VIII
En ce qui concerne le poème, l’allégorie est venue, de tout temps, en aide à la figuration grossière de l’anecdote. Les mimes sont des allégories, si tôt qu’ils ne sont plus des drames muets. Le squelette armé de la faux évoque la mort. Une forte matrone, qui tient les balances, le regard dans les frises, sans voir où elle pose le pied, c’est la justice ; et l’on devine aisément qu’elle va boiter dans la coulisse ; car elle ne sortira pas de scène, sans avoir trébuché. Cette façon de penser enfantine est pourtant le grand art du ballet : l’anecdote mimée, l’histoire sans paroles n’étant vraiment que le plus humble degré du drame. Partout où l’on fait fi de la parole belle, on fait fi de la pensée. Il faut bien des efforts pour penser à une époque où tout est plastique. Les Saisons, les Heures, les Âges de la vie, les voyages aux plus lointains pays de Tendre, toutes les Indes galantes du lieu commun ont nourri l’ancien ballet d’allégories. Et peu s’en faut que le ballet ne s’en soit cru pensant. Aujourd’hui, je ne sache pas qu’il pense.