(1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre V. Objection : On n’a pas été tenté dans les Danses. » pp. 177-178
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(1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre V. Objection : On n’a pas été tenté dans les Danses. » pp. 177-178

Chapitre V.

Objection : On n’a pas été tenté dans les Danses.

On a, dit-on, assisté à des danses, sans avoir été attaqué des tentations auxquelles on dit qu’elles exposent, et sans rien éprouver des mauvais effets qu’on leur attribue. Mais je demande : veille-t-on assez sur son cœur pour s’apercevoir de tout le mal qui s’y passe ? Craint-on assez le péché pour être alarmé des funestes impressions que fait sur l’ame ce qui y porte ? Que de fautes, surtout intérieures, que bien des gens commettent sans presque y penser en les commettant ou après les avoir commises !

Cependant, je suppose pour un moment, ce que j’ai bien de la peine à croire, que jamais on n’ait souffert aucun préjudice ni aucun dommage spirituel de la fréquentation des danses. Dans cette supposition, je réponds avec saint Jean Chrysostôme : (hom. 37, in Matth. tom. 7, p. 424.) « N’est-ce pas certainement un grand dommage et un grand préjudice pour votre ame et pour votre salut, d’employer si mal un temps dont tous les momens doivent vous être infiniment précieux, et d’être pour les autres un sujet de scandale ? En effet, quand vous sortiriez de ces divertissemens sans qu’ils aient produit en vous aucun mauvais effet, pouvez-vous n’être pas coupable en inspirant aux autres, par votre exemple, une plus grande ardeur pour ces plaisirs si dangereux ? Par là, tous les désordres qui en naissent, à l’égard de tant de personnes, si vous voulez, plus foibles que vous, retombent sur votre tête : car comme il n’y auroit personne qui s’empressât de préparer les lieux et les assemblées destinés à ces divertissemens, si personne n’y étoit présent, il s’en suit qu’il est certain qu’il suffit d’en être spectateur et d’y prendre part, pour être condamné au feu de l’enfer aussi bien que ceux pour qui ils auront été une occasion de péché. Quand donc vous pourriez prendre part à ces divertissemens sans que votre chasteté en souffrît, ce que je ne crois pas possible, vous ne laisseriez pas d’être sévèrement puni pour avoir contribué par votre mauvais exemple à la perte des autres. Certainement, quelque chaste que vous puissiez être, vous le seriez encore davantage en fuyant ces plaisirs si dangereux. Ne contestons donc pas inutilement, et n’imaginons pas de vaines excuses ni des défenses qui ne peuvent nous servir devant Dieu. Notre grande défense consiste à nous éloigner de cette fournaise de Babylone, et à fuir, comme le chaste Joseph, cette Egyptienne séductrice, quand, pour nous sauver de ses piéges et de ses mains, il faudroit abandonner tout et nos habits même. Par là nous nous procurerons les vrais et solides plaisirs ; par la paix de la conscience qui ne sera point troublée par des remords, nous mènerons en ce monde une vie pure et chaste, et nous obtiendrons en l’autre la vie éternelle, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ. »