XI
J’admire en riant comme ma solution est de nature à satisfaire tous les amours propres. Les gens de bon sens diront qu’il est bien digne de la métaphysique et de la religion qu’elles se résolvent en art, en musique▶ et en poème : toutes ces fumées sont bien faites pour répondre les unes des autres. Je le crois aussi. La raison géométrique n’a plus rien à faire ici. Où la logique prend fin, que le rêve de la poésie commence. Faut-il l’avouer ? L’amour, tel que l’homme l’a conçu, le cœur, la charité, la ◀musique▶, l’art enfin ne sont point de la raison ni du bon sens. La ◀musique▶ est métaphysique en son fond. Elle est du temps qui se fait oublier. Grâce à la ◀musique▶, le temps est l’espace du cœur, ou de l’esprit rendu sensible au cœur par l’émotion. La ◀musique▶ est désormais la véritable expression de la religion et de la philosophie première. En vers ou en prose, le grand poème ne l’est sans doute pas moins ; mais il ne s’adresse qu’au solitaire. La ◀musique seule fait l’assemblée.
Infini ou absolu, Amour enfin, Dieu sensible au cœur, voilà ce que l’art des sons propose à l’homme. Ces divins propos ou ces fantômes n’ont plus de réalité que dans le poème symphonique de la danse. Et grâce à la Muse, nous en aurons fini, une fois pour toutes, avec la querelle rationnelle. Ainsi le ballet est la forme suprême de la métaphysique.