Robinet, lettre du 13 septembre 1670
[…]
Puis, on passe dedans un Bois,
Où (le Jour étant aux abois)
On devait, de la Comédie,
Avec Concert, et Mélodie,
Avoir le Divertissement,
Dessus un Théâtre charmant,
Coûtant grand nombre de Pistoles,
Ornés de Lustres, Girandoles,
Festons de feuillage, et de Fleurs,
Des plus éclatantes Couleurs
De Vases d’or, de Porcelaines,
Et, bref, d’argentines Fontaines,
Dont l’eau tombaient, sans aucun bruit,
Dans un Bassin, exprès, construit,
Où, tout au moins, rempli de mousse,
Qui rendait sa chute si douce,
Que l’oreille elle chatouillait,
De l’air dont elle gazouillait,
Sans qu’elle interrompit l’ouïe,
Dans le cours de la Comédie.
À ce Théâtre si riant,
Dressé, je pense, à l’Orient,
On se rendait, par une Allée,
D'un bout à l’autre, bien sablée,
Que trente Arcades partageaient,
Et trente Lustres éclairaient,
Répandant, tous, une Lumière
Qui plaisait plus à la Visière,
Que la Lumière que produit
L'Astre du jour, ou de la Nuit :
Tout cela, pour conclure en somme,
Disposé par un galant Homme,133
Et, comme par Enchantement,
En deux, ou trois jours seulement.
Après ladite Comédie,134