Chapitre dernier.
Au public
I
Ami lecteur, je suis forcée d’arrêter ici mes Mémoires.
Je n’ai plus rien à dire.
Si tu te plains de ma brièveté (ce qui sera un éloge) prends-t-en à mes dix-huit ans.
II
Cher lecteur,
Que vas-tu penser de moi ?
Pas grand bien, n’est-ce pas ?
Après m’avoir lu, si lu me lis, tu te diras : En somme c’est un scandale que ce livre▶.
Tu auras tort de dire cela.
Ce ◀livre▶ n’est ni un scandale ni une œuvre impie.
C’est une fantaisie de femme.
Une coquetterie de danseuse qui a voulu prouver à de certaines personnes qu’au besoin elle savait parler et écrire.
Sais-tu bien pourquoi j’ai fait ce ◀livre ?
— Non.
— Je vais te le dire dans la sincérité de mon âme.
Je l’ai fait pour laper un peu sur les doigts de ces écrivains écervelés qui ont pensé être très-malins en m’accablant de célébrité au préjudice de ceux qui le méritaient réellement.
J’étais tranquille dans mon obscurité ; mes vœux étaient ceux, non pas d’un simple bachelier, mais d’une ballerine — ils n’ont forcée à rendre ma vie publique. — Je l’ai rendue publique.
Mon existence est à jour à présent, et Rigolboche n’a plus rien de caché pour ses contemporains.
Je le répète, ne m’accuse pas trop, cher lecteur : si je les avais écoulés j’aurais écrit des choses horribles.
Ce que j’ai vu, par exemple.
Mais je n’ai pas voulu exploiter le scandale.
III
Pardonne-moi mes négligences de style, mes erreurs de rhétorique et mes fautes d’orthographe.
Excuse enfin les fautes de l’auteur — comme on disait jadis — en faveur de son humilité.