Chapitre XVII.
Des differentes manieres de faire les bras avec toutes sortes de Chassez.
Après vous avoir donné les moïens les plus aisez pour faire tous les chassez qui se font dans les danses de Ville ; il est necessaire aussi que je vous explique la maniere d’y faire les bras de plusieurs façons.
Je vais donc commencer par ceux qui se pratiquent dans la Mariée, parce qu’outre qu’elle est connuë de tout le monde ; c’est qu’elle est à juste titre une des belles danses que l’on ait jamais dansé.
Ces chassez s’y trouvent au commencement du troisiéme couplet, où ils sont précedez d’un coupé : ainsi dans ce coupé vous pliez les deux bras, & vous les étendez au premier mouvement du chassé ; mais au second mouvement qui se releve sur le pied contraire à la jambe, qui a chassé le même bras du côté de la jambe, qui se leve, il se plie, parce qu’ordinairement à la suite de ce pas, c’est un pas en tournant, & comme j’ai dit ci-devant dans le Chapitre des Piroüettez, que c’est le bras qui donne au corps la facilité de se tourner du côté qu’il s’étend ; c’est pour cela que l’on fait cette opposition : car si c’étoit comme à l’Allemande où il s’en fait plusieurs de suite, il n’y faudroit pas d’opposition ; il est vrai, que l’on ne fait pas de bras dans les chassez de cette danse, à cause qu’elle est parfaitement caracterisée.
Il y a une autre maniere de chassez dans l’Aimable Vainqueur, qui ne sont que des jettez-chassez dont on en fait trois de suite, qui ne renferment dans leurs trois mouvemens que le tems d’un seul pas ; mais il suffit à ce pas une seule opposition qui se commence dès le premier mouvement, & qui se contient dans les deux autres pas.
On en fait encore de côté, comme je les ai marqué dans ma premiere Partie, desquels il y a deux Figures qui en expriment les mouvemens ; à ce pas il suffit d’avoir les bras étendus : par exemple, si vous le prenez en revenant du côté gauche, la jambe droite doit se lever pour chasser la gauche : c’est pourquoi le bras & l’épaule droite doivent être levez plus que le bras & l’épaule gauche, quoique étendus les uns & les autres ; parce que les bras ne servent dans ce pas que de balancier. Ils ne laissent pas néanmoins de faire une petite action des poignets au premier mouvement, & c’est pour éviter cette roideur où ils paroîtroient, s’ils n’en faisoient aucun.
J’ai dit aussi qu’il y avoit d’autres chassez, mais comme je n’en ai point trouvé de cette sorte dans aucune danse de Ville, je ne parlerai pas de la maniere d’y faire les bras.