Chapitre IV.
Objection : On danse en public.
On objecte en troisième lieu contre ce qui a été dit pour condamner les danses, que se faisant en public, il ne peut rien s’y passer de bien criminel ; la convoitise, si elle s’élève, étant retenue par la présence des assistans devant qui on craindroit de faire quelque chose d’immodeste qui les choqueroit.
Je réponds à cette objection : 1.° que le monde est aujourd’hui si corrompu,
que souvent on ne rougit pas de prendre ou de souffrir en public des
libertés très criminelles, dont plusieurs de ceux qui en sont témoins ne
font que rire et plaisanter, tandis qu’ils devroient en témoigner leur
indignation et les condamner hautement. Je réponds en second lieu, que si la
présence des hommes peut arrêter les actions extérieures dont on sent qu’ils
seroient choqués, elle ne peut certainement arrêter les mauvaises pensées,
les mauvais désirs, et le consentement intérieur qu’on leur donne, parce
qu’on sait que les hommes ne voient pas ce qui se passe au-dedans. Et de
quoi peut servir d’être pur aux yeux des hommes, si on ne l’est pas aux yeux
de Dieu qui
sonde les reins et les cœurs
,
(Ps. 7, v. 10.) et devant qui l’on n’est réellement que ce qu’on est dans le
cœur ?
Je réponds en troisième lieu, qu’on ne
sera pas toujours en présence des hommes : et n’est-il pas à craindre que
les passions ayant été excitées par la danse, ne portent, après qu’on en
sera sorti, à faire dans le secret des actions propres à les satisfaire ? Et
combien tout chrétien doit-il être touché de cette parole de Jésus-Christ :
(Matth. 10, v. 26.)
Il n’y a rien de caché qui ne doive
être découvert, ni rien de secret qui ne doive être
connu.
C’est ce qui arrivera au jour du jugement
dernier.