Chapitre premier.
Réponses aux objections qu’on fait pour affoiblir, et détruire même, s’il étoit possible, ce qui a été dit contre les Danses.
Tertullien commence son bel ouvrage de la défense de la religion
chrétienne contre les païens, appelé pour cela’ apologétique, par cette judicieuse remarque : (apol. c. 7.) « Que la vérité n’est point étonnée de sa
situation en ce monde, où elle éprouve de continuelles contradictions,
parce qu’elle sait qu’elle y est étrangère, et qu’il est facile de
trouver des ennemis parmi des étrangers. »
Ne soyons donc pas
surpris de voir les païens contre dire la vérité de notre sainte religion,
et les hérétiques la vérité de nos dogmes. Mais ce qu’il y a de plus
affligeant, s’il n’est pas surprenant, c’est de voir des chrétiens même
contre dire la vérité des règles de morale les plus incontestables, et
s’efforcer de les affoiblir, en leur substituant leurs propres idées,
les maximes, les préjugés et les coutumes du
monde. Quoi de plus déplorable que de voir les disciples même de
Jésus-Christ convertis, par les pernicieuses maximes qu’ils établissent, en
prédicateurs du diable ! il en a en effet, comme Jésus-Christ a les siens ;
mais avec cette grande et fâcheuse différence, que les prédicateurs du
diable sont en bien plus grand nombre que ceux de Jésus-Christ, et qu’ils
sont ordinairement bien mieux écoutés et plus suivis, parce qu’ils parlent
conformément aux désirs déréglés et aux passions, que ne le font les
prédicateurs de Jésus-Christ, dont le ministère est d’annoncer les vérités
contraires aux sentimens et aux inclinations de la nature corrompue, et qui
les combattent. En effet, s’agit-il de parler en faveur des passions ? La
plupart croient en savoir assez pour s’ériger en docteurs, pour décider en
maître, et comme des gens consommés dans la science de la religion, que ce
qu’il y a de plus criminel ou de plus dangereux est permis. De là en
particulier toutes ces objections qu’on oppose à ce qui a été dit contre les
danses, et auxquelles on revient sans cesse, comme si on ne pouvoit y
répondre, ou comme si on n’y avoit jamais rien répondu de raisonnable.
Le désir d’inculquer davantage les vérités qui ont déjà été établies, d’ôter tout prétexte à ceux qui s’obstinent à les rejeter, et de dissiper, s’il est possible, les ténèbres dans lesquelles ils aiment à s’envelopper, nous portera à les suivre dans toutes les objections qu’ils font. La plupart de ces objections ne seroient dignes que de mépris, s’il étoit permis de mépriser le péril des ames infirmes ; mais comme ils éblouissent la plupart des gens du monde, toujours aisés à se tromper sur ce qui les flatte, il est à propos de les suivre dans tous leurs écarts, pour tâcher de les ramener. J’espère, avec le secours de Dieu, que les réponses que je donnerai à chacune de ces objections, seront aussi solides que les objections sont frivoles.