(1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — VI » p. 137
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(1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — VI » p. 137

VI

La barre de mesure porte tout le ballet moderne, à l’égal de l’ancien. De là, l’ennuyeuse monotonie des mimes. L’abus du rythme simple et carré montre que cet art est encore dans les langes ; mais cette enfance est usée ; elle se répète sans cesse, elle radote. La splendeur de la mise en scène n’y change rien. Le ballet est si vieilli qu’il tourne en peinture : c’est un tableau vivant, que la symphonie veut embellir et qu’elle nuance.

La barre de mesure soutient toute la tradition des gestes et des pas, si niais la plupart et si ridicules. Cette barre est de fer, pour la solidité : elle a été forgée par Vulcain, en don vengeur à Terpsichore.

Le rythme passe de bien loin la mesure : il y supplée. Il est même une sorte ample et libre de rythme qui va décidément contre la mesure.

Pour suppléer au rythme simple, si usé et si lourd d’ennui, il y a l’arabesque sonore, avec sa courbe aux éléments infinis, qui est un rythme délivré.