(1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre IX. Objection : Si l’on défend les Danses, on abandonnera l’usage des sacremens. » pp. 206-207
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(1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre IX. Objection : Si l’on défend les Danses, on abandonnera l’usage des sacremens. » pp. 206-207

Chapitre IX.

Objection : Si l’on défend les Danses, on abandonnera l’usage des sacremens.

Si les confesseurs, dit-on, sont aussi fermes contre les danses, qu’on dit dans ce traité qu’ils doivent l’être, et s’ils refusent l’absolution aux personnes qui ne veulent pas y renoncer, il arrivera que plusieurs de ces personnes abandonneront les sacremens. N’est-ce pas là un inconvénient qui doit porter les confesseurs à user de condescendance à l’égard de ceux et de celles qui sont tellement attachés à la danse ?

Réponse. Il est évident que des chrétiens qui sont tellement attachés aux danses, qu’ils aiment mieux renoncer aux sacremens que de renoncer à un si dangereux divertissement, sont pour cela seul tout-à-fait indignes d’en approcher ; et que, s’ils en approchent dans cette disposition, ils ne peuvent s’en approcher que par routine, par bienséance, et à leur condamnation. Le mal de s’éloigner des sacremens par une attache excessive à son plaisir, est très-grand ; mais celui de les profaner n’est-il pas encore plus grand ? Quiconque aime mieux se priver des sacremens que de céder à ce qu’un confesseur éclairé et sévère lui prescrit, s’excommunie lui-même ; et on peut justement lui appliquer cette parole du prophète Osée : Votre perte, ô Israël ! ne vient que de vous. (Osée, c. 13, v. 9.)

Au reste, le vrai moyen d’attirer les ames à Dieu n’est pas de violer les règles selon lesquelles les ames doivent être conduites, mais de les porter à les observer fidèlement ; parce que c’est à cette observation que Dieu attache sa bénédiction sur le ministère. Et en effet, dans le petit nombre des conversions qui se font aujourd’hui, il est aisé de remarquer que pour l’ordinaire c’est par le ministère des confesseurs les plus instruits des règles et les plus attentifs à les suivre, que Dieu les opère : ils ont à la vérité la douleur de se voir souvent abandonnés de ceux à qui la sainte vérité de l’Evangile déplaît, et qui veulent être conduits par la voie large ; mais quant à l’exactitude et à la fermeté, les confesseurs joignent une grande charité et une grande douceur pour ceux qui leur résistent, et que leurs exhortations sont soutenues par des prières fréquentes et ferventes ; Dieu leur donne aussi de temps en temps la consolation de voir quelques-unes de ces personnes se repentir de leur résistance, céder enfin à la force de la vérité, les remercier de ce qu’ils ne la leur ont pas cachée, et de ce qu’ils n’ont pas eu pour elles une indulgence qu’ils auroient jugée cruelle, parce qu’elle les auroit perdus.