(1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre VIII. Objections : Plusieurs directeurs permettent la Danse. » pp. 202-205
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(1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre VIII. Objections : Plusieurs directeurs permettent la Danse. » pp. 202-205

Chapitre VIII.

Objections : Plusieurs directeurs permettent la Danse.

Une septième objection qu’on fait pour soutenir les danses, c’est que si elles étoient aussi dangereuses que nous le disons ; il n’y auroit pas tant de confesseurs qui permettent à leurs pénitens et pénitentes cette sorte de divertissement, ou qui ne s’y opposent que foiblement.

Réponse. Je demande si l’autorité de ces confesseurs si indulgens, est préférable à celle des docteurs dont j’ai rapporté les décisions contre les danses. Dira-t-on qu’ils ont plus de lumières et de piété, et qu’ils sont plus habiles dans l’art de conduire les ames, que ces anciens pères ? On ne donne à la conduite de ces confesseurs, si faciles et si complaisans au sujet des danses, la préférence sur la doctrine de ceux que l’Eglise révère comme ses docteurs, que parce que leur facilité est plus conforme aux désirs déréglés du cœur. Mais n’est-ce pas là plutôt une raison de ne pas s’en rapporter à leur jugement, puisque tout ce qui s’écarte de la voie étroite, et tout ce qui appartient à la voie large, est réprouvé par Jésus-Christ ?

On veut se prévaloir de la multitude des confesseurs indulgens pour les danses ; mais ne sommes-nous pas avertis par Jésus-Christ, de nous garder des faux prophètes  ; (Matth. c. 7, v. 15) et que, si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse ? (ibid. c. 15, v. 14.)

On lit au 3.e livre des rois, (c. 22.) que pour un seul véritable prophète, nommé Michée, qui eut le courage de dire la vérité à Achab, il se trouva quatre cents faux prophètes qui ne cherchèrent qu’à le flatter, et qui, en l’assurant qu’ils lui parloient de la part de Dieu, qui ne les avoit pas envoyés, l’engagèrent dans une entreprise qui lui coûta la vie. Après un tel exemple, est-il permis de se rassurer sur la multitude des confesseurs qui trompent les ames, ou par ignorance ; ou par une lâche complaisance ; pendant qu’un très-petit nombre plus occupés du soin de plaire à Dieu et de sauver ceux dont ils sont chargés, que de plaire aux hommes, enseignent , à l’exemple de leur divin Maître, la voie de Dieu dans la vérité, sans avoir égard à la condition des personnes  ? (Matth. c. 22, v. 16.) Dieu a permis par un très-juste jugement qu’Achab fût trompé par quatre cents faux prophètes, parce qu’il désiroit de l’être. En effet, quand le roi Josaphat lui demanda s’il n’y avoit pas quelque prophète du Seigneur par lequel ils pussent consulter le Seigneur, Achab lui répondit qu’il y en avoit un, par qui ils pouvoient consulter le Seigneur ; mais qu’il haïssoit cet homme-là, parce qu’il ne lui prophétisoit jamais rien de bon, et qu’il ne lui annonçoit que du mal . (5. Rois, c. 22, v. 8.) N’étoit-ce pas faire entendre clairement qu’il ne consultoit pas dans une intention sincère de connoître la volonté de Dieu et de la suivre, mais avec un secret désir qu’on lui dît ce qui lui plaisoit et ce qu’il vouloit ? C’est pour le punir de cette mauvaise disposition que Dieu permit au démon d’être un esprit menteur dans la bouche de ces quatre cents prophètes, pour qu’ils le trompassent en lui cachant la vérité qu’il craignoit de voir. N’est-ce pas là encore aujourd’hui la disposition de beaucoup de mauvais chrétiens qui, aimant leurs vices et les erreurs qui les favorisent, sont secrètement ennemis de la vérité, et ne peuvent souffrir ceux qui la leur représentent ? S’ils paroissent consulter sur ce qui regarde leur conscience, c’est de mauvaise foi, comme les Juifs dont le prophète Isaïe se plaint en ces termes : (c. 30, vv. 9, 10 et 11.) Ce peuple est toujours rebelle : Ce sont des enfans menteurs, des enfans qui ne veulent pas écouter la loi de Dieu ; qui disent aux voyans : Ne voyez point, et à ceux qui ont des visions : N’ayez point de visions d’une justice si sévère. Dites-nous des choses qui nous agréent ; n’ayez que des visions pleines de mensonge ; éloignez-nous de la voie droite, détournez-nous du sentier étroit.

Avec une telle disposition, par laquelle on ne consulte que pour trouver une réponse favorable à ses passions, ne mérite-t-on pas, comme Achab, d’être trompé par ceux que l’on consulte ? C’est ce que l’apôtre saint Paul fait craindre aux chrétiens, lorsqu’après avoir averti les Thessaloniciens, que l’antechrist doit venir avec toutes les illusions qui peuvent porter à l’iniquité, il en rend aussitôt cette raison : (2. Thess. c. 2, vv. 10 et 11.) Parce qu’ils n’ont pas reçu et aimé la vérité pour être sauvés, c’est pour cela que Dieu leur enverra un esprit d’erreur si efficace qu’ils croiront au mensonge ; afin que tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, et qui ont consenti à l’iniquité, soient condamnés. En effet, la vérité éternelle qui doit un jour nous juger, pourra-t-elle ne pas condamner ceux qui s’en seront déclarés les ennemis ; qui craignent de la connoître ; qui aiment ceux qui, pour les flatter et leur plaire, la leur cachent ; qui ont une opposition secrète, et quelquefois même marquée, pour ceux qui leur présentent sans déguisement la vérité à la lumière de laquelle ils doivent marcher ? Ces gens, disent-ils, sont trop sévères ; ils mettent le ciel à trop haut prix : ils sont plus capables de rebuter que d’attirer à Dieu. N’est-ce pas là un langage à peu près semblable à celui d’Achab par rapport au prophète Michée ?