(1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] «  Traité du geste, Contenant la maniere de représenter les Pièces de Théatre, à l’aîde des bras & des jambes, pour la commodité des Acteurs nazillans, begayans, gasconnans ; &c. &c. & offrant, en outre, une excellente Méthode aux gens mariés, pour se quereller dans leur ménage, sans faire de bruit. » pp. 49-60
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(1775) La littérature renversée, ou l’art de faire des pièces de théâtre sans paroles [graphies originales] «  Traité du geste, Contenant la maniere de représenter les Pièces de Théatre, à l’aîde des bras & des jambes, pour la commodité des Acteurs nazillans, begayans, gasconnans ; &c. &c. & offrant, en outre, une excellente Méthode aux gens mariés, pour se quereller dans leur ménage, sans faire de bruit. » pp. 49-60

Traité du geste,
Contenant la maniere de représenter les Pièces de Théatre, à l’aîde des bras & des jambes, pour la commodité des Acteurs nazillans, begayans, gasconnans ; &c. &c. & offrant, en outre, une excellente Méthode aux gens mariés, pour se quereller dans leur ménage, sans faire de bruit.

L’estimable antipathie que j’ai pour les Drames mal écrits, & qui m’a fait desirer qu’on ressuscitât la Pantomime, me porte encore à souhaiter vivement, qu’en attendant cette utile résurrection, les Acteurs en tout genre soient tenus de ne jouer leurs rôles que par signes ou par le moyen des gestes. On trouvera peut-être que je forme des vœux bien bizarres, & l’on m’accusera d’avoir des idées aussi creuses que celles des fous qui se repaissent de Châteaux en Espagne. Un moment, ne me jugez pas sans m’entendre ; je vais vous déduire mes raisons. Je rapporterai ensuite les principales objections avec lesquelles je me doute qu’on voudra pulvériser mon systême ; & je me flatte de les réduire en une fumée encore plus légère que celle qui s’évapore des fourneaux de l’Alchymiste, pour prix de l’or qu’il avait la bonhommie d’attendre. Si l’on me condamne, à la bonne-heure.... je n’avouerai point que j’ai tort, mais je plaindrai l’erreur de mon siécle ; car je suis aussi têtu qu’un Philosophe, qu’un Economiste ou qu’un Encyclopédiste.

Pour revenir à mon sujet, n’est-il pas vrai que si les Acteurs ne jouaient que par signes, les Spectateurs ne seraient plus ennuyés, dégoûtés, révoltés par le mauvais style de la plupart des Pièces nouvelles ? Combien d’inconséquences, d’absurdités, de platitudes, tranchons le mot, n’entend-on pas dans ces nouveautés éphémères, fautes qui se trouveraient naturellement supprimées ! On voit que mon systême serait sur-tout très-favorable à une foule d’Auteurs d’Opéras-comiques. D’ailleurs, les Drames marcheraient rapidement, ne traîneraient plus en longueur ; les Actes seraient courts, & l’on n’en verrait plus de postiches.

Que d’avantages résulteraient encore de mon projet, s’il était adopté ! Je ne veux m’arrêter ici qu’à ceux qui concernent personnellement les Acteurs. Combien de fois n’est-on pas au supplice par la mauvaise prononciation des héros de Théâtre ! L’un semble siffler en déclamant ; l’autre a tout l’accent d’un bas Normand, qui voudrait faire le beau parleur ; celui-ci change souvent les voyelles en s, écorche impitoyablement les oreilles par ses barbares élisions, & gasconise comme s’il était encore dans sa Province ; enfin celui-là parle tellement du nez, qu’on serait tenté de croire que sa langue est montée dans son cerveau. Lorsqu’on entend un si grand nombre de personnages, Grecs, Romains, Tartares ou Mahométans, estropier la Langue Française, on s’imagine, par l’effet de l’illusion théâtrale, voir réellement ces illustres Personnages s’efforcer de s’exprimer dans un idiôme qui leur est tout-à-fait étranger : c’est ainsi que tant de Comédiens de Provinces parviennent à prêter quelque vraisemblance à leurs rôles.

Ce que je dis des rôles tragiques peut encore s’appliquer à ceux de la Comédie ; ajoutez que dans celle-ci la prononciation vicieuse choque bien davantage. Cependant, quel renversement de l’ordre naturel ! La maitresse parle souvent plus mal que la soubrette ; le valet a le langage d’un homme de Cour ; & le Marquis, dépeint par le Poète comme un agréable répandu dans les meilleures Sociétés, s’énonce quelquefois aussi mal que s’il venait de sortir du Collége.

Ne m’attachant ici qu’aux fautes contre la Langue, qui échappent à beaucoup d’Acteurs, je n’observerai point combien ils estropient de vers, soit dans la chaleur du débit, soit par ignorance du rithme & de la mesure. Je consens aussi à passer sous silence leurs bévues dans le débit même de leurs rôles. Combien de fois font-ils parler le Prince qu’ils représentent avec une fierté ridicule, tandis que ce Prince ne devrait mettre que de la noblesse dans ses discours ? La colère chez eux devient fureur ; la crainte, poltronnerie ; l’amour, une faiblesse pusillanime, ou un emportement ridicule : enfin ils sont quelquefois aussi éloigné du ton de leurs rôles, qu’un chanteur est hors de mesure lorsqu’il chante faux.

Comment remédier à un si grand nombre d’inconvéniens ! .... Comment y remédier ? Je l’ai déjà dit, en ne faisant représenter sur nos Théâtres que des Pantomimes, ou du moins en prescrivant à tous les Acteurs l’obligation de jouer à la muette, si l’on veut conserver les Poèmes immortels qui font tant d’honneur au Théâtre Français.

J’entends de ma petite chambre, située auprès du Boulevard, les clameurs que ces mots font élever contre moi. « Monsieur le Grand-Sauteur, s’écrie-t-on, excelle mieux sans doute à faire le saut du Tremplin, qu’à raisonner juste. Comment diable voulez-vous qu’on nous représente nos meilleures Comédies, nos meilleures Tragédies, si vous prétendez que les Acteurs ne les rendent, non plus à l’aide de leurs poumons, mais par le moyen de leurs bras & de leurs jambes ? Selon toute apparence, Monsieur le Mime, votre cervelle s’est renversée lorsque vous faisiez quelque saut périlleux ».

C’est par de bonnes raisons que je vais répondre aux injures dont on pourra me gratifier. J’avoue d’abord qu’il serait à souhaiter qu’on ne représentât par gestes que les Pièces nouvelles, attendu que, pour l’ordinaire, elles ne font pas aussi-bien écrites que celles de Corneille, Molière, Racine, Voltaire, &c. &c. mais comme il faut établir une règle générale, à cause des abus qui se glisseraient, si l’on se relâchait en quelque chose, je pense qu’il vaudrait mieux se priver du plaisir d’entendre réciter les vers de ces grands Hommes, afin de remédier plus sûrement à la mal-adresse des Acteurs, & au privilège qu’ont les Dramatiques modernes d’ennuyer le Public.

Cela posé, je dirai qu’il me semble que des Gesticulateurs habiles pourraient représenter à la muette les excellentes Pièces, sans faire rien perdre de leurs beautés, parce que, tandis qu’ils les rendraient à l’aîde de différens signes, ceux des Spectateurs, qui voudraient en prendre la peine, liraient le Poème, pour juger si les gestes correspondent à l’action ; ainsi que cela se pratique à l’Opéra, où l’on n’entend pas facilement les paroles.

Je crois que l’on pourrait cependant faire quelque exception, si l’on jugeait à propos d’adopter mon systême : par exemple, une fois par mois on représenterait à l’ordinaire chacune des Pièces des plus fameux Poètes : on donnerait aussi quelquefois, à la manière usitée de nos jours, mais bien rarement, & sans tirer à conséquence, l’Hypermnestre de M. le Mi**, le Warwick de M. de la Har**, & Gaston & Bayard, de M. de Bel**, en faveur des beaux vers répandus dans ces trois Ouvrages.

On permettrait encore au petit nombre d’Acteurs qui parlent bien leur Langue, & qui, de nos jours, se sont illustrés sur la Scène ; on leur permettrait, dis-je, de joindre quelquefois la parole aux gestes. Par exemple, le Kain, Brisard, Molé, Monvel, les demoiselles Saint-Val, Raucourt, Doligny, Fanier, Luzy ; les sieurs Bellecourt, Préville, Augé ; Clairval, au Théâtre italien ; Larrivée, Legros, & la demoiselle Arnould, à l’Opéra, jouïraient seuls de ce privilège singulier.

S’il se présentait un Acteur, sur quelque Théâtre que ce fût, qui eût un bel organe, & s’exprimât avec grâce, mais qui parût gêné dans son maintien, ainsi que cela n’arrive que trop souvent ; de temps en temps il serait le maître de déclamer ou de chanter ses rôles, tandis qu’un autre Acteur placé à côté de lui, ferait tous ses gestes : méthode sagement pratiquée par les Anciens. Ce privilège serait accordée à . . . . . . . . . . . . . . . . &c. &c. &c. Cinquante &c. viendraient ici aussi-bien que dans un écrit qui a tant fait de bruit.

« Mais (insistent mes nombreux Critiques) n’est-il pas absurde de vouloir nous priver du plaisir d’entendre chanter les divines ariettes de l’Opéra-comique, & les airs sublimes du Chevalier Gluck ? Comment notre oreille se passerait-elle d’être si délicieusement chatouillée par la ravissante mélodie des Philidor, des Monsigny, des Grétri » ? Je réponds à cette grave objection, que je rends justice aux rares talens des habiles Orphées, qui enchantent la France & l’Europe entière, & que je n’ai nullement dessein de troubler en rien les charmans effets de leur art. Mais n’est-il pas prouvé qu’on n’entend presque jamais les paroles chantées ? La cause en est sans doute dans l’habitude qu’ont les Acteurs des deux Opéras, de ne point assez ouvrir la bouche, peut-être dans la crainte de faire la grimace ; ou bien les accompagnemens trop forts étouffent tout-à-fait leur voix. Quoi qu’il en soit, un bel-esprit moderne a proposé à tous les Chanteurs de n’articuler que les notes, puisque c’est, dit-il, peine perdue de prononcer des paroles qu’on ne saurait entendre. Suis-je donc si ridicule de vouloir que ces mêmes Chanteurs se contentent tout simplement de faire des gestes, & que l’orchestre seul exprime les passions qu’ils seront supposés ressentir ? Les Auditeurs auront-ils un plaisir moins vif, entendront-ils moins des airs charmans, & seront-ils moins frappés par des effets admirables de musique ?

Si tout ce que j’ai dit jusqu’à présent n’avait persuadé qu’à demi les Lecteurs, je les prierais de s’intéresser au moins à la conservation des Acteurs qu’ils chérissent. Ouvrons les Annales de notre Théâtre, on y verra que les fureurs d’Oreste coûtèrent la vie à Montfleury. Rappellons-nous combien de célèbres Comédiens, à force de crier dans leurs rôles, deviennent poitrinaires, & crachent le sang le reste de leurs jours : l’un se rompt une veine dans l’estomac, & l’autre se foule même le tendon d’Achille. Que d’Acteurs sont morts pulmoniques ! Ces images douloureuses, que je suis contraint de retracer ici, doivent engager tous les cœurs sensibles à faire des vœux pour qu’on sente généralement la nécessité de ne faire monter sur la scène que des Gesticulateurs, & non des Comédiens généreux, qui abrégent leurs jours avec un courage héroïque, en cherchant à rendre trop au naturel les passions de leurs personnages, & qui s’époumonent pour mieux se faire entendre.

Je me doute qu’on m’objectera que les représentations théâtrales perdraient toute leur illusion, si l’on n’y admettait que la Pantomime ou le geste. Je ne puis répondre à cette dernière difficulté, sans entrer dans un noble enthousiasme. Eh quoi ! Vous n’avez donc pas lu l’histoire ancienne ? Vous ignorez donc mille traits curieux, répandus dans différens Auteurs, & qui prouvent le pouvoir, l’énergie, la sublimité des gestes ? L’art oratoire n’en emprunte-t-il pas toute sa force ? Dans le monde, dans la Société, ne témoigne-t-on pas mieux par un seul geste son mépris, sa colère, son admiration, son ennui, qu’en employant un flux de paroles ? Mais pour donner un exemple tout-à-fait poétique, qu’Homère est expressif, lorsqu’il dit en deux vers : « Jupiter marque son approbation par un seul mouvement de tête, & ce mouvement fait trembler l’olympe & tout l’univers ».

Rappellez-vous encore ce que les Anciens ont écrit de Pylade & de Bathilde, les plus fameux Pantomimistes qui aient jamais parus. Tout Rome, rempli d’admiration, partagea son estime entre ces deux grands hommes ; deux partis divisèrent la ville, & faillirent même à s’égorger pour défendre la gloire de celui dont ils étaient les partisans. Ils inspiraient par leurs gestes, par leurs regards, la joie ou la crainte, la pitié ou la fureur.

Après un exemple aussi frappant, il serait inutile d’en rapporter d’autres. Mais je veux convaincre les plus incrédules. Vous dites donc que le Geste n’est rien sans la parole ? Vous n’avez sans doute jamais su ce vieux conte qu’on fait d’un Prédicateur : se trouvant court en chaire, il s’avisa de prononcer des si, des mais, des car, & d’autres monosyllabes pareils, qu’il accompagnait de mouvemens des pieds & des mains, comme s’il avait débité à son Auditoire les meilleures choses du monde. Après avoir ainsi fixé l’attention pendant plus d’une heure, il se retira, laissant tous ses Auditeurs très-émerveillés de son éloquence.

Encore un autre trait. Trois ou quatre gestes, faits pourtant par un homme du peuple, confondirent, dit-on, un habile Philosophe, qui ne douta point qu’il n’eût disputé avec un Savant du premier mérite.

Le Lecteur voit par ces différents traits combien les gestes sont expressifs, lorsqu’ils sont l’ouvrage réfléchi d’une personne intelligente, puisque, même quand ils ne signifient rien, ils présentent à l’esprit des idées complettes. Ils servent de commentaires au discours, & la déclamation ne saurait briller sans leur appui ; au lieu qu’ils peuvent aisément se passer d’elle. On sait qu’un fameux Acteur tragique de nos jours, à l’exemple de l’Orateur Démosthène, a long-temps étudié devant un miroir les gestes qu’il se proposait d’employer au Théâtre.

Dans un Ouvrage considérable, que j’ai dessein de publier quelque jour, je donnerai des règles sur le Geste dramatique, tant comique que sérieux. J’y ferai voir qu’il y en a qui subjugueront les applaudissemens, tout aussi bien que ces ports de voix forcés dont se servent actuellement les Comédiens. J’y ferai voir que la plupart des Actrices & des Danseuses qui paraissent gantées sur la Scène, entendent peu leurs intérêts, puisqu’il n’y a rien qui flatte tant l’œil du Spectateur que l’aspect d’une jolie main, & la blancheur d’un bras délicat. J’apprendrai enfin au Pantomimiste, que, de même que le débit ampoulé d’une belle tirade, arrache des applaudissemens convulsifs du Parterre, il peut aussi par de certains gestes d’appareil, faits avec affectation sur le bord du Théâtre, ravir, enthousiasmer tous les Spectateurs.

Mais je renvoie cette importante matière à l’Ouvrage où je la discute à fond ; & je finirai ce petit Traité par deux observations dignes d’y trouver place.

Il me semble que mon projet sur la déclamation à la muette, devrait s’étendre jusques sur le Barreau. En effet, si l’on y établissait l’usage de ne plaider les Causes que par signes, quelques-uns de Messieurs les Avocats étourdiraient moins les Juges ; les Plaidoyers n’auraient qu’une juste longueur ; & l’on ne verrait pas tant de Jurisconsultes atteints de rhumes meurtriers & d’extinction de voix. — Mais comment citeraient-ils les Loix ? — En faisant porter avec eux les Auteurs dont ils auraient besoin, & en indiquant aux Juges le volume & la page. Les Orateurs ou Avocats romains, dans les Causes criminelles, & lorsqu’il s’agissait de quelque malheureux opprimé, se contentaient souvent de montrer aux Magistrats un tableau qui représentait l’événement dont il était question, afin, par cette peinture muette, d’émouvoir plus sûrement le cœur des Juges. Mon systême adopté, combien d’Avocats n’éprouveraient plus l’affront d’être rayés du Tableau !

Les criailleries que l’on entend tous les jours entre maris & femmes dans les menages du peuple, me font desirer que l’on veuille y apprendre à se quereller par signes. Ce n’est qu’aux gens du commun que j’offre mon projet, non que je m’imagine que les gens de condition soient plus heureux lorsqu’ils sont mariés ; mais parce qu’on m’a dit qu’il était d’usage parmi eux de ne point contredire leur épouse, qui, de son côté, s’inquiète peu des actions de Monsieur ; on se quitte lorsqu’on s’ennuie, chacun prend un hôtel séparé, & vit au gré de ses caprices : on appelle cela, je crois, le bon ton. Ce n’est donc point aux gens du grand monde enchaînés par l’hymen, que mon projet peut être utile. C’est à vous que je l’adresse, rustiques Bourgeois, vous qui êtes réellement maris, & qui faites souvent retentir votre voisinage des querelles qui s’élèvent entre vous & vos pétulantes moitiés. Croyez-moi, les uns & les autres, ménagez davantage vos poumons, & n’instruisez point tout votre quartier de vos secrets domestiques. Ne vous disputez que par gestes .... Maris, n’allez pas croire que je parle d’un certain geste expressif, qui met toujours une femme à la raison ; si je vous donnais un tel conseil, la conversation serait trop tôt finie, & vous n’en seriez pas meilleurs amis : je crois seulement que vous en devez faire la démonstration, &, à force de la réitérer à propos, vous aurez la paix dans votre ménage. Pour vous, tendres épouses, souvent compagnes infortunées d’hommes brutaux ; dans des momens d’orage, témoignez par votre silence la douleur qui vous accable : si des signes extérieurs ne peuvent fléchir un mari furieux, prodigue, ivrogne, infidèle, montrez-lui sans rien dire vos enfans ; & ces innocentes créatures, en joignant leurs mains, en lui faisant de tendres caresses, toucheront son cœur, & lui feront sentir tout ce qu’il vous doit. Si cet expédient n’avait aucun succès, recourez au dernier moyen ; portez votre main au front, en formant un angle aigu avec l’index & le doigt du milieu : soyez persuadées que ce signe énergique le rendra plus raisonnable.

C’est ainsi que mon systême, s’il était adopté au théâtre, serait encore extrêmement utile à la Société. Mais, loin de goûter mes idées, on va peut-être me traiter comme tous les faiseurs de projets. Je prie au moins de considérer que je ne fonde point ma fortune sur celui que je donne au Public, & que je n’ai point engagé des citoyens crédules à me faire de grosses avances, sur l’espoir de les enrichir bientôt avec moi. Content d’exceller dans ma profession de Sauteur & d’Acteur Pantomimiste, je me borne à souhaiter d’avoir dans ce dernier genre tous les habitans du monde pour confrères. Qu’on essaie à mettre mon systême en usage, & je me flatte qu’on avouera que la connaissance du geste est la science la plus sublime dans laquelle l’homme puisse exceller.