La Gravette de Mayolas, lettre du 17 janvier 1666
Le commencement et le cours
Et la fin des tendres Amours
De Jupiter et de Sémelle
Font d’une manière si belle
Partout chanter et publier
Le savoir de Monsieur BOYER
Qu’il est bien juste que je die
Que cette Tragicomédie
Est pleine d’Actes surprenants,
De Vers et de pensers charmants.
Chacun admire une Machine
Qui semble être presque divine,
Faisant si promptement aller
Et du bout à l’autre voler
Cette éclatante Renommée,
Des honnêtes Gens tant aimée.
Du Théâtre les changements,
Décorations, ornements,
Augmentent la magnificence
De cet Ouvrage d’importance,
Et les talents particuliers
De l’esprit de Monsieur MOLIÈRE,
Par un Concert incomparable,
La rendent fort recommandable.
Le ROI, MADAME, avec MONSIEUR,
Lui voulurent faire l’honneur
De l’honorer de leur présence,
Avecque les plus Grands de la France.
À moi, qui l’aime dessus tous,
Il m’en coûta jusqu’à cent sous,
Soit en grande ou petite espèce,
Pour voir à mon tour cette Pièce.
Les Comédiens du Marais,
Pour leur gloire et leurs intérêts,
Ont montré non moins de justesse
Que de pompe et de gentillesse ;
Et tout le monde y court aussi
Pour voir ce que j’en dis ici.