Chapitre I. Renaissance des Arts
La Grèce si longtemps florissante vit passer sa splendeur chez les Romains, avec les Arts qu’ils lui ravirent. Rome seule dès lors devint l’objet des regards de la Terre.
La plupart des successeurs d’Auguste méritèrent à peine le nom d’hommes. Rome, l’Italie dégénérèrent et déchurent. La dépravation des mœurs, l’orgueil, l’ambition, la guerre plongèrent tous les États dans la confusion. Les ténèbres de l’ignorance prévalurent sur la faible lumière des Arts. Elle s’éteignit. Ils disparurent, et l’Europe entière ne fut plus que le triste séjour d’une foule de Peuples quelquefois guerriers et toujours barbares.
Je franchis cette Lacune immense, qui pour l’honneur des hommes devrait être effacée des Annales du monde, et qui n’est aux yeux de la Raison qu’une honteuse et longue léthargie de l’esprit humain. Il en fut réveillé par une famille de simples Citoyens dignes du trône. L’horizon s’éclaircit, une nouvelle Aurore parut, un jour pur la suivit, l’Europe fut éclairée.
On pourrait peut-être dire des Arts et de la gloire ce que les Poètes racontent d’Alphée et d’Aréthuse. Ce Fleuve amoureux suit sans cesse la Nymphe charmante dont rien ne saurait le séparer. Il suit, se précipite, se perd avec elle dans les entrailles de la Terre. La Grèce est pour jamais privée de ses eaux fécondes, il s’est frayé une Route nouvelle vers les riches campagnes de la Sicile, qu’Aréthuse vient d’embellir.
Tels sont les Arts. Ils s’évanouissent aux yeux des Nations que la gloire abandonne. Ils ne paraissent, ils ne revivent, que dans les climats plus heureux qu’elle rend florissants.
La voix de Médicis les rappela en Italie, et ils y accoururent. Dès lors la Sculpture, la Peinture, la Poésie, la Musique fleurirent.
Les plaisirs de l’esprit succédèrent à une galanterie Gothique. Les hommes furent instruits, ils devinrent polis, sociables, humains.
On éleva des Théâtres. Les chefs d’œuvres des Grecs et des Romains qui avaient déjà servi de guide aux Peintres, aux Poètes, aux Sculpteurs, furent les modèles des Architectes dans la construction des Salles de Spectacle. Alors le talent et le génie se réunirent avec la magnificence, pour faire éclater dans un même ensemble l’illusion de la Peinture, le charme de la Poésie, les grâces de la Danse.
Suivons l’histoire de cette dernière depuis cette époque jusqu’à nos jours, examinons ses différentes progressions, les formes qu’elle a successivement reçues ce qu’elle est aujourd’hui, ce qu’elle pourrait, et devrait être.