(1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 28 décembre. Madame Balachova. »
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(1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 28 décembre. Madame Balachova. »

28 décembre. Madame Balachova.

Mme Alexandra Balachova, étoile du ci-devant Théâtre Impérial de Moscou et son danseur, le prodigieux Smolzoff dansent au gala de Femina quelques-uns de leurs duos qu’ils avaient déjà interprétés ici, sur ce même plateau. Mme Balachova nous frappe au premier regard par une certaine plénitude de formes qui diffère de la silhouette stylisée et émaciée de la ballerine moderne et fait songer à ces superbes et majestueuses étoiles d’il y a trente ans, les Del Era, les Heiten.

Dans une étude de Chopin traitée en adage classique elle achève des doubles tours par des attitudes et des renversements éperdus sur les bras de son cavalier qui sont de toute beauté : ces bras arrondis encadrent avec une grâce alourdie de langueur sa figure expressive. Sa danse russe est exécutée avec la grandeur naïve et désinvolte de la femme de peuple russe, le pas norvégien est une « humoresque » très heureuse et que la ballerine joue avec un naturel charmant. La bacchanale de Samson et Dalila ? Pantomime érotique désordonnée et frisant la trivialité. Quant au Cygne de Saint-Saëns, je songeais en considérant cet oiseau potelé, bien en chair, et qui agitait ses poignets comme on agite un mouchoir, au grand coup d’aile et à la douloureuse beauté de celle qui est le cygne : Pavlova.

Et je reproche amèrement aux organisateurs du spectacle de ne pas avoir fait danser à Smolzoff une de ses variations « solo » qui furent un des événements de la saison passée.