Réponse de Voltaire
J’ai lû, Monsieur, votre ouvrage de génie ; mes remerciemens égalent mon estime. Votre titre n’annonce que la danse, et vous donnez de grandes lumières sur tous les arts ; Votre style est aussi éloquent que vos ballets ont d’imagination ; vous me paraissez si supérieur dans votre genre, que je ne suis point du tout étonné que vous ayez essuyé des dégoûts qui vous ont fait porter ailleurs vos talens ; vous êtes auprès d’un Prince qui en sent tout le prix. Une vieillesse trés-imfirme m’a seule empêché d’être témoin de ces magnifiques fêtes, que vous embellissez si singulièrement.
Vous faites trop d’honneur à la Henriade, de vouloir bien prendre le temple de l’Amour pour un de vos sujets ; vous ferez un tableau vivant de ce qui n’est chez moi qu’une foible esquisse. Je crois que votre mérite sera bien senti en Angleterre parce qu’on y aime la nature ; mais ou trouverrez vous des acteurs capables d’exécuter vos idées. Vous êtes un Promelhée ; il faut que vous formiez les hommes, et que vous les animiez.
J’ai l’honneur d’être avec tous les sentimens que vous méritez, etc.