(1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre VI. De la Danse des Funérailles. »
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(1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre VI. De la Danse des Funérailles. »

Chapitre VI. De la Danse des Funérailles.

Comme la Nature a donné à l’homme des gestes relatifs à toutes ses différentes sensations, il n’est point de situation de l’âme que la Danse ne puisse peindre. Aussi les Anciens qui suivaient dans les Arts les idées primitives, ne se contentèrent pas de la faire servir dans les occasions d’allégresse, ils l’employèrent encore dans les circonstances solennelles, de tristesse et de deuil.

Dans les funérailles des Rois d’Athènes38 une troupe d’Élite vêtue de longues robes blanches commençait la marche. Deux rangs de jeunes garçons précédaient le cercueil qui était entouré par deux rangs de jeunes Vierges, ils portaient tous des couronnes et des branches de Cyprès, et formaient des Danses graves et majestueuses sur des symphonies lugubres.

Elles étaient jouées par plusieurs Musiciens qui étaient distribués entre les deux premières troupes.

Les Prêtres des différentes Divinités adorées dans l’Attique, revêtus des marques distinctives de leur caractère venaient ensuite. Ils marchaient lentement et en mesure en chantant des vers à la louange du Roi mort.

Cette Pompe était suivie d’un grand nombre de vieilles femmes couvertes de longs manteaux noirs. Elles pleuraient et faisaient les contorsions les plus outrées, en poussant des sanglots et des cris. On les nommait les Pleureuses, et on réglait leur salaire sur les extravagances plus ou moins grandes qu’on leur avait vues faire.

Les funérailles des particuliers, formées sur ce modèle, étaient à proportion de la dignité des morts et de la vanité des survivants. L’orgueil est à peu près le même dans tous les hommes : les nuances qu’on croit y apercevoir sont peut-être moins en eux-mêmes, que dans les moyens divers de le développer, que la fortune leur prodigue ou leur refuse.