Méthode ou Principes élémentaires sur L’art de la danse pour la ville.
Des dispositions.
I l en est de la danse comme de tous les autres arts : sans être doué d’aucune disposition naturelle, on y réussit encore par un travail opiniâtre. Il suffit de commencer, même sans moyens, et de surmonter les premiers dégoûts, pour devenir ensuite un sujet au moins estimable.
De toutes les dispositions que la nature nous donne pour une étude quelconque, le goût est incontestablement la première. Le goût est un garant infaillible du succès ; avec le goût on se perfectionne ; sans le goût, tout devient insipide, et le plus souvent on se décourage. La justesse de l’oreille est encore un don précieux ; c’est elle qui soutient les mouvemens, les dirige, donne la mesure des tems, et communique à l’exécution sa véritable expression. Il ne suffit pas de marquer la mesure par la fin d’un pas, il faut encore faire ce pas dans le mouvement qui lui convient, et, pour ainsi dire, noter avec les pieds l’expression du chant. C’est l’oreille seule qui peut servir de régulateur en ce point. On a comparé avec raison un danseur sans oreille à un fou qui, n’ayant aucune liaison dans les idées, ne profère que des mots vagues et dénués de sens.
Une heureuse conformation, surtout dans les hanches et les genoux, et une juste élévation dans les coudes-pieds (que je regarde comme les ressorts de la danse, parce que leurs mouvemens soutiennent le corps entier dans son équilibre), sont des dispositions physiques essentielles dans le sujet qui se destine à l’art de la danse. Sans doute il est impossible d’arriver à la perfection, la nature est avare de ses dons ; l’homme parfait dans la structure de son corps, est un phénomène rare. Mais des disproportions trop prononcées s’opposeraient sans cesse, chez le sujet mal conformé, au jeu des ressorts, dont les fonctions consistent à former un ensemble harmonieux ; alors, on ne verrait plus de moelleux dans les mouvemens ; d’élégance dans les attitudes et dans les oppositions ; de proportion dans les déploiemens ; et, par conséquent, plus de fermeté ni d’aplomb. Séduits par le brillant et par la variété des pas, plusieurs élèves s’imaginent que plus ils en exécutent de forts et de difficiles, plus ils annoncent de talent et d’heureuses dispositions. Ils se trompent : ce n’est pas la quantité ni la difficulté, mais la manière dont ils exécutent leurs pas, qui fixe l’attention des connaisseurs. Souvent, tel pas qu’ils auront dédaigné, à cause de sa simplicité, ne pourra être exécuté par eux suivant les principes, qu’après plusieurs mois d’exercice, C’est aux principes qu’il faut s’attacher, et c’est à force d’attention et de patience qu’on pourra en recueillir les fruits. Si les principes sont bons, le goût se formera, se perfectionnera, et l’élève saura s’affranchir de ces contorsions violentes et souvent ridicules, auxquelles se livrent de jeunes danseurs, qui défigurent ainsi les dons de la nature et les beautés de l’art.
Nous ne prétendons pas, toutefois, faire de chaque élève un artiste accompli ; mais l’amour-propre exige qu’on se mette à l’abri du ridicule, en quelque lieu qu’on se présente ; et c’est en s’appuyant sur de bons principes de danse, et seulement après de longues et sérieuses études, qu’on évitera ces manières triviales, fruit de l’ignorance, du mauvais goût et du mauvais ton. Il faut se méfier de ces prétendus maîtres, comme il y en a beaucoup maintenant, qui abusent de l’ignorance où l’on est aujourd’hui sur les vrais principes, pour professer un art dont ils n’ont fait souvent qu’une étude superficielle ; et qui, loin de réprimer ou de corriger vos défauts, ne font que les accroître et les multiplier.
Sans doute, il est facile à un maître de mettre en peu de tems un élève en état de figurer dans un bal ; mais alors il faut renoncer pour jamais à se perfectionner et à se former un bon maintien. Ceux qui annoncent qu’ils peuvent faire un bon élève en peu de tems, sont des ignorans ou des hommes qui consultent plutôt leur intérêt que l’avancement de l’élève. Si ce dernier veut faire des progrès, il faut, comme nous l’avons observé, qu’il étudie avec beaucoup d’attention et de patience, et surtout qu’il n’interrompe pas par de longs intervalles le cours de ses leçons. La persévérance est, en toutes choses, le premier élément et le plus sûr garant du succès.
Du maintien.
On ne saurait faire l’énumération de tous les défauts qui prennent leur source dans un mauvais maintien, et que le tems ne peut détruire. Il importe donc beaucoup de commencer par se former un bon maintien, surtout pour les jeunes personnes, avant qu’elles ne contractent, par imitation, des habitudes vicieuses. La plante du pied est la vraie base sur laquelle porte tout le poids du corps ; mais c’est la ceinture qui renferme réellement l’aplomb et facilite l’exécution de la danse. On ne peut être bon danseur sans être ferme sur ses reins ; si on les abandonne, il est impossible de se soutenir dans une ligne droite ; on risque à chaque instant de perdre le centre de gravité, et l’on ne saurait retrouver son équilibre, qu’après des efforts et des contorsions qui ôtent à la danse tout son agrément. Le danseur, bien assis sur ses hanches, doit montrer sa poitrine à découvert, par l’effacement des épaules et la position de la tête légèrement en arrière. Le menton doit être un peu rentré au-dessous de la mâchoire. Il ne faut point serrer la mâchoire, ni ouvrir les yeux avec force ; ces différentes expressions donnent de la rudesse au visage. Les bras, qui n’acquièrent de l’agilité et de la grâce que par la manière dont les coudes et les poignets sont tournés, doivent toujours être prêts à se porter partout où l’exigera le sens de la danse que l’on exprime. Le visage, miroir fidèle et interprète éloquent des sentimens de l’ame, doit peindre cette douce gaîté qui donne tant de charmes aux réunions des gens bien élevés.
Lorsqu’on danse, la tête suit la direction du corps ; s’il se porte à droite, la tête et l’épaule se présentent toujours au danseur qui est en opposition, en tenant réciproquement la vue fixée vers l’épaule l’un de l’autre. Pour changer le sens de la danse, on tourne la tête légèrement vers l’épaule qui se rapproche et avance un peu vers la tête, pour la présenter également sans mouvoir la ceinture, qui doit être avancée sans que, pour cela, le ventre soit plus saillant.
Les bras doivent être souples et décrire une forme arrondie, peu sensible des coudes légèrement tournés en dessus, et qui présentent la saignée vers le côté ; les poignets tournés en contraste avec les coudes, les mains arrondies des doigts sans être serrées ; le pouce et l’index formant une rondeur qui se présente en dessus, et répondant aux coudes maintenus dans un grand état de souplesse. Dans cette position, les bras présentent un moelleux qu’ils perdent lorsque la saignée est en dessus.
Les cavaliers les tiendront près d’eux en cet état ; les dames tiendront leur robe légèrement du bout des doigts, sous le pouce et l’index, la prenant à portée de leurs mains. Celles qui sont grandes et minces, tiendront les bras un peu avancés et écartés pour orner le corps dans les proportions.
Celles qui sont épaisses les tiendront plus rapprochés afin de ne pas le paraître davantage ; et si le ventre est fort, elles le masqueront en avancant un peu les bras ; si au contraire la ceinture est saillante en arrière, il faut tenir les bras en arrière, mais légèrement, pour ne pas leur donner de roideur.
Si les formes sont égales, il faudra tenir les bras sur les côtés proportionnellement. Ainsi, les bras étant placés comme nous venons de le démontrer, lorsqu’on veut en lever un ou deux, selon que l’exige le sens de la danse, on le soutient près de soi, le coude toujours en dessus ; on le lève à la hauteur de la poitrine sans hausser l’épaule, laissant un peu plier le coude que l’on développe en levant l’avant-bras, pour porter la main tournée en dessus en face de la poitrine, ayant soin de tenir les bras arrondis. Pour baisser le bras, on descend la main en dedans, et le bras descend continuellement à sa place. Pour lever alternativement les deux bras, au premier mouvement que l’un fait pour redescendre, l’autre fait le sien pour se lever à son tour et arriver à la hauteur qui convient, en même tems que l’autre vient en bas reprendre sa place. Pour lever les deux bras à la fois, on suit la même règle que pour un seul ; en les levant, on les soutient près de soi et arrondis. Quand ils sont à la hauteur de la poitrine, pour baisser les bras, les mains rentrent en dedans et les bras descendent à leur place. Ainsi, quand on donne la main, c’est du coude que s’opère le premier mouvement pour lever le bras, ensuite l’avant-bras et la main ; pour baisser le bras, c’est la main qui descend la première, et ensuite le bras continuellement jusqu’à sa place. Lorsqu’on se donne la main, la dame entre la sienne sur celle de son cavalier, qui présente la sienne de manière à la recevoir ainsi. Ces mouvemens doivent être exécutés doucement suivant la mesure, en observant les rapprochemens de tête et d’épaules, qui doivent s’exécuter du côté où l’on porte les bras ; la tête haute, les regards portés réciproquement l’un vers l’autre. Lorsqu’on lève les deux bras à la fois, la tête et les épaules restent de face ; l’art indique et l’amour-propre exécute. N’oublions jamais que ce n’est qu’en observant les règles du maintien, que l’on peut procurer au corps le jeu agréable qui produit le charme de la danse ; ce charme est presque toujours dû à un léger abandon du corps sur différens tems, à des oppositions de tête ou d’épaule faites à propos ; enfin à plusieurs autres mouvemens du ressort de l’art, mais toujours réglés par la décence, sans laquelle on tombe dans tous les défauts du mauvais goût et du mauvais ton.
La danse est au corps ce que la lecture est à l’esprit ; si la lecture est bonne, elle orne l’esprit et le fait briller d’un éclat plus vif que s’il était abandonné à ses seules ressources. Si le genre de danse est conforme aux vrais principes, il donne au corps des avantages que la nature seule ne donne point, et qui nous distinguent des danseurs ordinaires.
Je ne puis terminer un article sur le maintien sans recommander le menuet comme un seul moyen d’acquérir et de conserver le maintien le plus noble et le plus gracieux ; quoique rejeté par presque tous nos danseurs modernes, et même par un grand nombre de professeurs ; les premiers, parce que le menuet est le moins gai de tous les genres de danse ; les seconds, parce que le plus souvent ils en ignorent les élémens, le menuet n’en est pas moins une danse aimable, décente et polie, qui demande un talent particulier ; sa noble et élégante simplicité exige que le sujet qui l’exécute, connaisse à fond les principes de la danse et déploie toutes les grâces du maintien ; la lenteur de son mouvement donne le tems à l’attention d’approfondir les principes d’une manière sûre, et au corps celui de se développer et de se dessiner avec autant de méthode que de goût. C’est là, en un mot, que l’on peut acquérir plus facilement l’aplomb et la précision, qualités sans lesquelles un danseur ne parviendra jamais à un degré remarquable de perfection.
Je finis en signalant aux amateurs le menuet de la cour, comme un morceau d’une composition variée et très-élégante.
Des cinq positions.
La position est ce qui marque les différentes situations des pieds posés à terre. Il y a cinq bonnes positions dans la danse, et cinq fausses. Des cinq bonnes positions, trois sont fermées, et deux ouvertes ; leur écartement est fixé par le maintien du corps, et limite le jeu des pas. Les cinq fausses positions se divisent en régulières ou irrégulières ; elles diffèrent des bonnes en ce que les pointes des pieds sont ou toutes deux en dedans, ou que s’il y en a une en dehors, l’autre est toujours en dedans : elles ne sont guères en usage que dans les pas compliqués, ou qui s’exécutent en tournant, et pour la danse de théâtre. Nous en donnerons un exemple dans la suite, par la démonstration de la walse, comme étant basée sur de fausses positions.
Première position.
Pour marquer cette position, tenez le corps en ligne droite ; joignez les talons, les pieds en dehors, les pointes tournées à droite pour le pied droit, à gauche pour le pied gauche ; de manière que vos deux pieds paraissent sur une seule ligne ; et tenez les genoux tendus.
Seconde position.
Pour marquer cette position, étant placé à la première, les jambes tendues, posez le corps entièrement sur l’une, et sans le mouvoir, glissez l’autre sur la pointe du pied, de côté, sur la ligne directe de la première position : lorsque cette jambe est parvenue au degré de tension qu’elle doit avoir, l’ouverture présentée par cette position doit être de la longueur de votre pied environ, mesure qu’on doit surtout rigoureusement observer, quand on ne peut pas tendre les pointes des pieds.
Troisième position.
Pour marquer cette position, croisez les pieds, le talon de l’un au défaut de l’orteil ou gros doigt de l’autre ; les pieds en dehors, les genoux tendus.
Quatrième position.
Pour marquer cette position, étant à la troisième, observez la même règle que pour la seconde position ; tenez le corps placé sur la jambe qui est derrière, et sans le mouvoir, les genoux tendus, glissez la jambe qui est devant sur la pointe du pied, devant vous, jusqu’à ce qu’elle soit arrivée à son degré de tension ; ce qui la placera à la quatrième position, et vis-à-vis de la troisième.
On suivra la même règle pour marquer cette position en arrière, et comme à la seconde position, pour fixer son écart, si l’on ne peut tendre les pointes.
Cinquième position.
Cette position ne diffère de la troisième qu’en ce que le talon, au lieu de s’arrêter au défaut de l’orteil de l’autre pied, va se joindre à la pointe, et couvre le pied dans toute sa longueur.
On tient les pieds en dehors et les genoux tendus.
De la manière de plier.
Plier et tendre, sont les deux points principaux de la danse ; car dans tous les pas, il faut plier pour les commencer, et tendre pour les finir. Aussi le grand secret du bon danseur est de conserver une flexion continuelle dans l’articulation des genoux et des coudes-pieds, et de paraître très-tendu sans l’être en effet. Ce secret de l’art est l’ouvrage du tems et de l’habitude ; on ne craint plus alors de reprendre les positions vicieuses que l’on pouvait avoir auparavant. Plier produit les liaisons et le moelleux de la danse ; tendre, en fait le développement, et produit la fermeté.
Lorsqu’on se sera assuré des cinq positions, on pliera à chacune d’elles les pieds en dehors le plus possible. Pour faciliter cette étude, on se tiendra légèrement à quelque chose, afin de ne pas rompre le maintien, et de ne pas prendre de force contraire au plié que l’on exécutera des genoux et des coudes-pieds le plus bas possible, sans lever les talons, la ceinture prise sur les hanches avancées, pour maintenir le corps d’aplomb et ouvrir les hanches, afin de contribuer au-dehors, le genoux tournés sur les côtés, et le plus en dehors qu’il sera possible. En se relevant, on s’arrêtera comme sur les pliés, afin de forcer l’exécution, observant que ce mouvement ne produise point de roideur dans aucune des parties du corps.
On exécutera ces pliés, les jambes successivement devant, pour s’habituer à ces différens sens.
Aux positions ouvertes, lorsque le pied que vous aurez glissé y sera arrivé, il faudra que le corps soit placé au milieu, qu’il descende droit sous lui et se hausse de même, afin de plier et de tendre également des deux jambes.
Règle qu’il faut suivre quand on plie les deux pieds à terre.
Du pas que l’on nomme aussi tems de la danse.
Pour former un pas, la jambe sort d’une position, passe à une autre, puis à telle ou telle autre (suivant la complication du pas) pour diriger le corps. Ainsi pour marcher, en restant tendu sur une jambe, l’autre plie un peu, et le genou se porte à une position ouverte où le corps le suit : c’est ce que nous appelons dans la danse le pas marché. Le pas dans la danse dérive de celui de la marche et du sauté, lorsqu’en lâchant le genou pour porter une jambe à une position ouverte (action de marcher), on plie en même tems sur l’autre (action de sauter.) On pourrait dire qu’on marche en sautant, lorsque, pour exécuter un tems, on plie les deux pieds posés à terre (action de sauter). Ce tems n’a rapport à la marche que par l’exécution du plié ; car pour sauter il faut plier les deux genoux à la fois, et forcer ce mouvement. Le pas, qui s’exécute sur place, doit être considéré comme tems de la danse nommé le sauté, parce que le corps n’a point changé de direction.
On appelle également tems ou pas, un enchaînement de plusieurs pas pour figurer dans un sens.
Le tems qui dirige le corps d’un côté ou d’autre, comme en avant, en arrière, à droite, à gauche, doit être considéré comme pas.
Le pas qui s’exécute sur place, comme souvent un balancé dans la contredanse, doit être considéré comme tems de la danse. Un pas ou tems de la danse, comparativement avec la musique, doit aussi être considéré comme tems de la mesure ; puisque, pour remplir une mesure à deux tems ou deux-quatre, mesure dite de contredanse, il faut exécuter deux pas ou tems de la danse ; lesquels, comme ceux de la musique, forment aussi quatre tems, qui sont le plier et le relevé pour chacun de ces deux tems ; ce qui fait que le danseur marque tous les tems de la mesure, tandis que si le musicien frappe la mesure il n’observe que deux tems, le levé et le frappé, et pour imiter le mouvement de la danse, il faudrait qu’il frappât sans interruption ; et par ce moyen il marquerait aussi les tems doublés de la mesure. Enfin, quoique le nombre des pas soit infini, on les réduit néanmoins à cinq, avec lesquels on démontre toutes les différentes figures que la jambe peut faire en marchant ou en dansant. Ces cinq pas sont, le pas droit, le pas ou vert, le pas rond, le pas tortillé et le pas battu.
Presque toutes les formations des pas se réduisent aux actions suivantes : le plié (inflexion des genoux) ; le glissé (action de mouvoir le pied à terre sans la quitter) ; l’élevé (extension des genoux pliés) ; le sauté (action de s’élever en l’air) ; le tourné (action de mouvoir le corps d’un côté ou d’un autre) ; et enfin le retombé (chute du corps forcé par son propre poids).
Des exercices pour acquérir les dispositions.
Les exercices préliminaires étaient autrefois suppléés par des machines connues sous le nom de boîtes, où l’on entrait pour se tourner les pieds en dehors. On s’abandonnait aux souffrances causées par cette machine ; on était alors long-tems à reprendre le maintien du corps que ces douleurs faisaient perdre, et la facilité n’existait plus. On prétendait aussi qu’une chaussure lourde préparait une grande légèreté à l’exécution de la danse. On ne considérait pas la finesse et l’expression qu’elle reçoit des ressorts des coudes-pieds, ressorts dont on doit cultiver le jeu dès le commencement avec grand soin, et qu’une chaussure pesante devrait neutraliser. Ces ressorts se divisent en deux parties, les coudes et les phalanges des doigts. On tend le coude-pied, et on renfle le pied par le moyen des doigts que l’on rentre en dessous. Ce dernier mouvement, qui doit toujours suivre le premier dans son exécution, s’emploie quelquefois seul en certains tems, lorsqu’il n’est nécessaire que de renfler le pied.
Aujourd’hui ce n’est donc plus par un secours artificiel, mais uniquement par des exercices naturels, que l’on provoque chez l’élève les dispositions, et qu’on lui fait contracter l’habitude de les faire valoir avec succès dans l’exécution de la danse.
Des exercices appelés grands battemens.
Pour faire cet exercice, placez vos pieds en troisième position, le corps placé selon l’ordre du maintien ; tenez-vous à quelque chose d’une main et sans roideur : pour soutenir le dehors et l’équilibre, appuyez le corps sur la hanche du côté où vous vous tenez ; et au moyen de l’autre hanche, enlevez la cuisse haut et la serrant en arrière, le genou et le coude-pied tendu tourné en dessus ; puis baissant la cuisse, frappez à la seconde position sur la pointe du pied, en la tirant à terre, pour rentrer la jambe à la troisième position où vous poserez le talon que vous avancerez. – Pour tourner la pointe du pied en arrière, et faciliter cette rentrée, vous tiendrez le genou tendu pour que le talon se pose.
Vous exécuterez ce tems alternativement devant et derrière, et successivement de l’autre jambe.
Cet exercice, qui produit de la facilité dans les hanches du dehors, et de la fermeté, peut en même tems remplacer les battemens des mains pour l’exercice de l’oreille, en frappant chaque battement sur une mesure de contredanse.
Des exercices appelés petits battemens.
Pour faire cet exercice, placez le corps comme pour les grands battemens, les jambes tendues, et à la troisième position, sortez celle du côté opposé à celui où vous vous tenez, en tournant la cuisse, et le genou en dessus pour soutenir le dehors : sortez le talon en avant pour faire tourner la pointe du pied en arrière, ce qui présentera la plante droite vers la terre ; glissez-y la pointe du pied, partant de la troisième position jusqu’à la seconde, où elle arrivera tendue le plus que, vous pourrez ; ensuite retirez-la également à terre pour rentrer à la troisième position, où le talon se posera par le moyen du genou tendu, la ressortant consécutivement, pour la rentrer alternativement devant et derrière.
Exécutez ces battemens des deux jambes ; cet exercice donne du dehors, de la fermeté, et habitue les coudes-pieds à se tendre, à se replier, et donne conséquemment le jeu des ressorts.
Des petits battemens sur une jambe.
Pour faire cet exercice, placez le corps comme pour les autres battemens, vous soutenant d’une main pour soutenir le dehors, les jambes tendues et à la troisième position : sortez la jambe opposée au côté où vous vous tenez ; glissez-la sur la pointe du pied, partant de la troisième position jusqu’à la seconde ; puis y laissant la cuisse fixe, le genou serré et tourné en arrière, pliez ce genou en le lâchant : ce mouvement apportera le pied que vous renflerez (par le moyen des doigts que l’on courbe) au bas de l’autre jambe sur laquelle vous entrerez le talon que vous avancerez pour tourner la pointe en arrière, afin de faciliter cette entrée dessus le coude-pied, ressortant le pied, la pointe à terre, jusqu’à la seconde position, pour rentrer alternativement et consécutivement devant et derrière, et successivement de l’autre jambe.
Cet exercice donne de la souplesse dans les genoux, un jeu particulier dans le pied, et du dehors.
De la manière d’exercer l’oreille.
L’oreille, qui dirige tous les mouvemens de la danse, doit être cultivée dès le commencement. Pour la cultiver avec succès, il est nécessaire de frapper la mesure, en marquant régulièrement les deux tems de lever et frapper, afin de s’accoutumer à la sentir. Il est encore nécessaire de doubler ensuite le frappement pour s’accoutumer à tenir ce mouvement qui est exact, avec celui de l’exécution des tems simples de la danse, et que l’on doit suivre en dansant, dans les mouvemens de contredanse ; et aussitôt que l’on s’est assuré d’un tems ou pas de la danse, il est essentiel d’en régler le mouvement par celui de la musique, en exprimant les tems de sa mesure, et en commençant par des airs simples ; il faut que les tems soient distincts pour aider à l’exécution de ceux de la danse ; que les airs soient variés progressivement, afin d’accoutumer l’oreille à toutes les difficultés qui existent dans la composition des airs nouveaux auxquels on resterait, pour ainsi dire, sourd si on ne s’y était préparé, et l’on romprait alors toute exécution ; ce qui arriverait indubitablement, si l’on apprenait à danser sans les règles de la musique, ou en se bornant à des airs faciles et anciens, qui diffèrent considérablement de la plupart des airs nouveaux pour le genre de composition.
Pour exercer l’oreille et comprendre le tems qui marque la mesure, lorsque l’on n’exécute qu’un tems de la danse à la fois, il faut retomber sur celui de la mesure et observer un silence sur le tems levé ; quand on en exécute deux liés ensemble, alors on observe les deux tems de la mesure, et l’on danse par conséquent sans interruption ; si l’on en exécute trois liés ensemble, il faut que le premier tombe avec la mesure, le second avec le tems levé de la mesure, et le troisième avec le tems frappé de la mesure sur laquelle on arrête, en observant un silence au tems levé de la mesure, pour retomber au premier tems de danse avec la mesure, et ainsi de suite quand on continue à exécuter trois tems de danse ; cette règle est pour faire comprendre aux élèves la différence entre le tems levé et le tems frappé de la mesure, que souvent ils ne distinguent pas.
Abrégé des principes du mouvement 3/4 de la musique dite du menuet.
Ce genre de mouvement, qui n’est pas celui de la joie, est une règle imposée par l’art aux mouvemens naturels, pour les adoucir et leur donner plus de souplesse et de fermeté par la manière de plier et de tendre ; il assure le maintien et facilite l’exécution de la danse dans ses développemens, par l’aplomb et le tems qu’il lui donne.
C’est par un grand nombre d’exercices multipliés dans ce genre, que chaque jour la grande danse acquiert de nouveaux avantages.
Du pas appelé tems de courante.
Pour exécuter ce tems, placez le corps selon l’ordre du maintien ; et, posé sur vos deux jambes, les pieds à la troisième position et en dehors, pliez bas et lentement, en soutenant le dehors, comme il est indiqué à la manière de plier ; relevez-vous dans le même mouvement ; sortez la jambe de derrière sur la pointe du pied à la seconde position, où elle doit arriver tendue en même tems que l’autre sur laquelle le corps est posé ; restez un tems ; ensuite soutenant le genou en dehors à l’aide du talon que vous présentez, ce qui tourne la pointe du pied en arrière, tirez à terre cette pointe du pied en rapprochant la jambe pour la glisser, lâchant un peu le genou à la quatrième position en avant, où elle doit arriver tendue, suivant la manière de marquer cette position ; avancez ensuite le corps ; placez-vous sur cette jambe ; rapprochez consécutivement le pied de derrière à la troisième position, derrière.
Répétez ce tems alternativement des deux jambes.
Pour faire ce tems en arrière, suivez la même règle que pour le faire en avant ; pliez et relevez-vous ; sortez à la seconde position la jambe qui est à la troisième, devant ; arrêtez un tems ; soutenez le dehors ; rapprochez la jambe pour la passer à la quatrième position en arrière ; posez le corps dessus, et rapprochez consécutivement l’autre jambe devant à la troisième position.
Répétez ce tems en arrière alternativement des deux jambes.
Du tems de courante à deux mouvemens.
Le corps placé, les jambes tendues, et à la troisième position pour faire ce tems, suivez la même règle que pour le tems de courante à un mouvement, avec cette différence que, lorsque la jambe que vous aurez sortie de derrière sera, en vous relevant, arrivée à la seconde position, au lieu d’arrêter un tems, le corps se portera consécutivement de ce côté, et se plaçant au milieu, descendra droit sous lui, pour plier également des deux jambes que l’on tiendra tournées (second mouvement), et se relevant, le corps retournera se replacer sur la jambe où il était : celle qui restera de côté, à la seconde position, passera à la quatrième en avant, en observant la manière indiquée pour le tems de courante à un mouvement. Exercer ce tems alternativement des deux jambes en avant, et successivement en arrière, observant également la même règle que pour le tems de courante à un mouvement, avec la différence du second mouvement exécuté à la seconde position.
Ce tems, comme exercice, donne de la souplesse dans les articulations, accoutume à soutenir le dehors et à limiter l’étendue des positions ouvertes ; il protége encore le maintien général du corps et des bras, que l’on observera pour se familiariser avec l’exécution.
Du tems appelé changement de jambe sur les pointes.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les jambes à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, descendez droit sous vous, en pliant lentement bas sans lever les talons ; tenez les genoux tournés à vos côtés ; relevez le corps en tendant et vous haussant sur les pointes des pieds que vous tiendrez tendues le plus possible, sans donner de roideur au maintien ; avancez les deux talons également, pour faciliter le passage de la jambe de devant, derrière, et de celle qui est derrière, devant, avec uniformité de mouvement ; soutenez les coudes-pieds dans leur repliement ; remboîtez-les en troisième position ; posez doucement les talons, et continuez cet exercice : il donne de l’aplomb, de la fermeté dans le coude-pied, l’habitue à plier, à tendre, pour éviter les défauts contraires de rester sur les pointes ou sur les talons en dansant ; ce qui empêche l’élasticité dans l’exécution.
De l’assemblé sur les pointes à la troisième position.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les jambes tendues, et à la troisième position. Pour exécuter ce tems, appuyez le corps entièrement sur la jambe qui est devant ; et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera la jambe qui est derrière, pliez sur celle qui est devant ; levez en même tems sur la pointe le pied qui est posé derrière, ce qui fera lâcher ou plier le genou que vous tiendrez tourné, et développerez en glissant le pied, la pointe à terre sans l’appuyer, jusqu’à la seconde position où la jambe se prolongera et arrivera tendue, en même tems que l’autre arrivera pliée. Pour vous relever, tenez la jambe tendue, tirez-la sur la pointe du pied, pour la rapprocher et l’entrer devant l’autre, qui se trouvera tendue en même tems que celle qui avait été développée arrivera à la troisième position, où vous continuerez de vous hausser sur les pointes des pieds, en les tendant le plus qu’il vous sera possible ; soutenez-vous-y, afin de poser les talons doucement et à volonté.
Continuez ce tems en avant alternativement des deux jambes. Pour l’exécuter en arrière, suivez la même règle que pour l’exécuter en avant ; posez le corps entièrement sur la jambe qui est derrière, bien appuyé sur la hanche, ce qui dégagera le pied qui est devant ; pliez sur la jambe qui est derrière ; levez en même tems sur la pointe le pied qui est devant ; glissez cette pointe jusqu’à la seconde position où elle se prolongera et arrivera tendue ; ramenez-la en vous relevant et continuant de vous hausser sur les pointes, en la rentrant derrière l’autre jambe à la troisième position, où vous poserez doucement les talons.
Cet exercice donne de l’aplomb, de la fermeté dans les hanches et les coudes-pieds, et produit le développement des jambes.
Il est nécessaire de régler le mouvement de ces exercices par celui de la musique, pris dans le sens du menuet ; lequel doit être joué 22 mesures environ à la minute.
Du pas de bourrée dessous, dit pas de menuet exécuté de côté, à la seconde position.
Placez votre corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors, le droit devant ; faites du pied droit un coupé de ce côté à la seconde position, c’est-à-dire pliez les deux jambes et glissez en même tems le pied droit sur la pointe jusqu’à la seconde position, et aussitôt que la jambe sera développée ou tendue, relevez-vous de dessus l’autre, pour vous poser entièrement sur celle que vous avez développée de côté ; pliez aussitôt droit dessous vous, en tirant le pied gauche que vous glisserez sur la pointe, pour l’entrer à la troisième position, derrière l’autre jambe, où elles se trouveront toutes deux pliées en même tems ; puis relevez-vous et haussez-vous sur les pointes et tenez les genoux tendus ; marchez dans cet état, en partant du pied droit, pour le poser à la seconde position de ce côté, et rentrez consécutivement le pied gauche à la troisième position derrière, pour les deux tems du pas de bourrée, et posez les talons.
Exercez cet enchaînement des deux côtés, en observant de donner la valeur à chaque tems, pour lequel vous ferez les deux coupés ou pliés dans le même mouvement, et vous marcherez les deux tems du pas de bourrée d’un mouvement ou de la valeur d’un des deux pliés, pour former les trois tems égaux de la mesure.
Ce pas de bourrée est le même qui se pratique sur la mesure à 2/4, dite de contredanse, comme on le verra dans la suite.
Du pas de bourrée à la quatrième position en avant, dit pas de menuet en traversant.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors, pour faire le pas de bourrée en avant, de quatrième en quatrième position ou le traversé dit du menuet. Pliez les deux jambes à la fois, développez en même tems la jambe droite qui est devant, jusqu’à la quatrième position de ce côté ; ce qu’on appelle coupé ; relevez-vous sur la jambe qui est devant en rapprochant l’autre contre à la première position ; puis pliez une seconde fois, et, en vous relevant, marchez sur les pointes trois tems, partant premièrement du pied gauche, ce qui fera trois tems avec les deux coupés ou pliés pour les trois tems de la mesure.
Ce pas est connu dans la contredanse sous le nom de pas de bourrée couru.
Du mouvement de contredanse 2/4 ou 6/8 de la musique.
Ce mouvement est celui de la joie ; il est sensible à l’oreille par sa vivacité et le nombre pair des tems de la mesure, qui s’accordent avec les tems également pairs de plier, de tendre, pour danser ou sauter.
C’est dans ce mouvement que la danse de ville dans un tems a beaucoup augmenté, en prenant à celle de théâtre plus même qu’un grand nombre d’élèves ne pouvaient exécuter, parce qu’ils ne considéraient pas les longs et pénibles exercices par lesquels on opère les prodiges qu’ils admiraient au théâtre, et parce qu’ils voulaient imiter ces prodiges, sans examiner s’ils avaient les dispositions convenables, suivant les genres d’exécution. Cet amour-propre irréfléchi rendait alors insupportable en eux ce qui était admirable dans d’autres. Cet inconvénient se fait souvent sentir quand plusieurs élèves apprennent ensemble. Celui qui a de faibles dispositions veut imiter celui qui en a de fortes, et avancer aussi rapidement ; d’où il résulte que le sujet inférieur passant trop vite sur ce qui devrait l’arrêter plus long-tems, finit par ne pas savoir ce qu’il aurait su comme l’autre, si, consultant mieux ses dispositions, il s’était affermi dans les principes, en surmontant courageusement l’ennui que nous cause en tout genre l’étude des principes : tel pas que l’on dédaigne particulièrement, produit souvent un bon effet dans la composition.
Les principes de la danse sont comparables à la lecture ; donnons-en un exemple : l’alphabet (le pas) ; épelé (assemblage de plusieurs pas pour les lier ; les mots [enchaînement de plusieurs pas pour remplir un trait] ; lire couramment (l’exécution d’une danse), qui diffère de la lecture en ce que la danse seule ne frappant pas l’ouïe, ses règles sont moins sévères et permettent le changement d’un tems pour un autre, en le soumettant toutefois à la valeur de ceux qui règlent la mesure de la musique.
Leçons abrégées de quelques tems, ou pas sur le mouvement 2/4 ou 6/8 de la musique, mesure dite de contredanse.
Avant de démontrer ces tems, nous ferons remarquer que si nous répétons dans chaque leçon les mêmes observations sur les principes, c’est pour les tenir sans cesse présens à la mémoire et à l’attention des élèves qui les oublient trop souvent, pour s’occuper du jeu des pas qu’on leur montre, et courir à leur exécution.
Du tems nommé changement de jambe, exécuté à la troisième position.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, descendez le corps droit sous vous, en pliant bas des genoux et des coudes-pieds ; enlevez-vous consécutivement sans secousse, passant également les jambes l’une à la place de l’autre par la première position, et en rendant les genoux et les pointes des pieds, de façon que celles-ci se trouvent en ligne perpendiculaire avec les jambes, et près de terre, où elles retomberont par la chute du corps ; posez consécutivement les talons, les pieds à la troisième position en dehors, et serrez les genoux.
Ce tems, comme exercice, donne de l’élévation, habitue à plier et tendre avec vivacité.
De la manière de lier plusieurs changemens de jambe, et de les faire continuement.
Après avoir plié et s’être enlevé, au lieu de rester tendu comme lorsqu’on n’en fait qu’un, en retombant, vous fondrez en pliant les genoux et les coudes-pieds pour vous renlever consécutivement et passer un autre changement de jambe ; retombant, continuez ce tems alternativement des deux jambes.
Ce tems, comme exercice, habitue à tenir un mouvement continu, et exerce les articulations.
De la manière d’exécuter le changement de jambe par l’élasticité des coudes-pieds.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, enlevez-vous pour changer de jambe, en tendant les pointes des pieds pour qu’elles restent posées à terre ; et retombant, vous poserez les talons que vous renleverez consécutivement pour faire un second changement de jambe ; continuez ce mouvement des coudes-pieds continuement, en changeant de jambe chaque fois que vous vous enleverez ; lâchez un peu les genoux pour aider à l’élasticité ; avancez les talons pour tourner les pointes des pieds en arrière, et tenez les genoux tournés à vos côtés, pour donner plus de facilité à remboîter les pieds à la troisième position et en dehors.
Cet exercice de changement de jambe, exécuté par un mouvement continu de tendre et replier les coudes-pieds, donne du moelleux, de la justesse à l’élévation par l’élasticité des coudes-pieds qu’ils reçoivent en même tems.
Du tems ou pas que l’on nomme assemblé, et exécuté à la troisième position.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, posez le corps entièrement sur la jambe qui est devant, et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera le pied qui est derrière ; pliez la jambe qui est devant ; levez en même tems sur la pointe le pied qui est derrière, ce qui fera lâcher ou plier le genou 3 que vous aurez soin de tenir tourné à votre côté ; développez ce genou en glissant le pied, la pointe près la terre, sans y être posée, jusqu’à la seconde position où il se prolongera à cause du plié de l’autre jambe, et celle qui a été développée à la seconde position, y arrivera tendue en même tems que l’autre arrivera pliée. Pour finir ce pas, enlevez-vous en amenant en même tems la jambe qui est tendue, pour la rentrer devant à la troisième position, où elles se trouveront toutes deux également tendues ; retombez sur les pointes ; posez consécutivement les talons que vous sortirez en avant, pour remboîter plus facilement les pieds et tourner les pointes de côté ; tenez les genoux tendus.
Exécutez ce tems alternativement des deux jambes.
Pour l’exécuter dessous ou derrière, suivez la même que pour l’exécuter devant ; placez le corps entièrement sur la jambe de derrière, ce qui dégagera celle qui est devant ; pliez la jambe qui est derrière ; levez en même tems le pied qui est devant sur la pointe, que vous glisserez près la terre, sans y être posée, à la seconde position où elle se prolongera à cause du plié de l’autre jambe. Cette jambe, développée à la seconde position, doit y arriver entièrement tendue en même tems que l’autre arrivera pliée ; sur laquelle vous vous enleverez ; et rapprochant en même tems l’autre jambe pour l’entrer derrière à la troisième position où vous retomberez sur les pointes, vous poserez consécutivement les talons, et vous tiendrez les genoux tendus. Exécutez ce tems alternativement des deux jambes.
Ce tems, comme exercice, donne de l’aplomb et habitue les jambes à se développer.
Du pas ou tems appelé jeté, exécuté à la troisième position.
Ce pas dérive entièrement de l’assemblé à la troisième position : pour l’exécuter, suivez la même règle que pour l’assemblé, le corps placé selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors ; posez le corps entièrement sur la jambe qui est devant, et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera le pied de derrière ; pliez la jambe qui est devant ; levez en même tems le pied qui est derrière sur la pointe, ce qui fera plier le genou que vous tiendrez tourné à votre côté ; vous le développerez en glissant le pied de côté à la seconde position, la pointe près la terre, sans y être posé ; ensuite enlevez-vous ; et au lieu de retomber sur les deux pieds comme pour l’assemblé, vous retomberez seulement sur celui que vous ramenerez devant, et vous releverez en même tems l’autre pied qui est derrière, contre le bas de la jambe de devant ; la pointe du pied qui est relevée, doit être basse près la terre, sans y être posée : vous tiendrez le genou tourné à votre côté pour soutenir le dehors ; le pied relevé dans cette position se trouvera dégagé ; vous le glisserez, la pointe basse de côté, à la seconde position, pliant en même tems la jambe qui est devant, et vous vous enleverez pour répéter ce tems alternativement des deux jambes. Pour le faire dessous ou derrière, suivez la même règle que pour le faire devant ; posez le corps entièrement sur la jambe qui est derrière, ce qui dégagera celle qui est devant ; pliez la jambe qui est derrière ; levez en même tems le pied qui est devant sur la pointe, que vous glisserez à la seconde position, pour développer la jambe qui y arrivera entièrement tendue en même tems que l’autre cessera de plier ; ensuite enlevez-vous en ramenant la jambe qui est développée ; la tenant tendue, vous l’entrerez derrière l’autre à la troisième position ; et tombant dessus, vous releverez en même tems le pied qui est devant le talon, au-dessus du coude-pied de celui sur lequel vous êtes retombé : vous tiendrez le pied relevé près le bas de la jambe, la pointe basse près la terre, sans y être posée, le genou tourné à votre côté, et les pieds en dehors : dans cette position, le pied étant relevé se trouve dégagé ; glissez-le à côté de vous à la seconde position, en pliant en même tems sur l’autre jambe ; enlevez-vous ensuite pour répéter ce tems alternativement des deux jambes.
Ce tems, exécuté sur une jambe, sert de liaison dans la composition des enchaînemens de pas.
De la manière de lier le jeté, l’assemblé et le changement de jambe.
Le corps placé, les pieds à la troisième position et en dehors, pliez pour faire le jeté, en retombant, fondez, pliez pour vous renlever et faire consécutivement l’assemblé ; et retombant, fondez, encore plié, pour vous renlever et faire le changement de jambe ; ce qui produira un mouvement continu de plier et tendre durant cette exécution.
Du pas que l’on nomme chassé, exécuté en avant de quatrième position.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour faire ce pas, avancez le pied qui est devant à la quatrième position ; puis avancez aussi le corps ; placez-le au milieu des deux jambes pour les plier également : aussitôt que vous aurez plié, enlevez-vous droit, et en même tems rapprochez la jambe qui est derrière, pour qu’elle vienne toucher celle de devant, afin de tomber à sa place en la chassant plus loin à la quatrième position, où elle se posera consécutivement.
Vous exercerez ce tems des deux jambes.
De la manière de lier le chassé en avant avec le jeté et l’assemblé.
Pour lier ces trois tems, aussitôt que vous aurez chassé la jambe qui est devant, avancez le corps, posez-le entièrement dessus et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera le pied de derrière que vous leverez sur la pointe ; et soutenant le genou en dehors, vous le développerez de côté en pliant en même tems l’autre jambe qui est devant ; ensuite vous vous enleverez pour faire le jeté devant, et consécutivement l’assemblé devant de l’autre jambe, et à la troisième position, observant de donner la valeur qui est indiquée pour chacun des tems.
Vous exécuterez cet enchaînement continuement et successivement de l’autre jambe.
Du chassé en arrière de quatrième en quatrième position.
Placez le corps, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce pas en arrière, vous suivrez la même règle que pour le faire en avant ; reculez la jambe qui est derrière à la quatrième position ; puis reculez aussi le corps que vous placerez au milieu des deux jambes, afin de les plier également des deux jambes ; et aussitôt que vous aurez plié, vous vous enleverez droit, en même tems vous reculerez la jambe qui est devant pour qu’elle touche l’autre, afin de retomber à sa place en la chassant plus loin à la quatrième position, où elle se posera consécutivement.
Vous exercerez ce tems des deux jambes.
De la manière de lier le chassé en arrière avec le jeté et l’assemblé.
Pour lier ces trois tems, vous suivrez la même règle que pour les lier en avant. Lorsque vous aurez chassé la jambe en arrière, vous poserez le corps entièrement dessus et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera le pied qui est devant, que vous leverez sur la pointe, et soutenant le genou en dehors, vous le développerez de côté à la seconde position, en pliant en même tems la jambe qui est derrière : aussitôt que vous serez plié, vous vous enleverez pour rentrer le jeté derrière, et consécutivement l’assemblé aussi derrière à la troisième position, observant de donner à chaque tems la valeur qui lui est due.
Vous exercerez ce tems des deux jambes.
De la manière de faire le chassé de côté de seconde en seconde position.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce pas de côté, suivez la même règle que pour le faire en avant ; dégagez le pied qui est devant ; posez-le à la seconde position ; puis soutenant le corps de face, vous le placerez au milieu des deux jambes, afin de les plier également : aussitôt que vous aurez plié, enlevez-vous droit, et en même tems rapprochez la jambe qui est restée en place, afin qu’elle vienne entrer dessous l’autre, la toucher pour retomber à sa place, en la chassant plus loin à la seconde position, où elle se posera consécutivement.
Vous exercerez ce pas des deux jambes.
De la manière de lier le chassé de côté avec le jeté et l’assemblé.
Pour lier ces trois tems, lorsque vous aurez chassé la jambe de côté de seconde en seconde position, vous poserez le corps entièrement dessus et d’aplomb sur la hanche, ce qui dégagera le pied qui est resté de côté, où il se prolongera par l’effet du plié de la jambe qui est sous vous ; et après avoir plié, vous vous enleverez en ramenant la jambe qui est tendue, pour la rentrer et faire le jeté devant, et consécutivement l’assemblé de l’autre jambe aussi devant et à la troisième position, observant de donner à chaque tems la valeur qui lui est due.
Vous exercerez cet enchaînement des deux jambes.
Du tems appelé sissone, et exécuté simple.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, pliez également des deux jambes ; aussitôt que vous aurez plié, enlevez-vous, et retombant sur une jambe, vous détacherez l’autre pour la porter de côté à la seconde position ; où elle restera tendue en dehors, la pointe du pied basse près la terre, sans y être posé. On exécute cette sissone également à la quatrième position.
Vous exécuterez ce tems des deux jambes.
De la manière de lier la sissone simple, exécutée à la seconde position avec l’assemblé à la troisième.
Pour lier ces deux tems, après avoir plié et vous être enlevé pour faire la sissone, en retombant, vous fondrez en pliant la jambe sur laquelle vous êtes posé, ce qui fera prolonger à la seconde position l’autre que vous aurez sortie de derrière ; tenez-la tendue, ensuite enlevez-vous en la rapprochant, pour la rentrer devant l’autre jambe et l’assembler à la troisième position ; retombant, fondez, encore plié, pour enlever consécutivement la sissone de l’autre jambe, et répéter ce tems que vous exécuterez continuement et alternativement des deux jambes.
Pour exécuter ce tems en arrière, suivez la même règle que pour l’exécuter devant, après avoir plié et enlevé sissone de la jambe de devant ; en retombant vous fondrez plié, ce qui prolongera à la seconde position la jambe que vous aurez sortie de devant ; la tenant tendue, vous vous enleverez pour la rentrer et l’assembler derrière l’autre à la troisième position ; retombant, vous fondrez, encore plié, pour vous renlever et répéter ce tems de l’autre jambe.
Vous continuerez cette exécution alternativement des deux jambes. Ce tems de sissone, lié avec l’assemblé par un mouvement continu de plier et tendre, donne de la souplesse dans les articulations, et de la justesse à l’élévation.
Cette sissone s’exécute en principes comme toutes les autres sissones qui en dérivent, en tendant la jambe ; elle prend le nom de sissone, de celui du sissonnement de la jambe, qui signifie tendre la jambe ; la sissone qu’on nomme sissone tendue, prend le nom de tendue parce qu’elle se prend en effet tendue, c’est-à-dire sans plier, seulement par le mouvement du coude-pied et d’un lâchement de genou de la jambe sur laquelle on est posé.
Même tems de sissone, rapporté dessous ou dessus le coude-pied.
Placez le corps, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, pliez et enlevez-vous comme pour le faire à la seconde position, et en retombant, au lieu de sortir la jambe à la seconde position : si c’est la jambe de derrière, vous la plierez, ou retirerez le genou, ce qui relevera le pied derrière le bas de l’autre jambe : si c’est celle de devant, vous retirerez également le genou pour relever le pied devant près la jambe, le talon au-dessus du coude de l’autre pied, la pointe basse près la terre, sans y être posée ; vous tiendrez le genou tourné à votre côté.
On prend aussi de la jambe qui est devant cette sissone, pour l’exécuter dessous. Pour cet effet, après avoir plié, enlevez-vous, et en même tems passez la jambe qui est devant par la première position ; pour la rentrer et relever le pied dessous et près le bas de l’autre jambe ; vous tiendrez la pointe du pied basse près la terre, sans y être posée, et le genou tourné à votre côté.
Ce tems de sissone exécuté ainsi, est pour donner plus d’agrément à sa liaison avec les autres tems dans la composition des enchaînemens des pas.
Du pas ou tems de sissone exécuté double.
Placez votre corps selon la règle pour le maintien ; les pieds en dehors et à la troisième position ; pour commencer ce tems, suivez la même règle que pour la sissone simple, avec cette différence que la sissone double se prend ordinairement de la jambe qui est devant : pliez, enlevez-vous, les deux pieds étant posés à terre, et retombez alors sur celui qui est derrière, en sortant la jambe de devant de côté, à la seconde position, en la tenant tendue et la pointe du pied basse, sans être posée à terre. Aussitôt que cette jambe aura été écartée à la seconde position, rentrez-la devant l’autre à la troisième position, sans faire aucun mouvement de plié ni de sauté, et sortez consécutivement la jambe qui est derrière de côté, a la seconde position, pour marquer de l’autre jambe le second tems double de la sissone. Pour continuer cette sissone double alternativement d’une jambe et de l’autre, faites un assemblé à la troisième position devant, de la jambe dont vous avez marqué le second tems de la sissone double ; pliez, enlevez-vous, et en retombant, sortez cette même jambe qui a fait l’assemblé, rentrez-la de suite devant l’autre, pour faire la sissone dessus ou devant, sortez consécutivement celle qui est derrière, pour marquer le second tems de la sissone doublée ; continuez ce tems en commençant par l’assemblé, et de suite la sissone double, le tout durant une mesure.
Pour exécuter cette sissone double dessous ou derrière, suivez la même règle que pour la faire dessus ; faites toujours l’assemblé devant, enlevez la sissone de la même jambe, pour marquer le premier tems, aussitôt qu’elle aura été écartée à la seconde position ; rentrez-la alors dessous ou derrière l’autre jambe, que vous sortirez également du même tems, pour marquer le second tems de la sissone double. Pour continuer cette sissone dessous ou derrière, faites toujours l’assemblé devant, et de la même jambe qui fera l’assemblé, faites le premier tems de la sissone et le second de l’autre jambe également. Ces deux tems doublés, pour être de la valeur de la sissone simple, doivent être exécutés promptement.
Du pas ou tems que l’on nomme échappé, exécuté sur place.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, pliez bas et enlevez-vous ; retombant, vous écarterez également les jambes, de manière que les pieds se trouvent placés à la seconde position ; vous tiendrez les pieds et les genoux en dehors ; ensuite pour rassembler les pieds, pliez et enlevez-vous en les rapprochant et les rentrant à la troisième position.
Pour les exécuter coutinuement avec l’assemblé, lorsque vous retomberez échappé, fondez en pliant pour renlever consécutivement l’assemblé ; et retombant assemblé, fondez, encore plié, pour continuer ce tems, en rentrant les jambes alternativement l’une devant l’autre.
De la manière d’exécuter l’échappé d’une seule jambe.
Placez le corps, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, pliez, enlevez-vous, et retombant, vous échapperez une jambe de l’autre, et la porterez à une position ouverte, soit à la seconde ou à la quatrième, devant ou derrière.
Du tems appelé tems levé.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, posez le corps entièrement sur la jambe qui est derrière ; levez le pied de devant sur la pointe, ce qui fera lâcher le genou que vous tiendrez tourné à votre côté ; développez et levez cette jambe devant vous, en pliant en même tems celle qui est derrière, sur laquelle vous retomberez après vous être enlevé ; vous tiendrez celle de devant levée, tendue et tournée.
Pour exécuter ce tems à la seconde position, placez vos pieds à la troisième position ; tenez votre corps de face, afin qu’il ne tourne pas du côté où vous leverez la jambe, ce qui ferait tourner en dedans celle opposée ; ensuite, pour faire ce tems, suivez la même règle que pour le faire en avant ; placez le corps entièrement sur la jambe qui est derrière ; levez le pied de devant sur la pointe, ce qui fera plier un peu le genou que vous tiendrez tourné à votre côté ; ensuite développez et levez cette jambe de côté vers la seconde position, en pliant en même tems sur celle qui est derrière, où vous retomberez après vous être enlevé ; vous tiendrez l’autre jambe à côté de vous à la seconde position, levée, tournée et tendue.
Ce tems qui finit la jambe levée, on la pose consécutivement à la seconde ou quatrième position, selon le côté où elle est dirigée, lorsque ce tems est suivi d’un autre, observant de ne point avancer le corps avant que le pied soit posé à la position, afin de ne point l’outre-passer ; (règle pour fixer l’étendue des positions ouvertes par le maintien du corps.)
Vous exercerez ce tems des deux jambes.
Du pas que l’on nomme glissade, et exécuté à la seconde position.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter ce tems, posez le corps entièrement sur la jambe qui est derrière ; levez le pied de devant sur la pointe, ce qui fera lâcher ou plier le genou que vous tiendrez tourné et développerez de côté, en pliant en même tems l’autre jambe sur laquelle vous vous enleverez, et poussant la pointe du pied à terre, pour renvoyer le corps qui ira tomber sur la jambe que vous avez développée à la seconde position ; et la jambe restée de côté, vous la rapprocherez en glissant le pied la pointe à terre, pour rentrer consécutivement la jambe derrière l’autre, et à la troisième position.
Ce tems rentré en glissant, la pointe du pied à terre, est celui qui donne le nom de glissade dessous quand il rentre derrière, et dessus, quand il rentre devant : il n’a point de valeur par lui-même, parce qu’il s’est opéré avec précipitation, en rentrant derrière la jambe qui avait été jetée de côté à la seconde position.
De la manière de lier plusieurs glissades dessous et dessus.
Placez le corps selon l’ordre du maintien, les pieds à la troisième position et en dehors. Pour exécuter cet enchaînement, partant à droite, vous ferez une glissade dessous ; retombant, vous fondrez en pliant et développant la jambe qui est devant ; vous vous enleverez pour faire une seconde glissade exécutée dessus ; retombant, vous fondrez plié, en développant alors la jambe qui est derrière, et vous vous enleverez pour exécuter la troisième glissade, et dessous ; et retombant, vous fondrez, encore plié, en développant en même tems la jambe qui est devant, et vous vous enleverez en la rentrant derrière, faisant le jeté à la troisième position : le pied gauche étant relevé, se trouve degagé pour répéter cet enchaînement à gauche ; et au lieu de faire le jeté à la fin, vous ferez l’assemblé pour terminer cet enchaînement que vous exécuterez de droite et de gauche continuement.
Du pas ou tems qu’on nomme jeté à la quatrième position.
Placez votre corps selon l’ordre du maintien, les pieds en dehors et à la troisième position. Pour exécuter ce tems, pliez les deux jambes ; développez en même tems ou continuement celle qui est devant vers la quatrième position de ce côté ; ensuite enlevez-vous et retombez sur la jambe que vous avez développée devant, et tenez celle qui est derrière levée à la quatrième position de ce côté, le genou en dehors et la pointe du pied tendue.
Autre manière de faire le jeté devant à la quatrième position.
Pour exécuter ce tems, pliez et développez aussitôt la jambe qui est devant vers la quatrième position de ce côté, non en la levant comme pour l’autre jeté, mais en la glissant près la terre, sans y poser le pied, quoique la pointe doive être tendue, ou comme en la coulant près la terre. Lorsqu’elle sera développée, enlevez-vous et retombez dessus, et tenez l’autre jambe relevée derrière, comme pour le jeté précédent.
Ce jeté s’exécute d’une autre manière encore ; pliez et développez la jambe de devant comme il est indiqué ci-dessus, mais alors, en vous enlevant, passez en même tems la jambe qui est derrière vers la quatrième position devant, en sorte qu’elle y soit arrivée quand vous retomberez ; et vous la tiendrez levée selon la manière des jetés. Pour donner du moelleux et plus d’agrément à l’exécution de ce pas, lorsque vous passez la jambe qui est derrière, tenez-la bien en dehors, pliez ou lâchez un peu le genou, que vous tiendrez tourné de côté, rentrez en même tems le pied au-dessus du coude de l’autre pied, et soutenez-le en le laissant aller à la quatrième position devant, où vous tiendrez la jambe tendue et levée.
De la manière de faire le jeté à la quatrième position en arrière.
Pour exécuter le jeté à la quatrième position en arrière, suivez la même règle que pour le faire en avant ; pliez, développez en même tems la jambe qui est derrière vers la quatrième position de ce côté ; ensuite, enlevez-vous pour aller retomber dessus la jambe que vous avez développée en arrière, et passez en même tems l’autre jambe de manière à ce qu’elle soit passée quand vous retomberez, et vous la tiendrez levée derrière à la quatrième position, le genou plié en dehors et la pointe du pied tendue.
Du pas ou tems de balonné, exécuté dessus le coude-pied.
Placez votre corps selon l’ordre du maintien ; les pieds à la troisième position et en dehors pour exécuter le balonné sur le coude-pied. Pliez et développez en même tems la jambe qui est devant, vers la quatrième position de ce côté ; ensuite enlevez-vous et rapportez en même tems la jambe que vous avez développée contre l’autre, en entrant le pied au-dessus du coude de l’autre pied, près le bas de la jambe, et tenez le genou tourné à côté de vous.
Pour lier plusieurs balonnés ensemble, faites un balonné du pied droit en avançant un peu ; faites ensuite un jeté à la quatrième position en avant, en passant la jambe qui est derrière, et, de cette jambe qui doit être la gauche, faites un balonné dessus le coude-pied droit ; faites de la jambe gauche un jeté à la quatrième position devant, en passant en même tems celle qui est dessous ; et revenant à la jambe droite, faites un balonné de cette jambe, toujours en avançant un peu ; faites aussi un jeté à la quatrième position devant, en passant toujours en même tems la jambe qui est dessous ou derrière ; puis de la jambe gauche qui doit être devant, faites une glissade dessous à la quatrième position devant, par une fausse position, c’est-à-dire, rentrez le pied en dedans, pour faire la glissade devant vous, et tournez le corps en même tems de manière à ce que, lorsque vous serez retombé, les pieds se retrouvent dans une position naturelle, et que vous ayez la face tournée vers le côté où vous présentiez le dos, suivant la manière de traverser dans la contredanse ; et, pour terminer cet enchaînement, faites de la jambe gauche l’assemblé derrière la droite. Cet enchaînement, qui s’exécute durant quatre mesures, peut servir de traversé dans la contredanse.
Répétez et continuez cet enchaînement, en traversant et en retraversant. Ce tems de balonné donne de la souplesse dans les articulations et un mouvement (dit de balon) agréable à la danse, quand il est bien exécuté.
Du même tems de balonné, dit de balonné double.
Pour exécuter le balonné double, suivez la même règle que pour le faire simple, avec cette différence que vous exécuterez deux tems doubles pour un simple. A cet effet, il faut moins plier ; resserrer les tems, les faire vite, en frappant légèrement les deux petits tems de balonné contre le bas de la jambe sur laquelle vous êtes posé, et au-dessus du coude-pied. Faites ensuite le jeté simple à la quatrième position devant, en passant également la jambe qui est dessous ou derrière ; continuez et terminez cet enchaînement de la même manière que pour le balonné simple, et durant quatre mesures, en observant toujours qu’il faut avoir le genou tourné à côté de soi, le pied également en dehors et renflé, comme il est démontré pour cette manière.
Du pas de bourrée doublé, exécuté dessous ou dessus pour la mesure à deux tems, dite de contredanse.
Placez votre corps selon l’ordre du maintien ; les pieds à la troisième position et en dehors pour exécuter le pas de bourrée dessous ; pliez et lâchez ou développez en même tems la jambe qui est devant jusqu’à la seconde position de côté ; puis relevez-vous en ramenant cette jambe qui est développée, pour la rentrer derrière l’autre à la troisième position, où elles se trouveront également tendues ; soutenez-les tendues et haussez-vous sur les pointes : dans cet état, marchez deux petits pas bien resserrés et de côté, partant du pied qui est devant ; entrez consécutivement l’autre à la troisième position derrière, et posez les talons. Continuez ce tems alternativement d’une jambe et de l’autre, commençant toujours par celle qui est devant, pour la développer et la rentrer derrière l’autre. Pour faire ce pas de bourrée en mesure, il en faut faire deux pour une mesure ; et pour y arriver aussitôt que vous aurez plié, développez une jambe à la seconde position, et en vous relevant, rentrez cette jambe derrière l’autre, en comptant un tems, puis un second, du pied qui est devant, en l’écartant un peu de côté ; rentrez l’autre encore une fois derrière, pour le troisième tems dessous, et posez les talons. Ces trois tems de pas de bourrée doublé doivent être exécutés de la valeur du plié et du relevé qui les précèdent.
Pour faire le pas de bourrée dessus, suivez la même règle ; pliez, développez une jambe à la seconde position, et en vous relevant, rentrez-la à la troisième position devant l’autre, que vous lâcherez aussitôt de côté, pour marcher le second pas ; et rapportez encore la jambe ou le pied qui a fait le premier, pour marquer le troisième tems, en le mettant devant l’autre à la troisième position.
Pour faire le pas de bourrée dessous et dessus du même tems, après avoir entré un pied derrière l’autre, et que de cet autre pied vous aurez exécuté le second tems, mettez celui qui est entré derrière en premier devant l’autre pied, pour marquer ou faire le troisième tems et dessus.
Pour le faire, au contraire, dessus et dessous, faites le premier tems devant ou dessus, le second toujours de côté, et le troisième alors dessous ou derrière.
Autres manières de prendre ou commencer le pas de bourrée dessous ou dessus.
Pour bien exécuter ce pas, il faut s’y préparer par un tems quelconque ; soit, comme on l’a vu plus haut, en dégageant une jambe de côté à la seconde position, soit en la dégageant à la quatrième position, en avant ou en arrière. On peut encore s’y préparer par un jeté à la quatrième position, pour aller en avant ou par un jeté à la seconde position, pour aller de côté, ou par une sissone exécutée à une position ouverte, ou enfin par tout autre tems qui vous placera sur une jambe à une position ouverte.
Du pas ou tems qu’on nomme tems de cuisse, exécuté à la troisième position dessous ou dessus.
Placez votre corps selon la règle pour le maintien ; les pieds à la troisième position et en dehors ; pliez, développez en même tems la jambe qui est devant de côté, à la seconde position ; puis enlevez-vous droit sur place ; ramenez en même tems la jambe que vous avez développée pour la frapper ou la battre de la cuisse contre l’autre, et de la pointe du pied à terre à la troisième position, derrière l’autre jambe, pour le tems de cuisse dessous, ou devant pour le tems de cuisse dessus. Laissez ressortir votre jambe en la tenant toujours tendue et en la soutenant, quand elle ressort, par suite du choc qu’elle a éprouvé en battant contre l’autre ; et aussitôt que vous serez retombé, posez les talons ou tombez, pliez pour faire en vous relevant un second tems de cuisse de l’autre jambe, et ainsi de suite d’une jambe et de l’autre ; en pliant et en vous enlevant continuellement, pour faire plusieurs tems de cuisse de suite, en frappant une cuisse contre l’autre, toujours au moment où vous vous enlevez sur place, sans aller de côté ; et tombez en tenant les jambes tendues quand vous voulez cesser le tems de cuisse.
Du tems de cuisse, exécuté à la première position.
Le tems de cuisse à la première position s’exécute par le même mouvement à la troisième position ; avec cette différence que, pour le tems de cuisse à la troisième position, le mouvement ou le tems se trouve assujetti d’une cuisse contre l’autre ; et que pour le tems de cuisse exécuté à la première position, le mouvement ou le tems n’est assujetti sur rien, puisqu’une cuisse opère son mouvement, en passant contre l’autre à la première position, et non en la croisant avec l’autre cuisse à la troisième position, comme un tems de cuisse exécuté à cette position.
Ainsi pour exécuter le tems de cuisse à la première position, faites un tems préparatoire, soit un jeté à la quatrième position devant, ou une sissone de la jambe qui est derrière ; ou lâchez simplement la jambe qui est derrière à la quatrième position de ce côté, en pliant en même tems, ce qui vous placera entièrement sur la jambe de devant, laquelle doit être pliée et l’autre relevée derrière à la quatrième position, le genou un peu plié et bien en dehors. Dans cette attitude, faites un mouvement de la cuisse de derrière, en partant de la hanche comme pour lui faire prendre un élan en la dirigeant un peu de côté ; puis enlevez-vous, et de cet élan faites en même tems le mouvement ou le tems de la cuisse, passant contre l’autre à la première position, à laquelle vous retiendrez le mouvement de votre cuisse, comme si elle y rencontrait quelque chose contre laquelle elle heurterait et qui lui ferait éprouver un bondissement un peu en arrière, en la soutenant dans ce bondissement ; ramenez-la, et continuez de la passer simplement à la quatrième position devant vous, où vous la tiendrez levée, tendue et en dehors et le corps toujours bien d’aplomb dessus l’autre jambe sur laquelle vous vous êtes enlevé, ayant eu soin de ne point quitter la place dans cette exécution.
Du tems de cuisse à la première position, exécuté simplement comme sous le nom de pas de zéphyre.
Pour exécuter ce tems ou pas, suivez la même règle que pour le tems de cuisse à la première position, avec la seule différence que vous passerez une cuisse contre l’autre, sans opérer le mouvement comme pour le battre.
Du pas ou tems appelé demi-contretems, exécuté dessous ou dessus à la troisième position et sur les deux jambes.
Placez votre corps selon l’ordre du maintien ; les pieds à la troisième position et en dehors. Faites un tems préparatoire comme un tems levé, ou dégagez simplement un pied vers une position ouverte. Pliez également des deux jambes en plaçant le corps au milieu ; enlevez-vous, et en même tems ramenez la jambe qui est derrière en la tenant bien en dehors et en la tirant sur la pointe du pied pour la serrer derrière l’autre au moment que vous êtes enlevé, de manière que, par la pression des deux jambes, celle qui est venue se serrer derrière l’autre, ressorte comme par un bondissement du choc qu’elle a éprouvé par la résistance de l’autre jambe. Vous la soutiendrez dans ce bondissement, et vous la passerez devant l’autre à la troisième position, où vous retomberez en même tems sur les pointes, et vous poserez consécutivement les talons.
Pour faire le demi-contretems dessus, suivez la même règle que pour l’exécuter dessous, avec cette différence que vous ferez le tems préparatoire vers la quatrième position derrière. Ensuite pliez également des deux jambes en plaçant le corps au milieu, enlevez-vous et rapprochez en même tems la jambe qui est devant en la tenant bien en dehors et en la tirant sur la pointe du pied, comme si vous ramassiez quelque chose (ainsi qu’il se dit ramasser), et la serrez alors devant l’autre pour le demi-contretems dessus : laissez-la ressortir également comme pour un bondissement qu’occasionne la résistance de l’autre jambe. Soutenez la jambe dans son bondissement, et passez-la derrière l’autre à la troisième position, où vous retomberez tendu. Exécutez ce demi-contretems dessous et dessus, et alternativement des deux jambes.
Du pas ou tems qu’on nomme brisé dessus et à trois tems.
Pour faire ce pas, les pieds étant à la troisième position, pliez et développez en même tems une jambe à une position ouverte. Si c’est la seconde, enlevez-vous en allant de ce côté et en même tems battez ou serrez la jambe que vous avez développée devant ou dessus l’autre, qui résistera à ce choc ; celle qui aura battu dessus ou devant l’autre, passe et retombe derrière en même tems que l’autre retombe devant et à la troisième position. Pour faire le brisé sur une jambe, retenez le pied de celle qui est rentrée derrière ; relevez de ce côté près le bas de l’autre jambe, sur laquelle vous retomberez alors entièrement.
Quand on veut marquez simplement le tems du brisé dessus, on suit la même marche que pour le battre, avec la seule différence que l’on rentre la jambe derrière l’autre sans la battre dessus.
Du brisé dessous, exécuté à la quatrième position.
Pour exécuter ce tems, pliez et développez en même tems la jambe qui est derrière vers la quatrième position de ce côté. Ensuite enlevez-vous en allant de ce même côté, pour retomber dessus la jambe qui y a été développée, laquelle se serrera ou battra derrière ou dessous l’autre qui est devant, et par la pression des deux jambes, celle qui était derrière passe et retombe devant l’autre à la troisième position, conjointement pour le brisé exécuté sur les deux jambes, ou sur celle qui a passé devant pour le brisé exécuté sur une jambe, en retenant le pied de l’autre jambe relevé derrière et près le bas de celle sur laquelle vous êtes retombé.
Quand on veut marquer le brisé dessous simplement, on suit la même règle que pour le battre, avec la seule différence qu’une jambe passe derrière l’autre sans battre. On retombe également sur les deux pieds pour le brisé exécuté sur les deux jambes, ou sur celle qui passe devant pour le brisé sur une jambe, tenant l’autre relevée derrière comme au brisé sur une jambe, pour la développer ensuite quand on veut continuer ce tems en arrière.
De l’entrechat (entrer chaque tems).
L’entrechat s’exécute de deux manières différentes par le nombre ; l’entrechat du nombre pair et celui du nombre impair. L’entrechat du nombre pair se prend où commencent les pieds étant à une position fermée, telle que la troisième : l’entrechat impair, au contraire, se prend à une position ouverte, et par cette raison perd un tems. Les tems de l’entrechat se comptent par les positions ; on passe les jambes en les battant ; le nombre n’en est point déterminé ; il se détermine suivant la force ou la vigueur de celui qui l’exécute : il peut varier le nombre jusqu’à son degré de force, mais ne peut le multiplier au-delà. C’est par la pression des deux jambes ensemble, plus ou moins forte et soutenue au moment que l’on s’enlève, que se multiplie le nombre de l’entrechat, lequel doit être exécuté quand on retombe.
Pour faire l’entrechat à trois du nombre impair et qui est le plus simple, si vos pieds sont à la troisième position, qui est une position fermée, prenez-en une ouverte comme la seconde, en faisant un échappé, fondez ou tombez ; pliez sur l’échappé à la seconde position ; enlevez-vous consécutivement, en croisant les deux jambes ensemble à la troisième position, et serrez-les avec une force proportionnée, de manière à ce que la jambe qui aura entré ou battu derrière passe devant, où elle se trouvera placée quand vous serez retombé ; et que celle qui a battu devant, soit passée alors derrière. Par cet exemple, on voit que les jambes étant écartées à la seconde position, elles sont entrées pour battre l’entrechat ; premièrement à la troisième position en se croisant, et que pour changer de position, c’est-à-dire, une jambe prenant la place de l’autre, il a fallu pour passer l’une devant et l’autre derrière, qu’elles passassent toutes deux à la première position ; les talons proche l’un de l’autre pour retomber à la troisième ; qu’en serrant encore avec plus de force, les deux jambes seraient repassées par la première position pour reprendre la troisième où elles avaient battu premièrement, et l’entrechat eût été à cinq.
De l’ entrechat à quatre ou nombre pair, pris ou commencé à une position fermée.
Pour faire l’entrechat à quatre, les pieds étant à la troisième position, pliez bas, enlevez-vous consécutivement en croisant ou en battant en même tems la jambe qui est devant, derrière l’autre, et en battant celle qui était derrière devant celle qui était devant, en proportionnant la pression de manière à ce que les jambes reprennent la place où elles étaient quand vous avez commencé.
Par cet exemple on voit que l’entrechat, pris ou commencé, les jambes étant placées à une position fermée, est du nombre pair ; puisque celle qui était à la troisième position devant, a passé par la première pour le premier tems ; qu’elle est entrée à la troisième position derrière l’autre jambe pour le second tems, et qu’elle a repassé par la première pour le troisième tems, en venant reprendre la troisième position où elle était en commençant, et marquer le quatrième tems de même que l’autre jambe qui a contribué à cette exécution, en observant les mêmes tems ; et que si par une pression plus forte, elle eût passé encore une fois à la première position, puis à la troisième, une jambe prenant la place de l’autre, l’entrechat eût été à six.
De l’ entrechat du nombre impair, exécuté sur une jambe.
Pour exécuter un entrechat du nombre impair sur une seule jambe, faites un tems préparatoire, soit en lâchant simplement une jambe à la quatrième position devant ou derrière, ou un jeté à la quatrième devant, ou même une sissone dessous ou derrière. Dans cette position, vous aurez le corps entièrement posé sur la jambe de devant, et l’autre sera relevée derrière à la quatrième position ; étant dans cet état, enlevez-vous droit sur la jambe de devant, ramenez ou rapprochez celle qui est derrière en tirant la pointe du pied légèrement à terre, et serrez ou battez cette jambe derrière l’autre pour le premier tems de l’entrechat dessous ; puis, passant à la première pour le second, à la troisième devant pour le troisième tems ; et si vous voulez le faire à cinq, repassez encore à la première pour le quatrième tems, et rentrez à la troisième position derrière pour le cinquième, où vous retomberez sur les deux pieds pour l’entrechat sur les deux jambes ou sur une jambe ; pour l’entrechat exécuté sur une jambe en relevant l’autre à la quatrième position derrière ou devant, suivant celle sur laquelle vous serez retombé.
Pour faire ou exécuter cet entrechat à cinq dessus, suivez la même règle que pour le faire dessous, avec cette différence que si le tems préparatoire est une sissone, il faut qu’elle soit exécutée devant à la quatrième position, ce qui vous placera entièrement sur la jambe de derrière : étant dans cet état, enlevez-vous dessus la jambe sur laquelle vous êtes placé, et ramenez ou rapprochez en même tems celle qui est devant en tirant légèrement le pied, la pointe à terre pour serrer ou battre cette jambe avec l’autre, et devant à la troisième position pour le premier tems de l’entrechat, et ainsi de suite jusqu’à cinq, et alors la jambe qui était devant s’y retrouvera ; vous retomberez sur les deux jambes à la troisième position, pour l’entrechat exécuté sur les deux jambes, ou sur une pour l’entrechat exécuté sur une jambe ; l’autre alors à la quatrième.
L’entrechat, pris fermé ou pair, s’exécute également sur une jambe, c’est-à-dire en retombant sur une seule jambe, et en retenant l’autre relevée d’un côté ou d’un autre, suivant que l’exige le pas que l’on doit exécuter à la suite de cet entrechat qui, étant fait de cette manière, devient un tems préparatoire à un autre.
Les tems du brisé, dont nous avons parlé ou que nous avons démontrés plus haut, se comptent et se multiplient de la même manière que pour l’entrechat : leur exécution diffère en ce que l’entrechat s’exécute sous soi ou sur place, et que pour le brisé le corps se porte d’un côté ou d’un autre, suivant la position vers laquelle le brisé est dirigé.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur les tems battus, qui d’ailleurs conviennent peu à la danse de ville, par la trop grande pratique et les exercices continus qu’ils exigent pour parvenir à une exécution douce, agréable et parfaite des tems qui naissent de la force ou de la vigueur. Il faut, pour que des tems battus soient agréables, bien plier pour les commencer, et bien tendre surtout les coudes-pieds, qu’il faut éloigner de terre le moins possible, en ne s’enlevant pas trop haut dans le moment de l’exécution ; bien serrer les jambes dans cette exécution qui s’opère en l’air ; ne point abandonner cette tension dans cet instant, et jusqu’à ce que l’on soit retombé, sans quoi les tems cesseraient d’entrer ou de passer, ce qu’il faut observer avec soin ; bien entrer chaque tems (entrechat entrer chaque tems), ne point prendre de force au-delà de la ceinture, c’est-à-dire qu’elle ne soit que dans les jambes et dans les reins, et non dans aucune autre partie du corps. Voilà la plus grande difficulté à laquelle peu de danseurs arrivent avec succès, et surtout un danseur de ville dont l’étude et les exercices pour la danse sont presque toujours insuffisans.
Leçon sur la valse.
La valse étant basée sur de fausses positions, comme nous l’avons dit à l’article des positions, nous en donnons ici un exemple pour démontrer l’emploi de ces fausses positions, qui servent de base pour l’exécution des pas en tournant, mais qui reviennent toujours après aux positions naturelles dont elles dérivent.
La valse se compose de deux pas, chacun de trois tems pour une mesure, qui se compose aussi de trois tems, suivant les règles de la musique. Chacun de ces deux pas forme un demi-tour de valse, durant une mesure ; les deux pas forment alors un tour entier, exécuté durant deux mesures. Ces deux pas diffèrent l’un de l’autre de manière à s’emboîter l’un dans l’autre dans leur exécution, et pour éviter que les pieds du cavalier et ceux de la dame se rencontrent en valsant ; de façon que lorsque le cavalier exécute un de ces deux pas, la dame exécute l’autre ; et que le cavalier et la dame exécutent chacun alternativement l’un et l’autre de ces deux pas, comme on le verra à la suite par leur démonstration.
Pour exécuter un des deux pas de valse, placez vos pieds à la troisième position, le droit devant ; avancez le pied droit naturellement sans le mettre en dehors pour le poser à la quatrième position devant (premier tems) ; puis avancez de suite le pied gauche en le tournant de la pointe en dedans, pour le poser en cet état en travers à la quatrième position devant l’autre pied, que vous leverez de suite en tournant en même tems le corps pour qu’il se trouve tourné d’un demi-tour quand vous aurez posé le pied à la quatrième devant (second tems) ; et le pied que vous avez levé en posant ce dernier, posez-le alors à la troisième position devant l’autre, en le plaçant en dehors pour reprendre sa position naturelle et faire le troisième tems. Ce pas exécuté ainsi, en faisant un demi-tour, vous placera la face tournée vers le côté où vous présentiez le dos.
Pour exécuter le second pas et faire en même tems le second demi-tour pour un tour entier de valse, sortez votre pied gauche de côté, en tournant la pointe en dedans, et pour le poser à la seconde position en tournant en même tems le corps, suivant la direction que prend le pied (premier tems) ; mettez le pied droit derrière le pied gauche, et toujours en continuant de tourner le corps (second tems) ; ensuite passez le pied gauche devant vous en tournant la pointe en dedans et le corps en même tems, pour qu’il se trouve tourné d’un demi-tour au moment que vous poserez votre pied gauche à la seconde position, pour exécuter le troisième tems du second pas et du second demi-tour pour le tour entier de valse.
Par cet exemple, on voit qu’un tour de valse est composé de deux pas chacun de trois tems, ce qui fait six pour les deux et pour un tour entier de valse exécuté durant deux mesures ; et que lorsque l’une ou l’autre des deux personnes qui valsent avance le pied droit pour commencer le premier pas ci-dessus démontré, celle qui lui fait face écarte le pied gauche, pour commencer en même tems l’autre pas et lui faire place pour avancer son pied, et tourner tous deux en même tems pour un demi-tour ; et qu’alors l’un répète le pas qu’a fait l’autre, en exécutant le second demi-tour pour le tour entier de valse.
Lorsqu’on se met en place pour valser, pour bien prendre le pas et se mettre d’accord le cavalier avec la dame, si le cavalier tiens sa dame à côté de lui à sa droite il faut qu’il parte du pied gauche, en tournant en même tems devant sa dame comme s’il eût été devant elle ; et pour exécuter le second pas ci-dessus démontré, qui est toujours celui qu’exécute le valseur, qui présente le dos vers le côté où l’on va en valsant, comme l’autre qui présente la face de ce même côté dans cette position, exécute toujours le premier pas.
Pour bien valser, il faut bien détacher tous les tems des pas ; ne point tourner sur les pointes en même tems ; cette manière ne peut s’accorder pour tourner deux personnes ensemble, chaque tour de valse doit être fait entièrement, de manière qu’en le finissant, on doit toujours présenter la face vers le côté où l’on la présentait quand on a commencé, sans quoi l’on ne suivrait plus la ligne du valseur et l’on retomberait sur ceux qui viennent derrière ou au milieu du salon comme on le voit presque toujours. Il faut se garder de prendre toutes les attitudes vicieuses plus indécentes les unes que les autres qui naissent des mauvais lieux ; il faut que le cavalier tienne sa dame de la main droite, au-dessus de la taille ou des deux mains si elle a des difficultés pour valser ; autrement il convient mieux que le cavalier de sa main gauche soutienne la main droite de sa dame. Il faut soutenir les bras un peu arrondis, pour leur donner plus de grâces ; ne leur donner aucun mouvement, et dans cet état se tenir éloignés l’un de l’autre autant que le permet l’étendue des bras, pour éviter de se rendre incommode l’un à l’autre.
De la manière d’exécuter la contredanse suivant les règles de sa mesure et de ses principaux traits.
A l’exécution de la contredanse, vous tiendrez le pied droit devant, avec lequel vous commencerez chaque trait de la contredanse, et qui s’y retrouvera toujours à la fin.
Trait pour aller en avant et en arrière.
Pour remplir ce trait, vous ferez un tems levé à la quatrième position devant, le chassé aussi à la quatrième, le jeté et l’assemblé à la troisième position devant, et consécutivement l’échappé dessous à la quatrième ; le chassé en arrière, le jeté et l’assemblé dessous ou derrière à la troisième position.
Vous exécuterez cet enchaînement en avant et en arrière continuement, et suivant le mouvement des quatre mesures de ce trait.
Trait pour aller à droite et à gauche.
Pour remplir ce trait, vous ferez un tems levé de côté, le chassé à la seconde position, le jeté devant du pied gauche, et successivement du droit aussi devant et à la troisième position ; puis vous sortirez le pied gauche qui est relevé derrière, pour faire deux glissades dessous : en revenant à gauche, vous développerez ensuite la jambe qui est devant pour la ramener, faisant le jeté devant, et consécutivement l’assemblé de l’autre jambe à la troisième position devant.
Vous exécuterez cet enchaînement à droite et à gauche continuement, et suivant les quatre mesures de ce trait.
Trait de traverser.
Pour remplir ce trait, partant du pied droit, vous ferez le tems levé et le chassé à la quatrième position devant, puis de la jambe qui est derrière à la quatrième position ; vous dégagerez le pied pour faire le tems levé, passant la jambe par la première position, pour la poser à la quatrième devant, et faire un second chassé ; et du pied droit qui se trouve alors derrière, vous ferez le troisième tems levé et chassé à la quatrième devant, en tournant à la place vis-à-vis et opposée à la vôtre ; et de la jambe gauche vous ferez le jeté devant à la troisième position, et consécutivement de la jambe droite, l’assemblé aussi devant à la troisième position.
Vous exécuterez ces trois chassés-liés par le tems levé, et terminés par le jeté et l’assemblé continuement, suivant le mouvement des quatre mesures de ce trait.
Trait de balancer.
Pour remplir ce trait, vous ferez une sissone du pied droit en le passant dessous, et vous le ramenerez devant, faisant l’assemblé à la troisième position, et consécutivement le changement de jambe ; continuez en répétant ce tems de la jambe gauche ; et revenant à la droite, vous terminerez par l’assemblé. Pour donner plus d’agrément à cette exécution, soutenant le genou tourné à votre côté, lorsque le pied est relevé derrière, arrondissez un peu en arrière avec ce pied, lorsqu’il passera de la position où il est relevé à la seconde, pour venir assembler devant.
Vous exécuterez cet enchaînement continuement, suivant les quatre mesures de ce trait.
Du trait du tour de deux mains.
Pour remplir ce trait, le cavalier et la dame se faisant face se donneront les deux mains, baissant un peu celle au centre de la danse, afin de découvrir l’autre bras, en observant la manière indiquée pour lever les bras ; ils enleveront en même tems le tems levé du pied droit, pour exécuter les trois chassés, jetés et assemblés, comme il est démontré pour le traversé ; et tournant sur leur place, le cavalier vers la droite de la dame, et la dame vers la droite du cavalier ; et finissant le tour de deux mains, ils reprendront le sens de la danse ; ils exécuteront ce tems continuement, suivant le mouvement des quatre mesures de ce trait.
Trait du dos-à-dos.
Pour remplir ce trait, un cavalier et une dame de vis-à-vis se présenteront l’épaule droite, et s’avançant, ils passeront dos-à-dos, en exécutant les trois chassés comme pour traverser, et rentreront à leur place, faisant le jeté et l’assemblé.
Ils exécuteront cet enchaînement continuement, suivant le mouvement des quatre mesures de ce trait.
Des traits de la chaîne anglaise.
On exécutera cette chaîne en faisant les trois chassés, jetés et assemblés, comme pour traverser. Deux cavaliers et deux dames de vis-à-vis, partant du pied droit pour faire le tems levé et chassé, lèveront en même tems le bras qui est de ce côté, pour se donner la main droite en main droite ; et faisant le second chassé du pied gauche, les cavaliers tourneront sur leur droite, quittant la main de la dame de ce côté, pour donner la gauche à leurs dames qu’ils rencontreront, et continueront à tourner de ce côté, faisant le troisième chassé du pied droit, et le jeté et assemblé, en se plaçant au côté gauche de leurs dames, qui tourneront aussi sur leur gauche, exécutant le même pas.
Cet enchaînement, qui ne fait que la demi-chaîne anglaise, mettra les deux cavaliers et les deux dames de vis-à-vis à la place opposée à la leur, qu’ils reprendront en répétant le même pas lorsqu’il faudra faire la chaîne anglaise dans son entier.
Ce tems qui se divise en deux traits, on l’exécutera continuement pour la chaîne anglaise entière, suivant le mouvement des huit mesures des deux traits.
Des traits de la chaîne des dames.
Pour exécuter cette chaîne, deux dames de vis-à-vis exécutant les trois chassés comme pour traverser, se présenteront la main droite, puis la gauche aux cavaliers qui auront parti en même tems, exécutant aussi le même pas, en montant à leur droite pour se trouver à la rencontre des dames, où ils se donneront la main gauche en main gauche, et tourneront de ce côté en reprenant le sens de la danse ; et répétant ce trait, les dames rentreront à leur place.
On exécutera ces deux traits continuement, suivant le mouvement des huit mesures de ces traits.
Du trait appelé demi-queue du chat.
Pour remplir ce trait, deux cavaliers de vis-à-vis donneront la main gauche à leurs dames, (on passe en dessous la main droite en main droite si l’on veut), levant les bras et les tenant arrondis, selon qu’il est indiqué pour leur tenue ; et exécutant les trois chassés, jetés et assemblés, comme pour traverser, les cavaliers feront passer leurs dames devant eux, en partant à leur droite pour descendre à la place de vis-à-vis opposée à la leur, où arrivant, ils se quitteront les mains et reprendront le sens de la danse.
Ils exécuteront cet enchaînement continuement, suivant les quatre mesures de ce trait.
Des traits de chassé-croisé.
Pour remplir ces traits, deux cavaliers de vis-à-vis passant derrière leurs dames, allant à droite, feront le tems levé, le chassé à la seconde position, le jeté et l’assemblé devant à la troisième ; puis de la jambe droite qui est devant, ils enlèveront une sissone, passant la jambe derrière pour relever le pied au bas de l’autre jambe, et celle qui est passée derrière reviendra assembler devant ; et de la jambe gauche qui est derrière, ils enlèveront sissone dessous, rapportée ou relevée derrière le bas de l’autre jambe ; celle relevée viendra assembler devant à la troisième position : les cavaliers repassant derrière leurs dames, répéteront ce même enchaînement de la jambe gauche et allant de ce côté.
Les dames, pour exécuter le chassé-croisé, partant à gauche et passant devant leurs cavaliers, exécuteront une sissone dessous de la jambe gauche, et deux glissades dessous de ce côté, et l’assemblé derrière de la jambe gauche, de laquelle elles renlèveront une sissone dessous, et la même jambe viendra assembler devant l’autre à la troisième position, et également sissone dessous de la droite, et l’assemblé devant. Pour déchasser à droite, les dames repassant devant leurs cavaliers, exécuteront le tems levé, le chassé à droite à la seconde position, le jeté et l’assemblé à la troisième devant ; ensuite de la jambe gauche qui est derrière, elles feront une sissone dessous, et l’assemblé devant de la même jambe, et également de la droite, sissone dessous, et l’assemblé devant à la troisième position.
Les cavaliers et les dames exécuteront ce chassé-croisé en même tems, et continuement, suivant le mouvement des huit mesures de ces deux traits. Pour chasser les huit, on exécutera ce même enchaînement que l’on nomme chassé-croisé, lorsqu’il ne faut l’exécuter qu’a quatre personnes.
Du trait figuré à droite ou sur les côtés.
Pour remplir ce trait, deux cavaliers de vis-à-vis, de la main droite, recevront celle gauche de leurs dames ; et partant à leur droite pour se mettre en face de ceux qui y sont placés, exécuteront en même tems le tems levé, le chassé, le jeté et l’assemblé devant, une sissone dessous de la jambe gauche qui viendra assembler devant, également sissone dessous de la droite, et l’assemblé devant.
Ensuite pour faire ce qu’on appelle chassé ouvert, exécuté à huit, les cavaliers et les dames qui se font face, se donneront les deux mains, répétant également ce même pas : chaque cavalier en même tems fera tourner et placer à sa droite la dame dont il tient les mains, ce qui mettra les quatre cavaliers et les quatre dames sur deux lignes : alors chaque cavalier et sa dame se trouveront en face l’un de l’autre.
On exécutera le trait figuré à droite en quatre mesures, lequel trait se trouvant lié avec celui de chassé ouvert, aussi de quatre mesures, forme huit mesures durant lesquelles on exécutera continuement ces deux traits.
Observation sur les règles d’exécution de la contredanse.
Par les règles que nous venons de démontrer, on voit que l’exécution de la contredanse n’exige point un grand nombre de pas ; mais elle permet de varier et d’y placer un nombre infini d’autres pas, lesquels varient encore par la composition des enchaînement, comme nous venons d’en donner un exemple pris sur le petit nombre de ceux que nous avons démontrés, lesquels offrent encore beaucoup de variétés : ces changements s’opèrent le plus souvent dans les traits figurés à deux par l’inconvénient que les autres présentent ; d’abord par les mouvemens des bras qu’il faut soigner, mais encore plus par les personnes qui ne sachant pas danser, ou qui n’ayant pas d’oreille, trouvent presque toujours trop long chaque trait de contredanse, qui est composé de quatre mesures. Ils les retranchent quelquefois par la moitié, en vous en présentant un autre. C’est de quoi il faut se garantir, en les maintenant dans leur exécution par la sienne. Les règles de la danse l’exigent.
Chaque air de contredanse, dont les figures sont variées en partie sur la quantité des traits que nous avons démontrés, permet aussi de varier ces traits qui étant chacun de quatre mesures, les enchaînemens de pas sont réglés également pour quatre mesures, et par cette raison peuvent être exécutés dans l’un comme dans l’autre de ces traits.