Chapitre XXX.
Des Coupez du mouvement.
Ce pas est un des plus gracieux & le plus gai qui soit dans tous les differens pas que l’on a inventé, tant par la varieté de ses mouvemens qui sont moderez ; ce qui facilite en quelque façon d’acquerir beaucoup de grace lorsque l’on les sçait bien faire.
C’est pourquoi je vais donner▶ la maniere de les faire selon toute la propreté qu’ils doivent estre faits ; ainsi lorsque vous prenez votre demi-coupé, soit en avant, vous le pliez très-doucement, & vous vous élevez de même sur le pied qui a passé devant, les jambes bien étenduës : le corps se portant sur le pied de devant attire celle de derriere qui s’étend également, mais dans le même moment le talon du pied de devant se pose, & son genou se plie & la jambe qui est en l’air s’ouvre un peu à côté, & le genou, qui est plié en s’étendant rejette cette jambe en devant, en vous laissant tomber dessus en ne sautant qu’à demi, ce qu’on appelle demi-jetté, ce qui termine ce pas.
Je dis qu’il est diversifié par ces mouvemens, parce qu’il n’est composé que de deux pas, & ces deux pas renferment deux mouvemens differens. Le premier est plié sur un pied, & passer l’autre en vous élevant dessus ; ce qui vous engage à le faire avec grace : le second est de plier sur ce pied, & de vous relever avec plus de vivacité pour retomber sur l’autre en sautant à demi, ce qui ◀donne▶ à ce pas la gayeté.
Pour ceux qui se font en allant de côté, c’est la même chose, à l’exception que l’on porte le pied à la cinquiéme position pour le demi-coupé, & à la deuxiéme pour le demi-jetté. D’autres qui se prennent de la premiere, & vous portés le pied à côté à la deuxiéme position, en vous élevant dessus, & du même tems poser le talon à terre pour plier, & le demi-jetté qui pour lors se croise à la cinquiéme position ; ce qui termine ce pas, on ◀donne des exemples de ce pas dans l’Aimable Vainqueur ; qui est une fort belle danse de Ville, ils y sont placez de differentes manieres & si à propos, qu’il semble que la jambe exprime les notes ; ce qui prouve cet accord ou plutôt cette imitation de la Musique avec la danse, puisque l’on doit imiter la douceur de ses sons par des pas doux & gracieux.
Comme ce pas est des plus agréables, & qu’il y a une maniere de conduire les bras avec grace en faisant ce pas, c’est ce qui se trouvera dans ma seconde partie Chapitre X.