(1725) Le maître à danser [graphies originales] « A Monseigneur le duc de Rets, pair de France, et capitaine des gardes du corps. » pp. -
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(1725) Le maître à danser [graphies originales] « A Monseigneur le duc de Rets, pair de France, et capitaine des gardes du corps. » pp. -

A Monseigneur le duc de Rets,
pair de France,
et capitaine des gardes du corps.

MONSEIGNEUR,

Je sçai que des Noms comme le vôtre, qui servent de soutien à tout ce que les Sciences & les beaux Arts ont de plus noble & de plus élevé, ne devroient paroître qu’à la tête des plus grands Ouvrages. Aussi ai-je balancé long-tems avant que d’oser prendre la liberté de vous dédier mon Livre.

Ce n’est pas que la Danse, d’abord inventée pour le plaisir, & ensuite employée à l’utilité publique, ne mérite de la consideration. Fille de l’Harmonie, elle est de tout tems entrée pour quelque chose dans l’éducation des hommes. Elle fait partie des exercices du corps qui servent à former la Jeunesse, elle contribuë à la pompe & à la magnificence des Spectacles qui font les délices des Peuples, & quelquefois les amusemens des plus grands Princes.

Notre jeune Monarque n’a pas dédaigné dans ses momens de loisir, d’y faire briller son adresse & sa grace ; c’est-là, Monseigneur, qu’on vous a vû dès vos premieres années charmer toute la Cour, & faire honte à nos plus habiles Maîtres.

Rien ne pourroit mieux assurer la réüssite de cet Ouvrage, que l’approbation d’un Seigneur, qui a executé avec autant d’agrément que d’exactitude, les Regles que nous cherchons à établir.

Oüi, Monseigneur, son succès sera dû à votre seule protection ; & pour vous la demander j’ai recours à cette bonté, qui, avec tant d’autres vertus, est hereditaire dans votre illustre Maison.

Ce seroit ici l’occasion d’en étaler toute la grandeur, de parler de l’éclat de votre Sang, né pour former nos Rois, & de ce haut courage qui en est l’ame : mais il n’est permis qu’à des génies capables de manier adroitement la loüange, de vous en donner une digne de vous, & de raconter toutes les qualitez qui vous font estimer & aimer personnellement de toute la France.

Dans le désir ardent que j’ai toujours eu de vous marquer mon attachement & mon zele, je dois me borner à vous en renouveller les assurances. Je suis avec une très-profonde soumission,

MONSEIGNEUR,
Vôtre très-respectueux Serviteur, Rameau.