effet que le Tableau hors de sa bordure : quelque-uns m’allegueront que c’est un don particulier, je l’avoüe ; mais néanmoins j’espere que je ne laisserai pas de donner des moyens pour les acquerir par une ample & distincte démonstration que j’en ferai dans cette Partie, & qui ne doit pas moins contribuer à l’avancement de la jeunesse, qu’au soulagement des Maîtres ce qui est tout ce que je me suis proposé dans mon Livre.