(1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre II. De la maniere de bien marcher. » pp. 4-8
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(1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre II. De la maniere de bien marcher. » pp. 4-8

Chapitre II.
De la maniere de bien marcher.

Le corps étant posé comme il est representé ci-devant, il est prêt de faire tout ce que l’on veut : de cette position vous partez, soit pour marcher, ou faire une reverence, soit pour danser. Mais comme la maniere de bien marcher est très-utile, parce que d’elle dépend les premiers principes que la danse inspire, qui est le bon air. C’est pourquoi je prie le Lecteur de faire attention à cette méthode facile que je vais d’écrire ; on n’y trouvera que les propres mouvemens que la nature fait.

Je suppose que vous ayez le pied gauche devant, comme la Figure l’a démontré, il faut appuyer le corps dessus & du même tems le genouil droit se plie & le talon se leve par le mouvement que le corps fait en se posant dessus la jambe gauche, & par consequent fait lever la droite, ce qui se fait par son genouil, qui étant plié cherche à s’étendre, ce qu’elle fait en se passant devant vous. Mais observant de ne la pas porter plus loin que la grandeur ou distance du pied entre les deux mêmes, ce qui est la proportion du pas, mais il faut poser le talon avant la pointe ; ce qui fait avancer le corps sur le pied que vous posez, au lieu que si vous posiez la pointe la premiere elle rejetteroit le corps en arriere, & vous fatigueroit infiniment. Les jambes doivent être fort étenduës dans leur tems, les hanches fort tournées en dehors, parce que les autres parties inferieures se tournent d’elles-mêmes, ce qui est incontestable, d’autant que cette jointure commande & dispose des genoux & des pieds : ce que je viens de dire que les jambes doivent être étenduës dans leur tems, c’est lorsque vous passez l’une ou l’autre, d’étendre fort les genoux, ce qui vous empêche de croiser vos pas : ce feroit un défaut auquel plusieurs personnes sont sujetes faute d’attention : ayant aussi les genoux en dehors & les jambes étenduës, cela empêche le penchant qu’ils auroient à devenir cagneux, & même remet ou accoûtume la rotule dans une meilleure situation.

J’ai dit aussi que l’on devoit étendre les jambes en les passant devant soi, ce qui est pour éviter de ne les point trop écarter ni les trop serrer ; & je suis certain que lorsque l’on prendra tous ces soins, on ne tombera pas dans aucun des défauts que je viens de citer.

Il faut aussi donner à sa maniere de marcher un tems qui ne soit ni trop vîte, ni trop lent ; celui-ci tient de l’indolence, & l’autre sent l’étourdi ; ainsi il faut éviter ces deux extremitez.

J’ai dit encore qu’il faut avoir la tête droite & la ceinture ferme, c’est que par ce moyen le corps se maintiendra dans une situation avantageuse, & ne dandinera point. Quant au maintien des bras, il faut les laisser étendus à côté du corps en observant seulement que lorsque vous faites un pas du pied droit, c’est le bras gauche qui fait un petit mouvement en devant, ce qui fait le balancier & même cela vient naturellement. Mais comme plusieurs peuvent ignorer cette action faute d’attention, c’est ce qui m’a obligé de faire cette remarque comme très-essentielle.

Le pas étant de passer le pied devant, ou en arriere, & de côté ; ce qui s’entend d’un pied comme de l’autre, quant à la maniere de marcher ; mais en fait de danse le nom de pas renferme plusieurs pas ensemble, & qui sont quelquefois differentiez de plusieurs mouvemens, qui cependant ne compose qu’un pas.

Comme le pas de Menuet, le pas de Courante, le pas de Bourée, & nombre d’autres, que j’enseigne la maniere de les faire ; & comme tous ces differens mouvemens doivent être pris à propos, & que les regles que l’on doit suivre ne sont fondées que sur les cinq Positions, c’est ce qui sera expliqué dans les Chapitres suivans.