(1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 6 octobre : Monsieur de Pourceaugnac — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 12 octobre 1669 »
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(1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 6 octobre : Monsieur de Pourceaugnac — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 12 octobre 1669 »

Robinet, lettre du 12 octobre 1669

[…]
Or, du mois courant le sixième,
Pour empêcher qu’on ne s’y chême,
Elle eut un Régale125 nouveau,
Également galant et beau,
Et même aussi fort magnifique,
De Comédie et de Musique,
Avec Entractes de Ballet,
D’un genre gaillard et follet,
Le tout venant, non de Copiste,
Mais, vraiment, du Seigneur BAPTISTE
Et du Sieur MOLIÈRE, Intendants,
Malgré tous autres Prétendants,
Des Spectacles de notre SIRE,
Et, disant cela, c’est tout dire.
Les Actrices et les Acteurs
Ravirent leurs grands Spectateurs,
Et cette merveilleuse Troupe
N’eut jamais tant de Vent en poupe.
On n’admira les Baladins,
Plus souples que Cerfs ni que Daims ;
On fut charmé des Dialogues,
Où, comme dedans les Églogues,
On s’entendait sur les douceurs
Que produit le beau Dieu des Cœurs :
Concluons que, sans lui, la Vie
N’est pas un Bien digne d’envie.
On fut ravi des belles Voix
Qui chantaient ses divines Loix.126
Force Masques, non pas célestes,
Mais, à ce qu’on écrit, très lestes,
Venant illec montrer leur nez,
Avec plaisir furent lorgnés.
Des Avocats y faisaient rire
Plus cent fois qu’on ne saurait dire,
Citant, de plaisante façon,
Et mêmes dans une Chanson,
Tous leurs Docteurs, vieux et modernes,
En les traitant de Gens à Bernes,
Par exemple, Justinian,
Ulpian et Tribonian,
Fernand, Rebufe, Jean, Imole,
Paul, Castic, Julian, Barthole,
Jason, Alciat et Cujas,
Et d’autres qui font un gros tas.
Enfin, maints autres Personnages
Firent là rire les plus sages,
Tout de même que les plus Fous,
Et leur Sagesse eut du dessous.
Un petit Livre dont je tire
Tout ce qu’ici je viens d’écrire
Se tait des Décorations
Dans ses belles Narrations ;
Mais, aux Fêtes du grand MONARQUE,
Pour l’ordinaire l’on remarque
Que ce sont des Enchantements,
Et non de communs Ornements.