(1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 3 octobre 1671 »
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(1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 3 octobre 1671 »

Robinet, lettre du 3 octobre 1671

Souffrez, Grande Altesse Royale,
Qu’au Recueil dont je vous régale,
Aujourd’hui, jour de Samedi,
Je marque d’abord, que Mardi,
Vous fûtes, avec belle Suite,
Et maintes Personnes d’Elite,
Au grand Spectacle de Psiché,
Dont tout le Monde est alléché,
(La chose est très-constante, et sure)
Dans l’agréable Mignature,
Où la digne Troupe du Roy,
Le donne en si brillant arroi,
Et, même, avecque des merveilles
Pour les Yeux, et pour les Oreilles,
Qu’ailleurs, on n’y découvrait point.
Vous savez bien, touchant ce Point,
Grand Prince, que je ne mens mie,
Et, s’il faut qu’ici, je les die,
L’une est cet Amour Féminin,157
Dans un âge tout enfantin,
Qui, par sa Voix, et par son geste,
Et sa grâce toute céleste,
Vous surprit, ravit et charma,
Et, pour Vous, si bien s’anima,
Que, de Vôtre Royale Altesse,
Elle en eût Eloge, et caresse.
L’autre est cet étonnant Sauteur,
Qui, d’une si belle hauteur,
Se culebute, et pirouette,
Sans toucher de pied, main, ou tête,
La Terre, en aucune façon,
Et qui marche, encore, tout de bon,
Sur les mains, de la même sorte,
Qu’un autre, sur ses pieds, se porte :
Dequoi chacun tout étonné,
Croit qu’il s’est, au Diable donné.
Mais, le jour de vôtre Présence
Qui plût, beaucoup, à l’Assistance,
On voyait là, depuis deux fois,
Ce que noter, sur tout, je dois,
Une Merveille sans seconde,
Laquelle charme tout le Monde,
Une Actrice de quatorze ans,
Qui, récitant des Vers, trois cents,
Et cinquante, encore, que je pense,
Jouait un Rôle d’importance,
Et des plus forts, certainement,
Avec tout l’air, tout l’agrément,
Le jugement, la suffisance,
La douceur, la belle prestance,
Et, bref, les agitations,
Et toutes les inflexions
De voix, et de corps, nécessaires,
Dedans les Théâtraux Mystères.
L’Actrice dont je parle ainsi,
Est la petite du Croisi,
D’esprit, et de grâce pourvue,
Et, de vous, assez bien connue ;
Qui, dans deux jours avait appris
Ce beau Rôle qu’elle avait pris
De la grande Actrice choisie,
Beauval, qui, d’un beau feu, saisie,
Sait jouer, admirablement,
Sur tout, un Rôle véhément.
Or cette merveilleuse Actrice,
Lors de Psiché, Coadjutrice,
Jouait son Rôle, et le jouera,
Tandis que malade sera
Mademoiselle de Molière,
Autre Actrice si singulière,
Qui sait jouer si finement,
Si proprement, si noblement,
Que tout chacun, je le puis dire,
À le revoir, en bref, aspire.
Mais ajoutons, encore, ici,
Pour la Pucelle du Croisi,
Deux ou trois petits mots d’Histoire,
Qui font le comble de sa gloire :
À savoir, ô charmant Héros !
Que vous chantâtes là, son los,
Et l’exaltâtes, comme un Ange,
Avec Madame de Thiange,
L’illustrissime de Brégis,
Dont un seul bon mot en vaut dix,
Et, bref, Madame de Fiennes,
Laquelle des Louanges siennes,
Avec justice, la combla :
Et comme j’ouïs tout cela,
Ainsi qu’un Echo très-fidèle,
Je le répète en faveur d’elle.