(1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 20 janvier. Danses de jadis et danses d’aujourd’hui. »
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(1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 20 janvier. Danses de jadis et danses d’aujourd’hui. »

20 janvier. Danses de jadis et danses d’aujourd’hui.

En organisant pour ses fidèles lectrices une matinée consacrée aux « danses de jadis et aux danses d’aujourd’hui », le magazine Femina a été très heureusement inspiré. Une rapide et élégante causerie de M. André de Fouquières servit à grouper les épisodes du spectacle selon un plan d’ensemble tout à fait judicieux. Évitant ostensiblement tout pédantisme, le conférencier sut, avec un esprit d’à-propos jamais en défaut, nous présenter les faits essentiels de l’histoire de la danse ; quelques brefs aperçus sur les danses de salon modernes vinrent compléter son exposé. Ce que M. de Fouquières a dit de très juste sur les rapports entre la mode des robes drapées et l’allure des danses entravées et hésitantes ou bien encore sur les variantes de « l’enlacement » mériterait, il nous semble, un développement plus ample.

Ce n’est pas, cependant, entre les danses de jadis et celles d’aujourd’hui qu’était partagé le programme, mais plutôt entre la danse de théâtre et celle de salon. Mlle Bos et M. Raymond étaient venus plaider la cause des danses Directoire, et l’étoile a même eu le courage d’exécuter une variation classique sur le tapis qui recouvrait le plateau ; ils firent honneur à la grande tradition française qu’ils représentent. La Argentina exécuta son répertoire ordinaire : fandango, tango, allegria. Nous avions déjà parlé d’elle ici même en des termes en somme mesurés, voire hésitants : on est si étonné de voir bien danser qu’on commence par se méfier un peu de sa première impression. Eh bien, c’est une fameuse artiste, cette « estrella de Sevilla », et sa renommée immense en Espagne est absolument justifiée. Ce mouvement du fandango où elle développe lentement les bras et se cambre, tandis que les castagnettes exécutent un crescendo subtilement nuancé, comme il est admirablement filé ! Et comme un sens exquis du style national se superpose heureusement à l’habileté technique !

Les lecteurs de Comœdia savent la haute estime en laquelle nous tenons les danseurs excentriques MM. Douglas et John ; ils réussirent parfaitement auprès du public mondain de la matinée, leur humour étant authentique et leur métier parfait. Enfin, M. Van Duren et les trois demoiselles Guy vinrent nous dire sur ce qu’ils pensent de la danse antique, la vérité toute nue. Or, c’est nous, les modernes, qui avons imaginé de déshabiller les anciens, et toute tenue négligée aurait impitoyablement été refusée par le régisseur de l’amphithéâtre de Dionysos ou des Folies-Eleusines.

Très importante la présentation de danses modernes ou tout récemment créées. Mais comment un humble habitué de l’Opéra, qui n’est même pas bachelier du tremplin, oserait-il juger les productions de l’Académie Baraduc ? Or, j’avoue ne pas savoir distinguer le mouvement d’un blues de celui d’un vulgaire fox-trott, ce qui m’amène à supposer qu’il y a, en somme, une danse moderne unique qui comporte un grand nombre de variantes musicales plutôt que chorégraphiques.