Le jugement de Pâris.
Ballet héroïque.
Personnages.
Pâris.
Thétis.
Pélée.
Junon.
Pallas.
Vénus.
L’amour.
Les Grâces.
Mercure.
Les Divinités du ciel.
Les Divinités de l’Enfer.
Les Divinités de la Mer.
Les Divinités des eaux.
Sylphes et Sylphydes.
Héros et Héroïnes.
Les Jeux, les Ris et les Plaisirs.
Troupe de Zéphirs et d’Amours.
Les quatre heures du jour.
La Discorde.
avant-propos.
Les maîtres de ballets, qui ont après mol traité le sujet de Pâris, l’ont divisé en quatre ou cinq actes : il faut, pour en avoir agi ainsi, ne pas connoître la description d’Apuléé sur ce trait fabuleux.
Les maîtres de ballets en voulant faire briller la richesse de leur imagination, n’ont montré que la médiocrité de leurs conceptions, et par une inconséquence rare, ils ont donné une si prodigieuse extension à ce sujet, que les fils propres à en former la trame, se sont rompus. Dèslors, le dessein tracé par la poësie, n’a été présenté au public que par lambeaux. C’est ainsi que l’artiste, qui ne calcule point les moyens que son art lui offre, s’egare et se perd
Les transpositions de scènes ont jetté une confusion monstrueuse dans ce plan simple et magnifique ; les vains ornemens dont le caprice l’a chargé, en ont dégradé la marche, l’ordre et la majesté.
En suivant toutes les traditions, l’action▶ doit commencer par les Noces de Thétis et Pélée ; puisque ce sont elles qui déterminent la Discorde, irritée de l’oubli que l’on fit d’elle, à venir troubler cette fête en y jettant la pomme fatale.
Cette pomme fut présentée à Pâris, et ce personnage seroit devenu fort inutile à l’◀action▶ sans cette pomme et sans les ordres qu’il reçut de Jupiter par le Messager des Dieux. Lorsque Pâris a fixé son choix, et donné la pomme à la plus belle, l’◀action▶ est absolument terminée.
Les Nôces sont l’exposition du sujet ; la pomme jettée par la Discorde au milieu de l’assemblée, en forma le nœud ; et le choix du Berger en offre le dénouement
Je ne puis m’empêcher de dire que tous les ornemens postiches, inutiles et iucohérens dont on farci ce ballet, ont absolument étouffé l’impression qu’il devoit produire ; que la danse quelqu agréable et quelque magnifique qu’elle soit, ne peut être regardée que comme accessoire, et que c’est un grand art de savoir la placer à propos, et d’éviter de s’en servir, lorsqu’elle peut être nuisible à l’◀action▶ et à l’intérêt que peut faire naître la pantomime(1).
Première partie.
La décoration représente une vaste colonnade formée de congellations, de coquillages, de coraux, de perles et de pierres précieuses ; les entre-colonnes sont ornées de fontaines ; les eaux des unes sont jaillissantes et celles des autres sont tombantes, derrière ces colonnes s’elevent des arbres qui les surpassent en hauteur ; leurs branchages forment un demi ceintre au dessus d’elles. Le fond de la scène représente la mer ; les deux côtés de cette mer présentent une chaîne de petits rochers. Cette décoration est terminée par l’horison.
Scène i.
Thétis et Pélée sont devancés par un nombreux cortège ; l’Hymen et l’Amour conduisent les deux époux ; ils sont suivis par les Prêtres et les Prêtresses de l’Hymen ; les uns portent l’autel, les autres les trépieds et l’encens ; cette marche est fermée par la cour enjouée de l’Amour.
Une musique céleste et majestueuse annonce l’arrivée des Immortels. L’horison se divise et se partage en grouppes de nuages, qui se replient et se roulent les uns sur les autres en s’élevant vers le ciel : pendant ce mouvement ascendant, des nuages plus lumineux descendent les cieux ; et l’on voit bientôt tous les Dieux de l’Olympe ; par un mouvement contraire le char de Neptune attelé de cheveaux marins sort du sein de la mer ; Amphitrite est placée à côté de ce Dieu ; ce char, ou cette conque marine, est environnée de Tritons, qui fôlatrent dans les eaux, en jouant avec leurs trompes, tandis que les rochers de la droite se garnissent des Divinités terrestres, ceux de la gauche sont bientôt occupés par les Divinités des eaux ; de leurs urnes sortent avec abondance des sources limpides, qui tombent en cascades sur les rochers et se précipitent ensuite dans la mer. La terre s’entrouve ; Pluton et Proserpine en sortent ; ils sont assis sur un trône éclatant. Les Juges des Enfers sont grouppés à leurs pieds. Lorsque ce vaste tableau est formé, Thétis et Pélée s’inclinent devant les Immortels, et leur suite se prosterne pour leur rendre hommage(1).
Les époux s’approchent de l’autel ; l’Hymen allume son flambeau au feu vif et brillant de celui de l’Amour. Les Prêtresses de ce Dieu font brûler des parfums. Les jeunes époux posent la main sur l’autel, et jurent en présence de toutes les Divinités de s’aimer et d’être fidèles ; les Prêtres les unissent ; un baldaquin de fleurs descend des cieux ; il est supporté par des Zéphirs et couronne toute la colonnade ; en même tems une foule d’amours se grouppe sur les branches des arbres.
Les Prêtres présentent aux époux la coupe nuptiale ; ils l’élèvent vers l’Olympe. La Discorde paroît et jette le trouble et la confusion dans toute l’assemblée(2).
Scène ii.
Elle entre d’un pas précipité et reproche aux Immortels l’oubli qu’ils ont fait d’elle ; Pluton, d’un geste menaçant lui ordonne de fuir et d’éviter son courroux ; la Discorde obéit, dissimule sa rage ; mais en partant, elle laisse tomber une pomme d’or sur la quelle est écrit : à la plus belle.
L’Amour, toujours attentif et toujours malin la ramasse ; il lit l’inscription et présente la pomme à sa mère. Junon et Pallas, attirées par un sentiment de curiosité, s’approchent de Vénus ; elles lui enlèvent la pomme, après en avoir lu l’inscription ; chacune d’elles prétend que cette pomme lui appartient ; grands débats, grandes disputes entre les trois déesses.
Ceci forme un pas de quatre plein d’◀action▶, exécuté sur un air vif et léger. La pomme passe alternativement des mains de Pallas dans celles de Junon, et des mains de l’Amour dans celles de sa mère. Ce Dieu fatigué et sachant bien que toutes les Déesses ainsi que les mortelles, ont des prétentions à la beauté, enlève la pomme et la présente à Jupiter. Ce Dieu voulant faire cesser une querelle qui trouble une union à la quelle il s’intéresse, ordonne à Mercure de la porter à Paris ; il abandonne cette cause délicate au jugement de ce Berger. Mercure traverse les airs et disparoît.
On achève la cérémonie ; les Prêtres présentent la coupe à Thétis et à Pélée ; ceux-ci l’élevent vers l’Olympe et la boivent. Les Déesses satisfaites des décrets du maître des Dieux, applaudissent au bonheur des deux époux. Les Divinités de la terre, des eaux et de l’air se réunissent aux Jeux, aux Ris et aux Plaisirs ; l’Amour, Vénus et les Graces embellissent cette fête ; Thétis et Pélée y expriment leur félicité ; l’Olympe applaudit à ces jeux et cette première partie de ce ballet, variée de pas d’expression et de caractère, se termine par un grouppe général qui témoigne aux Divinités célestes leur respect et leur reconnoissance.
Seconde et dernière partie.
La décoration offre l’aspect d’un lieu agreste ; de beaux arbres l’embellissent ; on apperçoit une partie du Mont Ida ; une mer vaste et tranquille termine cette décoration.
Scène i.
Les Bergers et les Bergères s’empressent à féliciter Paris sur son retour au mont Ida ; ils l’accueillent, ils lui offrent des fleurs et des fruits ; ces hommages plaisent à son cœur ; il leur exprime sa reconnoissance et se mêle à leurs jeux(1).
Scène ii.
Mercure descend des cieux ; il remet à Paris la pomme d’or. Ce Berger en lit l’inscription ; et le Messager des Dieux lui fait entendre, que Jupiter le laisse Maître de son Choix ; Mercure disparoît. L’ordre qu’il a transmis à Paris, inquiéte et embarrasse le Berger ; il ne peut sans danger désobéir au Maître du Tonnerre ; et en lui obéissant, il s’expose au courroux et à la vengeance de deux Déesses ; cette cruelle alternative porte dans son cœur le sentiment de la crainte et du désespoir.
Scène iii.
Une musique céleste annonce l’arrivée des Immortelles. Paris tremblant et consterné se retire.
Insensiblement toute la scène se couvre de nuages légers et brillants, et se dissipant insensiblement, on découvre deux gloires : dans l’une on voit Junon environnée de Sylphes et de Sylphydes ; dans l’autre on apperçoit la fière Pallas, entourée d’héroïnes et de guerriers. Vénus paroît à son tour ; elle est placée sur un superbe vaisseau ; l’Amour est à ses côtés ; les Graces couronnées de roses sont grouppées à ses pieds ; des Amours tenant des cassolettes font bruler les parfums ; les cordages du vaisseau sont des guirlandes de fleurs ; la mâture est en or ; les voiles sont formées de tissus d’argent ; les Zéphirs et les Amours dirigent la manœuvre. Les Colombes et les Cygnes volent en avant ; et les quatre Heures du jour accompagnent Vénus, pour marquer l’instant de ses plaisirs et celui de son triomphe. Vénus descend de son vaisseau ; elle est suivie par la plus brillante cour ; à son approche, Junon et Pallas peignent leur agitation ; elles la regardent comme une rivale dangéreuse.
Les trois Déesses annoncées par leur suite dansent chacune une entrée opposée de caractère et d’expression ; leurs mouvemens, leurs attitudes et leur ◀action▶ varient en raison de leur essence particulière, et de leurs attributs.
Pendant ces jeux, l’Amour s’est esquivé ; il est allé chercher Pâris pour le séduire et l’enflammer ; et il l’amène au moment où Vénus déploye toutes ses Graces ; une Volupté douce accompagne ses pas et embellit toutes ses attitudes ; le Plaisir et une mollesse voluptueuse s’impriment dans tous ses mouvemens ; Pâris est dans l’enchantement.
Scène iv.
Pâris avance d’un air noble et modeste : il s’incline respectueusement devant les Immortelles. La fierté de Junon et le port martial de Pallas le déconcertent ; l’aménité, jointe aux grâces et à la figure celeste de Vénus, le rassure un peu. Il fait entendre aux Trois Déesses qu’il voudrait avoir trois pommes a sa disposition ; qu’il en ferait un partage égal ; mais que son embarras est extrême.
Les Déesses impatientes d’obtenir le prix décerné à la beauté, le pressent de s’expliquer ; Junon, qui dispose des trônes, lui en promet un ; elle lui fait offrir par sa suite un sceptre, une couronne et des richesses immenses désignées par des minéraux d’or, d’argent, et les pierres les plus précieuses.
Pallas lui promet des lauriers, des victoires, des triomphes éclatants une réputation brillante.
Vénus lui offre sa ceinture ; l’Amour son arc et son carquois. Paris est ébloui par tontes les Grandeurs qui lui sont offertes. Il flotte entre les richesses, la réputation et les plaisirs.
Mais l’Amour qui veut assurer une nouvelle victoire à sa mère, engage les Graces à lui présenter le portrait d’Hélène ; Paris frappé par une image aussi belle et aussi touchante, ne peut détacher ses yeux de cet objet enchanteur. Son cœur vivement ému ne voit qu’Hélène, ne palpite que pour elle ; Vénus et l’Amour lui en promettent la possession. Pendant cette scène, Junon et Pallas expriment leurs craintes et leurs inquiétudes ; l’indécision de Paris les offense et les met au désespoir.
Ce Berger, blessé par l’Amour et séduit par Vénus refuse les trônes et les grandeurs, dédaigne les victoires, les trophées et les triomphes et oubliant la jalousie et la vengeance des deux Déesses, il donne à Vénus le prix de la beauté. Junon et Pallas sont consternées et anéanties. L’instant du triomphe de Vénus est marqué par les heures ; le bruit du Timbre animent les Déesses ; leur colère s’exhale ; elles menaçent Paris de la plus cruelle vengeance et des plus grands malheurs. Vénus et l’Amour s’empressent à rassurer le Berger ; ils lui promettent les jours les plus fortunés. Les, deux Déesses vivement irritées se retirent, en exprimant leur haine, leur désespoir et leur fureur.
Scène v. et derniere.
Ce spectacle se termine par une fête générale ; Vénus, Paris, l’Amour et les Graces exécutent un pas orné de couronnes et de guirlandes de fleurs ; ce pas vif et brillant offre une foule de grouppes, de passes et de tableaux différens ; ils se succèdent avec rapidité et se dessinent sans confusion ; l’adresse et l’agilité se réunissent à l’art ; ce ballet devient progressivement général. Les principaux personnages se placent sur le vaisseau ; les Jeux, les Ris et les Plaisirs les suivent successivement ; et lorsque cette troupe enjouée est embarquée, elle forme un grouppe général, distribué sur plusieurs plans. Les Graces portent le portrait d’Hélène ; les Amours montent sur les mâts et les échelles de fleurs. Un vent favorable éloigne le batiment du rivage ; et c’est à Sparte que la Reine des Amours va conduire Paris.
FIN.