(1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 11 août : Fête à Versailles — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 17 août 1669 »
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(1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 11 août : Fête à Versailles — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 17 août 1669 »

Robinet, lettre du 17 août 1669

Dimanche, notre dit GRAND SIRE,
À qui, certe, l’on voit tout rire
Par un sort des plus accomplis
Que n’eût jamais ROI des LYS,
Alla dans son charmant Versailles,
Où la Cour rit et fit gogailles.
On s’y promena dans le Parc,
Où l’Amour vint jouer de l’Arc
Parmi nos charmantes Chrétiennes,
Avec qui ce Dieu fait des siennes.
On visita la Grotte après,
Dans lequel lieu, si beau, si frais,
On ouit une belle Églogue,
Où des Bergers, par Dialogue,
Mille tendres choses chantaient
Dessus les Flammes qu’ils sentaiet,
Secondés d’une Symphonie
Exempte de cacophonie.
On y trouva force Bonbons
Préparés sur des Guéridons,
Et des Bassins de grand calibre
Où de pêcher on était libre.
Au sortir de ce Lieu charmant,
Qui semble d’une enchantement,
On passa dans l’Orangerie,
Ou la même Galanterie
Avait fait, de Feuillages vers,
Mieux qu’on ne peut le dire en Vers,
Ni par le plus grand préambule,
Théâtre, Salle et Vestibule ;
Où la Comédie et le Bal,
Et même un Cadeau tout royal,
Avec des Concerts magnifiques
Qu’on prit pour Concerts Angéliques,
Extasièrent les cinq Sens
De ces illustres Assistants.124
Enfin, mille feux d’artifices,
Pour comble de tant de délices,
Aux Fanfares de vingt Clairons,
Éclatèrent aux environs,
Qui, secondés par de grands Thermes,
Pour qui me manquent les beaux termes,
Produisirent, jusques au Ciel,
Un beau jour artificiel
Qui passait celui de Diane.
Or le cher PRINCE DE TOSCANE,
Pour qui se faisait tout cela,
Et lequel, partant, était là,
Fut tout surpris en conscience,
Avouant que le ROI de FRANCE
Pouvait seul régaler ainsi
Et chacun l’avouerait aussi.